La détention arbitraire d’un universitaire malien, Etienne Fakaba Sissoko

Amnesty International réclame la libération d’Etienne Fakaba Sissoko, condamné en première instance le 20 mai à deux ans de prison, dont un avec sursis, pour diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler la paix publique. Le professeur d’économie avait été arrêté le 25 mars au lendemain de la publication d’un livre dénonçant la propagande du régime.

Etienne Fakaba Sissoko comparaît ce lundi en appel. Sa demande de mise en liberté a été refusée.Sa détention est arbitraire. Sa peine doit être révoquée et il doit être libéré. Amnesty déplore un rétrécissement de l’espace civique au Mali marqué par des violations de la liberté d’expression, notamment de la liberté de la presse et du droit à l’information, ainsi que de la liberté d’association.

Ce n’est pas la première fois qu’Étienne Fakaba Sissoko est pris pour cible par les autorités. Le 16 janvier 2022, il
avait été arrêté par le parquet du tribunal de la Commune IV de Bamako en raison de « propos tendant à la
stigmatisation ou à la discrimination régionaliste, ethnique ou religieuse de nature à dresser les citoyens les uns
contre les autres » après qu’il se fut exprimé à la télévision au sujet des effets des sanctions de la CEDEAO au Mali.
Il a été remis en liberté provisoire en juin 2022, avec interdiction de quitter le territoire.

La liberté d’expression est menacée par la loi n° 2019-056 relative à la répression de la cybercriminalité. Les articles
20 et 21 de cette loi punissent quiconque profère une « menace » ou une « insulte » (sans que les éléments
constitutifs de ces infractions soient définis) avec des peines allant de six mois à 10 ans d’emprisonnement, et/ou
des amendes allant de un million à 10 millions de francs CFA. Des dirigeant·e·s de l’opposition, des militant·e·s et
des défenseur·e·s des droits humains ayant publiquement exprimé leur désaccord avec les décisions prises par les
autorités de transition sont depuis 2022 arbitrairement arrêtés, détenus et poursuivis en justice.

Répression toute

En janvier 2023, Aminata Dicko, une défenseure des droits humains, a dû s’exiler après avoir dénoncé devant le
Conseil de sécurité des Nations unies les exactions commises par les forces armées. À la suite de cette intervention,
la Gendarmerie nationale l’avait convoquée pour l’interroger en lien avec des accusations de haute trahison et de
diffamation.

Le 10 avril 2024, le Conseil des ministres a pris un décret suspendant jusqu’à nouvel ordre les activités des
associations et des partis à caractère politique. Le lendemain, la Haute autorité de la communication (HAC)
malienne a publié un communiqué annonçant l’interdiction de toute diffusion et publication concernant les activités
des partis politiques et les activités à caractère politique des associations.Depuis février 2024, trois organisations au moins ont été dissoutes dont l’Association des élèves et étudiants du
Mali.