Les avocats d’Ignace Sossou dénoncent l’acharnement judiciaire « totalement insensé » dont est victime le journaliste d’investigation, Ignace SOSSOU, détenu arbitrairement depuis le 20 décembre 2020 au Bénin. Voici le texte de leur communiqué
La décision de la Cour d’appel de Cotonou de prolonger sa détention jusqu’au 24 juin et de le condamner à verser la somme de 500.000 FCFA, malgré les preuves présentées démontrant que Monsieur Ignace SOSSOU n’a fait qu’effectuer son travail de journaliste, témoigne d’une grave atteinte à la liberté de la presse. Il n’est qu’un dernier élément montrant la fuite en avant absurde d’un régime qui devient de plus en plus autoritaire et qui ne supporte aucune voix dissidente.
Les avocats signataires s’insurgent contre cette décision absurde et assurent qu’ils saisiront toutes les autorités régionales et internationales possibles pour rendre justice à Monsieur Ignace SOSSOU.
Les avocats soussignés rappellent que Monsieur Ignace SOSSOU est un journaliste d’investigation à Benin Web TV, membre de la Cellule Norbert Zongo (CENOZO) pour le Journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest. Il a été arrêté à son domicile le 20 décembre 2019 par des membres de la police républicaine puis maintenu en garde-à-vue pour être finalement condamné dans le cadre d’une comparution immédiate le 24 décembre 2019 à 18 mois de prison pour « harcèlement par le biais de moyens de communication électronique », une disposition du contesté Code du numérique adopté récemment par les autorités béninoises.
Monsieur Ignace SOSSOU avait participé à un atelier organisé le 18 décembre 2019 à Cotonou par l’agence française de développement médias (CFI Médias) sur la diffusion des fausses informations. Certains des propos tenus par l’un des panelistes, le procureur de la République près le Tribunal de Cotonou, avaient été relayés par Monsieur Ignace SOSSOU sur ses comptes Facebook et Twitter.
Le 19 décembre 2019, le directeur Afrique de CFI Médias, avait adressé une lettre au ministre béninois de la Justice dans laquelle il se distanciait des publications de M. SOSSOU et présentait les excuses de l’agence en présentant M. SOSSOU comme « un journaliste peu scrupuleux » ayant « profité de ce moment privilégié pour tenter de faire un buzz ». Cette lettre avait ensuite été utilisée au procès de Monsieur Ignace SOSSOU.
Depuis, CFI Médias a publiquement présenté ses excuses à Monsieur Ignace SOSSOU, s’est indigné d’avoir été instrumentalisé dans cette affaire, et a demandé la libération dans les plus brefs délais de Monsieur Ignace SOSSOU. Une lettre de CFI Médias montrant que Monsieur Ignace SOSSOU avait effectué scrupuleusement son travail pendant l’atelier a été versée lors des débats en appel, en vain.
Personne ne peut douter du caractère dénué de tout fondement des charges retenues à l’encontre de Monsieur Ignace SOSSOU. Personne ne peut douter qu’il est ainsi en détention arbitraire.
Ainsi, les avocats soussignés en appellent à la libération immédiate de leur client, relevant que cette libération est demandée par de nombreuses organisations de protection des journalistes comme Reporters sans frontières, Amnesty international, le Committee to Protect Journalists, les Africtivistes et Internet sans frontières.
Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Me William BOURDON, avocat au Barreau de Paris, w.bourdon@bourdon-associes.com
Me Elise LE GALL, avocate au Barreau de Paris, cabinet@le-gall-avocat.com,
Me Henri THULLIEZ, avocat au Barreau de Paris, h.thulliez@cabinet-thulliez.com