Bilié-By-Nzé (1), le nouveau Premier ministre gabonais

Nommé Premier ministre par Ali Bongo le chef de l’exécutif du Gabon le 09 janvier dernier, Alain Claude Bilié-By-Nzé incarne à la fois la volonté d’un Ali Bongo vieillissant et affaibli de tenir fermement le Gabon sur le plan politique, mais aussi la montée en puissance de l’aile dure de son camp. Mondafrique vous propose en deux volets le portrait d’un homme de pouvoir ambitieux et controversé.

Alain Claude Bilié-By-Nzé est un homme du peuple et aime à le rappeler. « Je n’ai jamais rien eu cadeau [en français du Gabon, cela signifie que rien ne lui a été donné] » dit volontiers cet homme né le 16 septembre 1967 à Makokou dans la province de l’Ogooué-Ivindo dans le nord-est du Gabon.

Cadet de Police

Ses études primaires, le jeune Alain Claude Bilié-By-Nzé les fait dans sa ville natale à Makokou. Élève brillant, il est admis sur concours dans une école d’élite aujourd’hui disparue : L’École Supérieure des Cadets de Police (ESCAP) qui se trouvait à Owendo dans la périphérie de Libreville la capitale du Gabon.

A l’ESCAP, où il reçoit une formation militaire et académique pointue, Alain Claude Bilié-By-Nzé est très bien noté et est chef de section.

Syndicaliste étudiant et exclu de l’Université

Après l’obtention de son Baccalauréat, Alain Claude Bilié-By-Nzé entre à l’université de Libreville où il s’inscrit en lettres modernes. Là, il crée un syndicat étudiant, le Syndicat des étudiants du Gabon (SEG) très marqué à gauche mais qualifié de « fasciste » par les autorités du Gabon.

Fin 1993, les premières élections pluralistes de l’histoire du Gabon ont lieu et Omar Bongo se déclare vainqueur sans que les voix de la province de l’Estuaire comptant la majorité des électeurs ne soient décomptées. La contestation est immédiate et se poursuit jusqu’en 1994.

« Ce qui m’est reproché, je ne l’ai jamais fait »

C’est dans ce contexte politique très tendu que le syndicat étudiant que dirige Alain Claude Bilié-By- Nzé alors étudiant en troisième année demande une revalorisation des bourses d’études des étudiants. S’ensuit en 1994 une grève au cours de laquelle Daniel Ona Ondo (qui sera Premier ministre du Gabon) le recteur et son vice-recteur sont agressés et leurs bureaux saccagés. Le Gouvernement décide alors d’exclure Alain Claude Bilié-By-Nzé. Une exclusion qu’il conteste encore aujourd’hui : « Ce qui m’est reproché, je ne l’ai jamais fait » …

Pompiste, clerc de notaire, animateur de radio…

Alain Claude Bilié-By-Nzé enchaîne alors divers emplois : employé dans une station-service, clerc d’huissier, journaliste, animateur de radio, agent administratif puis directeur de la communication de la mairie de Libreville dont le maire est Paul Mba Abessole, l’ancien grand rival d’Omar Bongo en 1993. Parallèlement, il milite dans le parti de Paul Mba Abessole où il gravit les échelons pour en devenir porte-parole.

Agent des renseignements ?

Selon André Mba Obame, ancien ministre de l’Intérieur du Gabon et ancien opposant politique à Ali Bongo décédé en 2015, Alain Claude Bilié-By-Nzé aurait été un indicateur de l’actuelle Direction Générale de la Documentation et de l’Emi-Immigration (DGDI – ancien CEDOC) un service de renseignement intérieur et extérieur du Gabon : « Quand j’étais ministre de l’Intérieur, c’était mon indic (…) il était payé pour espionner Mba Abessole » a-t-il dit lors d’un meeting à Libreville le 11 août 2012.

« Du gouvernement à la prison »

En 2005, il s’implique activement dans la campagne présidentielle et est remarqué par Omar Bongo. En 2006, Alain Claude Bilié-By-Nzé – qui est entretemps devenu député dans sa région natale – entre au gouvernement du Gabon en tant que Ministre Délégué à la Communication, Porte-parole du Gouvernement. En 2007, Alain Claude Bilié-By-Nzé devient Ministre Délégué au ministère des Transports et de l’Aviation Civile.

Peu après avoir été débarqué du gouvernement, il est incarcéré pendant 1 mois à la Prison centrale de Libreville en janvier 2008 pour émission de chèques sans provision qui lui ont permis d’acquérir deux voitures. Un article du journal pro-gouvernemental du 10 janvier 2008 a d’ailleurs pour titre « Alain Claude Bilié-Bi-Nzé, du gouvernement à la prison »…