Les ambassadeurs des deux pays à Alger prennent l’opinion algérienne à témoin, chacun accusant l’autre d’être islamophobe dans une surréaliste guerre des communiqués.
Qui déteste le plus les musulmans, la Chine ou les États-unis? Entre l’Amérique déclinante et l’empire du Milieu conquérante, la guerre est déclarée, mais elle se fait sans chars ni bombes, juste avec des mots assassins. Quand Joe Biden, le nouveau chef d’Etat américain affirme que son homologue chinois « n’a pas une once de démocratie en lui », Xi Jinping lui rétorque, sourire aux lèvres, que « la Chine peut maintenant regarder le monde dans les yeux. ». Autrement dit la démocratie ne fait plus rêver le mondes
En revanche, la situation des Ouïgours persécutés par le régime de Pékin est une aubaine pour les diplomates américains installés dans les pays musulmans. A Alger comme à Bagdad, Washington ne cesse de rappeler son soutien à la minorité musulmane chinoise persécutée par le régime chinois.
À la conquête des musulmans
En Algérie, où les deux puissances sont en concurrence, la guerre des Ambassades qui s’empoigne à coup de communiquésa choisi comme théatre les réseaux sociaux.
Épisode 1– L’Ambassade américaine à Alger relaye sur son site la campagne de deux restaurants américains qui dénonce les « massacres » des Ouïghours, accusant les autorités chinoises d’avoir interné au moins un million de personnes dans des « camps ». Aussitôt publié, l’ambssade de Chine contre-attaque, pour elle « les camps » sont des « centres de formation professionnelle destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi l’éloigner de l’extrémisme ». Au passage l’ambassade de Chine n’a pas manqué de rappeler que selon les données de l’American Pew Research Center, « 75 % des musulmans américains estiment qu’il existe une grave discrimination raciale à leur égard dans la société américaine. »
Episode 2- En ce joli mois de mars, les ambassades américaines dans les pays musulmans ont décidé mettre en valeur une activiste en faveur de la cause des Ouïghours, Rushan Abbas, comme invitée principale pour les activités.Coup de colère de l’Ambassade de Chine à Alger qui accuse le « Mouvement des Ouïghours », créé par Rushan Abbas, d’être « une organisation de droite, financée par le Congrès des Etats-Unis et le Fonds américain pour la démocratie (NED), afin de déstabiliser la Chine ».
L’islamophobe, c’est l’autre !
D’autres épisodes suivront. En Algérie, les haut-gradés militaires qui dirigent le pays excellent dans l’art de profiter de la concurrence des grandes puissances. La Chine de Xi Jinping qui a consolidé ses liens commerciaux avec l’Algérie a apporté son soutien au régime militaire d’Alger. L’Amérique de Joe Biden qui ne souhaite pas abandonner cette région du monde à l’économie expansionniste chinoise a appris à ne pas trop être regardante sur les méthodes du régime militaire algérien pour se maintenir au pouvoir.
Pour gagner le coeur des Algériens, l’Amérique et la Chine s’accusent mutuellement d’islamophobie. Le pouvoir militaire se frotte les mains. Les islamistes algériens aussi, ils peuvent se frotter la barbe.
Une pensée pour les démocrates algériens, ceux qui ne veulent ni dictature militaire ni autocratie religieuse. Comme ils doivent se sentir très seuls !
