L’amnistie dont bénéficie le général Nezzar, ancien ministre de la défense et un des hommes forts du système militaire algérien durant un quart de siècle, s’explique par les recompositions en cours au sein d’une institution militaire en perpétuel chamboulement.
Le retour au pays, après un exil de plus de 18 mois, de l’ancien ministre de la Défense, le général-major à la retraite Khaled Nezzar, condamné à vingt ans de prison pour complot contre l’Etat, suscite d’innombrables interrogations. Des sources judiciaires affirment qu’il a «comparu devant le tribunal militaire de Blida, qui a statué sur l’annulation de la plainte» et devant le juge du tribunal de Sidi M’hamed, qui l’a auditionné, puis laissé en liberté en attendant la fin de l’instruction, avant de retirer le mandat d’arrêt international.
Telles sont en tout cas les informations que relaie le journal algérien « El Watan » généralement bien informé. Sauf que les vraies raisons qui expliquent le retour de Nezzar en Algérie n’ont rien à voir avec ces considérations purement judiciaires.
Une justice aux ordres
Les motifs qui ont amené le général Nezzar à être d’abord condamné puis aujourd’hui gracié, sont liés aux récentes luttes de pouvoir au sein de l’institution militaire. Sans aucun souci de preuves ni de procédures, la justice algérienne est aux ordres des maitres du moment. Les équipes changeant rapidement au gré de purges incessantes depuis le départ du président Bouteflika, les mises en cause se succèdent sans aucune cohérence. Et le général Nezzar réhabilité après avoir été trainé dans la boue
Lorsque le général Gaïd Salah, l’ex chef d’état major, a détenu la réalité du pouvoir après le départ du Président Bouteflika, certains de ses plus proches conseillers sont au plus mal avec le général Nezzar. Un d’entre eux, le général Abdelkader Lachkham, alors directeur central des transmissions, chercha même à faire main basse sur les sociétés privées créées par le clan Nezzar qui connurent les pires difficultés.
Après le décès voici un an de Gaïd Salah, son successeur, le général Chengriha, a tenté de renforcer l’unité de l’armée et de créer un rapport de force, au sein de l’institution, en sa faveur. C’est pour cette raison que ce haut gradé a écarté les plus proches collaborateurs de son prédécesseur et a tendu la main à d’anciens hauts cadres des services algériens qui avaient servi sous les ordres du très redouté général Toufik, aujourd’hui officiellement détenu (même s’il est pour l’instant hospitalisé à l’hopital militaire de Blida, d’après son avocat).
Le retour en Algérie du général Nezzar avec lequel il était resté en bons termes et qui possède encore de nombreux réseaux s’inscrit dans cette perspective. La libération de Toufik, qui s’inscrirait dans la même stratégie, pourrait intervenir rapidement (1).
Linge sale
Cette amnistie est aussi le moyen d’éviter que les procès intentés en Suisse contre Nezzar par d’anciens militants islamistes qui affirment avoir été torturés pendant les années noires (1992-1998) ne tournent au règlement de compte entre les différents clans de l’armée. Lesquels auraient lavé leur linge sale en public sur les atteintes réelles ou supposées aux droits de l’homme durant cette décennie sanglante.
Mieux vaut, ont estimé les autorités algériennes, avoir Nezzar avc soi que contre si.