Algérie, le Hirak divisé sur la nécessité de dialoguer avec l’armée

Certains auraient préféré que le Hirak aille jusqu’au démantèlement du système quand d’autres, au nom de la clairvoyance, appelaient à plus de retenue et de dialogue avec les tenants du pouvoir.

Ces derniers considéraient alors qu’en mettant en prison les généraux et les premiers ministres de l’ère Bouteflika, symboles de la corruption et de la « hogra », L’ex-homme fort du régime, le chef d’état major Gaid Salah, avait posé les bases d’un possible dialogue avec certains porteparoles du mouvement populaire, dont le président Tebboune serait l’artisan. Cette différence d’approche avait fracturé en deux la société civile à propos du mouvement de protestation, le Hirak, et sur le maintien ou non de ses marches populaires du vendredi. 

Peut-être que les uns et les autres se rendent compte aujourd’hui qu’ils ont dû« rêver  trop fort » comme dit la chanson. Désenchantement total pour tout le monde !  Aussi bien les ultras du Hirak qui pensaient pouvoir renverser le pouvoir pacifiquement juste en maintenant la pression populaire, que les plus sincères des« dialoguistes » qui voyaient en l’ex-chef des militaires la possibilité d’une transition politique négociée.

La continuité derrière le changement

« Le retour et l’élargissement de Khaled Nezzar, ainsi que l’acquittement de Mohamed Mediene dit Toufik, ont, pour ceux qui avaient encore un doute dans les chaumières, achevé d’identifier la présidence Tebboune à une continuité à peine sophistiquée du système dans sa version Bouteflikienne, toujours parrainée par l’Armée » écrit Al-Kadi Ihssan, dans une tribune libre publiée par Radio-M, le site d’informations dont il est le patron.

Le constat, implacable, ne peut guère être contesté? Nous voici revenus en Algérie au départ de la mobilisation populaire qui a provoqué la chute du système Bouteflika

Article précédentLibye, les conseillers tchétchènes de la politique russe
Article suivantMaghreb, la Chine médaille d’or!
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)