Contrairement aux attentes du pouvoir d’Alger, certains organes de presse français viennent rappeler, à la veille des élections législatives du 12 juin, la réalité amère de la brutale répression à l’oeuvre en Algérie..
Dans une tribune publiée le 3 Juin dans le quotidien « Libération », une pétition est signée pour soutenir les « manifestants pacifiques qui revendiquent un Etat de Droit en Algérie ». Plus de 45 élus à Paris et à Strasbourg condamnent la répression d’un mouvement qu’ils considèrent comme démocratique.
Ce n’est pas tout. Le 5 Juin, le journal « Le Monde » titre son éditorial: « l’Algérie dans l’impasse autoritaire ». Le contenu de l’article revient sur l’usage de la force policière dans la répression d’une contestation pacifique. Le chiffre des militants, journalistes, avocats, arrêtés est évalué à plus de 200.
Un processus institutionnel
Le représentant de l’Etat algérien en France n’a pas tardé à réagir contre l’édito du quotidien « Le Monde ». Le dimanche 6 juin 2021. l’ambassadeur Mohamed Antar Daoud répond pond un communiqué fustigeant le contenu de l’article et accusant le journaliste « d’avoir rédigé son papier à partir d’une salle de rédaction parisienne ». Comment faire autrement quand les visas pour la presse sont accordés au compte goutte par Alger et que des sites d’information, Mondafrique et d’autres, sont censurés dans cette grande démocratie? « Votre journal, martèle le diplomate, s’est fendu d’un éditorial empreint d’une hostilité inouïe à l’égard de mon pays, de ses institutions et de ses symboles ».
Contestant le titre relatant une « impasse autoritaire » et contestant les critiques envers la politique répressive engagée par les services de sécurité contre les manifestants, il évoque « le processus institutionnel en cours en Algérie ». Au passage, il ne tarde pas à faire l’éloge du président Tebboune « que le peuple algérien a souverainement et démocratiquement ». L’ambassadeur qui connait les codes ne peut omettre de rappeler le rôle « de l’armée nationale populaire respectueuse de ses missions institutionnelles ».
Vous avez dit « Anal-es »
L’ambassadeur Mohamed Antar Daoud s’interroge enfin. « Le journal Le Monde sert-il les intérêts occultes des lobbies hostiles à une relation apaisée entre l’Algérie et la France? Ce qui est cocasse quant on sait que le même journal, en juillet 2016, avait publié un supplément particulièrement favorable à la vie et l’oeuvre de Bouteflika. Le journal El Watan révéla que le contrat de publicité signé entre l’ANEP, organisme gérant la publicité du secteur public, et le Monde avait approché 1,6 millions d’euros.
Et le représentant d’Alger de rappler ces années fastes où « le Monde vendait 20000 exempliares dans l’Algérie de Boumedienne et où les représentants du prestigieux quotidien ne cherchaient guère des poux dans la tète de ses dirigeants. : « Il est regrettable de constater que les héritiers de cette institution de référence en matière de journalisme se situent à des lieues des principes de déontologie imprimés par son fondateur Hubert Beuve-Méry dont les positions concernant la révolution algérienne contre le colonialisme restent inscrites dans les « anales » de la presse française ». Vous avez écrit « anales » et non annales? Apparemment l’ambassadeur d’Algérie ne se relit pas!
Rien ne va plus en Algérie, même la grande diplomatie qui sous Boumedienne et sous Chadli portait haut les couleurs de la liberté des peuples et de l’indépendance des nations.
Algérie, des législatives entre mirage démocratique et brutalité policière