Sans surprise, l’opposition nigérienne a rejeté ce week-end l’audit du fichier électoral biométrique réalisé par l’Organisation Internationale de la Francophonie à la demande de la CENI.
Les deux coalitions de l’opposition, CAP-21 et Gayya Zabbe, dénoncent la « validation frauduleuse du fichier électoral dit biométrique par un audit non consensuel, dans un contexte de rupture totale de dialogue au sein de la classe politique. »
Dès l’arrivée de la mission de l’OIF, l’opposition s’était insurgée contre la composition du comité ad hoc chargé de l’audit créé par le président de la CENI. Elle avait regretté l’absence des experts de la CEDEAO et de l’Union africaine, la relégation au rang d’observateurs des deux experts désignés par l’opposition politique et les deux des partis non affiliés et avait ironisé sur la durée de la mission: cinq jours dont deux pour l’écriture du rapport.
L’opposition rejette donc « en bloc » les résultats de cet audit – qui a validé le fichier ; elle rappelle au Président de la République « qu’il est de sa seule responsabilité de garantir et assurer le bon fonctionnement des institutions et de s’impliquer pour trouver une issue heureuse à ce lourd contentieux préélectoral » et se fait menaçante en ajoutant « que des élections mal organisées constituent toujours des sources de conflits et que la situation actuelle du Mali doit nous servir de leçon. »
Enfin, elle interpelle le nouveau président de la CEDEAO, le Ghanéen Nana Akufo-Addo pour lui demander de s’impliquer personnellement « dans la mise en oeuvre effective du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance » qui prévoit que « les listes électorales seront établies de manière transparente et fiable avec la participation des partis politiques et des électeurs qui peuvent les consulter en tant que de besoin. »
L’organisation sous-régionale est le théâtre de tensions politiques apparues depuis le coup d’Etat au Mali, les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest apparaissant divisés sur la question des sanctions à l’égard du Mali, les projets de troisièmes mandats et la nécessité d’organiser des scrutins transparents et équitables. Mahamadou Issoufou vient tout juste de céder la place à son homologue ghanéen.