- Mondafrique https://mondafrique.com/video/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sat, 10 May 2025 07:37:09 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/video/ 32 32 Algérie, les massacres du 8 mai 1945 à Sétif https://mondafrique.com/video/algerie-les-massacres-du-8-mai-1945-a-setif/ https://mondafrique.com/video/algerie-les-massacres-du-8-mai-1945-a-setif/#respond Sat, 10 May 2025 07:37:08 +0000 https://mondafrique.com/?p=133200 Cet article Algérie, les massacres du 8 mai 1945 à Sétif est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>

Cet article Algérie, les massacres du 8 mai 1945 à Sétif est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/video/algerie-les-massacres-du-8-mai-1945-a-setif/feed/ 0
Kateb Yacine raconte le massacre de Sétif le 8 mai 1945 https://mondafrique.com/video/kateb-yacine-raconte-le-massacre-de-setif-du-8-mai-1945/ https://mondafrique.com/video/kateb-yacine-raconte-le-massacre-de-setif-du-8-mai-1945/#respond Wed, 07 May 2025 18:40:57 +0000 https://mondafrique.com/?p=132662 Le poète algérien Kateb Yacine était collégien à Sétif en mai 1945. Dans « Déjà le sang de Mai ensemençait Novembre », film de René Vautier, il raconte ce qu’il a vécu le 8 mai 1945 et les jours suivants.

Cet article Kateb Yacine raconte le massacre de Sétif le 8 mai 1945 est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le poète algérien Kateb Yacine était collégien à Sétif en mai 1945. Dans « Déjà le sang de Mai ensemençait Novembre », film de René Vautier, il raconte ce qu’il a vécu le 8 mai 1945 et les jours suivants.

Cet article Kateb Yacine raconte le massacre de Sétif le 8 mai 1945 est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/video/kateb-yacine-raconte-le-massacre-de-setif-du-8-mai-1945/feed/ 0
Exploration spatiale, cinq pays africains associés à la Chine et à la Russie https://mondafrique.com/video/exploration-spatiale-cinq-pays-africains-associes-a-la-chine-et-a-la-russie/ https://mondafrique.com/video/exploration-spatiale-cinq-pays-africains-associes-a-la-chine-et-a-la-russie/#respond Fri, 02 May 2025 06:01:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=132708 Cinq pays africains participeront au projet de la Station de recherche lunaire internationale, lancé par la Russie et la Chine. En tout, 13 pays ont rejoint l’initiative, a annoncé le directeur général de Roscosmos, Dmitri Bakanov, lors d’une réunion des chefs des agences spatiales des pays des BRICS. « Notre initiative conjointe avec la Chine pour créer une […]

Cet article Exploration spatiale, cinq pays africains associés à la Chine et à la Russie est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>

Cinq pays africains participeront au projet de la Station de recherche lunaire internationale, lancé par la Russie et la Chine. En tout, 13 pays ont rejoint l’initiative, a annoncé le directeur général de Roscosmos, Dmitri Bakanov, lors d’une réunion des chefs des agences spatiales des pays des BRICS.

« Notre initiative conjointe avec la Chine pour créer une Station de recherche lunaire internationale progresse activement. Treize pays l’ont déjà rejointe : l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Bolivie, le Venezuela, Djibouti, l’Égypte, le Nicaragua, le Pakistan, le Sénégal, la Serbie, la Thaïlande, l’Afrique du Sud et l’Éthiopie », a déclaré Dmitri Bakanov, cité par l’agence de presse russe TASS.

Le chef de Roscosmos a souligné que la Russie dispose d’écoles scientifiques uniques dans l’exploration de Vénus, de la Lune et de Mars. Selon lui, aucun autre pays au monde n’a encore pu reproduire la technologie russe d’atterrissage d’engins sur Vénus. Ces acquis pourraient donc, d’après Dmitri Bakanov, servir de base aux programmes internationaux des BRICS dans le domaine de l’exploration de l’espace lointain.

Il a rappelé que des engins spatiaux indiens, émiratis et chinois avaient déjà atteint Mars, et que ces pays disposaient également d’expérience dans l’exploration lunaire. Dmitri Bakanov a exprimé l’espoir que le nombre de ces programmes augmentera et que leur mise en œuvre conjointe deviendra plus accessible pour les budgets des pays des BRICS et plus efficace pour la recherche scientifique.

À l’issue de la rencontre, Roscosmos a proposé, dans un communiqué de presse, de signer un mémorandum commun sur l’éducation spatiale afin d’élaborer des programmes conjoints de formation aux métiers liés à la cosmonautique. La proposition a été soutenue par les responsables des agences spatiales des autres pays des BRICS.

Plus tôt en avril, lors de la cérémonie d’inauguration de l’Agence spatiale africaine, l’ambassadeur de Russie en Égypte, Gueorgui Borissenko, avait déclaré que la Russie souhaitait associer les pays africains à l’exploration spatiale.

*Source : African Initiative

Cet article Exploration spatiale, cinq pays africains associés à la Chine et à la Russie est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/video/exploration-spatiale-cinq-pays-africains-associes-a-la-chine-et-a-la-russie/feed/ 0
Une poésie arabe volcanique (volet 4), le poète libanais Ghassan Tarabay https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-incandescente-volet-4-le-poete-libanais-ghassan-tarabay/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-incandescente-volet-4-le-poete-libanais-ghassan-tarabay/#respond Thu, 01 May 2025 11:24:07 +0000 https://mondafrique.com/?p=132319 Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe.l’IMA en collaboration avec les Editions l’Harmattan propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent de poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie! Nous rencontrons le poète Ghassan […]

Cet article Une poésie arabe volcanique (volet 4), le poète libanais Ghassan Tarabay est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe.l’IMA en collaboration avec les Editions l’Harmattan propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent de poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie!

Nous rencontrons le poète Ghassan Tarabay qui nous lira un des ses poèmes à la fin de notre entretien.

Né au Liban, ce poète romancier et docteur en philosophie a écrit plusieurs ouvrages dont « le Tango de Platon et Al Farabi » ou encore « Yasmine et l’oeil de loup ».

Cette série d’entretiens sur la poésie arabe est signés Christophe Barreyre, réalisateur, éditeur et ancien rédacteur en chef et producteur de l’émission Affaires sensibles sur France Inter

Cet article Une poésie arabe volcanique (volet 4), le poète libanais Ghassan Tarabay est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-incandescente-volet-4-le-poete-libanais-ghassan-tarabay/feed/ 0
Une poésie arabe volcanique (volet 3), la tunisienne Imen Moussa https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volet-3-la-tunisienne-imen-moussa/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volet-3-la-tunisienne-imen-moussa/#respond Mon, 28 Apr 2025 22:58:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=132316 Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe (IMA) qui en collaboration avec les Editions l’Harmattan propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent de poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie! Cette série […]

Cet article Une poésie arabe volcanique (volet 3), la tunisienne Imen Moussa est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe (IMA) qui en collaboration avec les Editions l’Harmattan propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent de poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie!

Cette série d’entretiens sur la poésie arabe signés Christophe Barreyre, réalisateur, éditeur et ancien rédacteur en chef et producteur de l’émission Affaires sensibles sur France Inter

Nous rencontrons la poétesse Imen Moussa qui nous lira un des ses poèmes à la fin de notre entretien.

Née à Bizerte en Tunisie, Imèn Moussa est docteure en Littératures française et comparée, enseignante, cofondatrice des Rencontres Sauvages de la Poésie et membre de l’association Atlas pour la promotion de la traduction littéraire au Collège International Des Traducteurs Littéraires. Directrice de la rédaction pour Trait-d’Union Magazine, elle consacre ses recherches sur l’écriture des femmes dans le Maghreb contemporain. Sa passion pour l’art visuel, ses textes et ses voyages autour du monde sont autant d’invitations à une humanité qu’elle qualifie d’« infrontiérisable ». C’est dans ce sens qu’elle collabore comme auteure et photographe avec plusieurs revues artistiques en Afrique, en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine, comme Débridé, Cavales, Lettres d’hivernage, Grito de Mujer, Souffles sahariens, Le Pan Poétique des muses, L’Imagineur, Les embruns.

Cet article Une poésie arabe volcanique (volet 3), la tunisienne Imen Moussa est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volet-3-la-tunisienne-imen-moussa/feed/ 0
Une poésie arabe volcanique (volet 2), la poétesse irakienne Afyaa Al Assadi https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volcanique-volet-2-la-poetesse-irakienne-afyaa-al-assadi/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volcanique-volet-2-la-poetesse-irakienne-afyaa-al-assadi/#respond Sun, 27 Apr 2025 17:50:47 +0000 https://mondafrique.com/?p=132313 Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe qui, en collaboration avec les Editions l’Harmattan, propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent des poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie! Nous rencontrons la […]

Cet article Une poésie arabe volcanique (volet 2), la poétesse irakienne Afyaa Al Assadi est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe qui, en collaboration avec les Editions l’Harmattan, propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent des poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie!

Nous rencontrons la poétesse Afyaa AL Assadi qui, en guise d’introdiction, nous dit un poème en arabe avant de s’entretenir en français avec nous . Née en Irak, à Bagdad, Afyaa Al Assadi écrit  aussi bien la poésie classique, que la poésie libre ou la poésie en prose. Le poème est à ses yeux un être vivant, doté de parole. Le mot,selon ele, est les secret de l’univers.

Cette série d’entretiens sur la poésie arabe signés Christophe Barreyre, réalisateur, éditeur et ancien rédacteur en chef et producteur de l’émission Affaires sensibles sur France Inter

Une poésie arabe « volcanique » (volet 1), entre énergie et émerveillement !

Cet article Une poésie arabe volcanique (volet 2), la poétesse irakienne Afyaa Al Assadi est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volcanique-volet-2-la-poetesse-irakienne-afyaa-al-assadi/feed/ 0
Une poésie arabe « volcanique » (volet 1), entre énergie et émerveillement ! https://mondafrique.com/loisirs-culture/notre-entretien-avec-fatima-guemiah-sur-la-poesie-arabe/ Sat, 26 Apr 2025 08:08:43 +0000 https://mondafrique.com/?p=132311 Notre premier entretien de cette série consacrée à la poésie arabe est avec Fatima Guémiah, directrice de collection  » Le Scribe » aux éditions l’Harmattan et organisatrice de l’événement à l’Institut du Monde Arabe sur « le printemps des poètes ». Cette femme passionnée et passionnante trace les voies propices à l’échange culturel grâce aux poètes contemporains, ces […]

Cet article Une poésie arabe « volcanique » (volet 1), entre énergie et émerveillement ! est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Notre premier entretien de cette série consacrée à la poésie arabe est avec Fatima Guémiah, directrice de collection  » Le Scribe » aux éditions l’Harmattan et organisatrice de l’événement à l’Institut du Monde Arabe sur « le printemps des poètes ». Cette femme passionnée et passionnante trace les voies propices à l’échange culturel grâce aux poètes contemporains, ces messagers irremplaçables entre les rives nord et sud de la Méditerranée.

Cette série d’entretiens sur la poésie arabe signés Christophe Barreyre, réalisateur, éditeur et ancien rédacteur en chef et producteur de l’émission Affaires sensibles sur France Inter

L’IMA en collaboration avec les excellentes Editions l’Harmattan propose des rencontres poétiques exceptionnelles: « Poésie volcanique, ébullition, énergie et émerveillement! » Une édition sous le signe du feu et de l’émotion. Avec un choeur poétique multilingue, avec entre autres les poétesses Afyai Al Asadi, d’Irak, Imen Moussa de Tunisie ou encore le poète Ghassan Tarabay du Liban.

Le Printemps des poètes s’affirme comme un espace où la création poétique se renouvelle sans cesse, portée par une dynamique collective et fédératrice.

 

 

 

Cet article Une poésie arabe « volcanique » (volet 1), entre énergie et émerveillement ! est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
L’obsession française sur le voile https://mondafrique.com/video/lobsession-francaise-sur-le-voile/ Mon, 21 Apr 2025 15:06:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=32511 L’universitaire américaine Joan Scott, auteure de « la politique du voile », revient sur la crispation du gouvernement français sur « le voile », sans commune mesure avec ce qui se passe dans la plupart des autres pays occidentaux. Dans le monde anglo-américain, même après le 11-Septembre, le voile n’est pas considéré comme l’étendard d’une insurrection. Le gommage de […]

Cet article L’obsession française sur le voile est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
L’universitaire américaine Joan Scott, auteure de « la politique du voile », revient sur la crispation du gouvernement français sur « le voile », sans commune mesure avec ce qui se passe dans la plupart des autres pays occidentaux.

Dans le monde anglo-américain, même après le 11-Septembre, le voile n’est pas considéré comme l’étendard d’une insurrection. Le gommage de toute différence ethnique, raciale et religieuse n’est pas une condition nécessaire pour l’intégration dans la nation. Une phrase du poète américain Walt Whitman résume à peu près la manière dont la diversité est conçue : « Je suis grand, je contiens des multitudes ».

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de problèmes de discrimination terribles et persistants basés sur les différences (raciales en particulier) aux États-Unis ; simplement ces différences sont reconnues comme partie intégrante de l’héritage national. Elles sont relevées dans les recensements, décrites dans les collections de données institutionnelles, et comprises comme étant la source de notre richesse culturelle. Les appellations composées (« Africain-Américain », « Italien-Américain », « juif-Américain », « musulman-Américain ») disent assez l’acceptation du fait que les identités politiques et culturelles peuvent coexister sans porter atteinte à la nécessaire unité nationale. Si durant les primaires en cours de la prochaine élection présidentielle des failles majeures se sont révélées, elles sont plus fondées sur les disparités économiques que sur les différences ethniques ou religieuses. Ce sont les énormes inégalités de revenus et non les affiliations communautaires qui divisent l’électorat et nos hommes politiques en ce moment.

UNE « HYSTÉRIE POLITIQUE »

Pour toutes ces raisons, l’obsession française du voile islamique nous semble correspondre à ce qu’Emmanuel Terray nommait en 2004 une « hystérie politique ». La rhétorique déchaînée, les menaces et les lois punitives visant les vêtements féminins (hijab, voile intégral, abaya) semblent excessives, pour ne pas dire insensées. L’alarme lancée en 1989 par Alain Finkielkraut, Élisabeth Badinter et d’autres, prédisant que la non-interdiction du hijab dans les écoles serait le « Munich » de la République a conduit certains d’entre nous à se demander comment ces supposés intellectuels sérieux pouvaient grossir le trait à ce point. Récemment, le commentaire de Laurence Rossignol comparant le port du voile à la soumission volontaire à l’esclavage a suscité une interrogation du même ordre : avait-elle la moindre idée de l’épisode historique auquel elle faisait allusion ? Et quand Charlie Hebdo puis la rédaction de Libération ont mis en garde contre l’inévitable pente glissante conduisant du voile aux attentats terroristes et fustigé les « islamo-gauchistes » qui dénonçaient l’amalgame entre les traditions musulmanes et l’islam politique, il était difficile de ne pas lire dans leurs articles autant d’exemples de l’islamophobie qu’ils niaient si bruyamment.

Un autre aspect troublant de la focalisation sur l’habillement des femmes musulmanes est l’idée que la « laïcité » exigerait l’interdiction du voile au nom de l’égalité entre hommes et femmes. Ceux d’entre nous qui connaissent un peu l’histoire de ce mot sont surpris de le trouver invoqué comme principe de l’égalité de genre. Cela n’était certainement pas la préoccupation des anticléricaux qui ont inventé le terme en 1871, ni celle des auteurs de la loi de 1905 qui prescrit la neutralité de l’État en matière de religion et ne dit absolument rien de la façon dont les femmes doivent être traitées. C’est plutôt la « nouvelle laïcité » (ainsi nommée par François Baroin en 2003 lorsque l’interdiction du voile était en débat) qui a fait entrer l’égalité entre les hommes et les femmes dans les principes fondateurs de la République. Elle transfère l’exigence de neutralité de l’État à ses citoyens, des institutions et des représentants de l’État à tout l’espace public et à tous ses habitants. La « nouvelle laïcité » exige des individus qu’ils comprennent que la neutralité, définie comme l’absence du plus modeste signe d’affiliation religieuse, est la condition sine qua non de l’appartenance à la nation.  

Le mot « laïcité » est polémique depuis sa création en 1871 par les militants anticléricaux. À l’époque, il servait à contrer le pouvoir de l’Église catholique ; à présent, il est utilisé pour définir une identité française qui exclut les musulmans. Dans les deux cas, les femmes sont considérées comme un danger potentiel pour la République. Au XIXe et au début du XXe siècle, on soupçonnait les Françaises d’être sous l’influence des prêtres ; au XXIe siècle, ce sont les femmes musulmanes dont les foulards sont le signe d’un « défaut d’assimilation » inacceptable, et d’un refus agressif de l’égalité soi-disant caractéristique de la République. Finkielkraut l’a dit sans détour dans un entretien au New York Times1 : « la laïcité l’a emporté. Et nous ne pouvons faire aucun compromis sur le statut des femmes. (…) Tout vient de là. »

MARIANNE DÉVÊTUE

L’assimilation culturelle est une caractéristique bien connue de l’identité française. Le souci de représenter la France comme une nation homogène est ancien ; des générations d’immigrants ont ainsi été sommés de perfectionner leur pratique de la langue, s’identifier à « nos ancêtres les Gaulois » et déclarer avant tout leur loyauté envers les fondamentaux culturels et politiques du pays. Mais les partisans de l’assimilation n’ont que très rarement ciblé les femmes comme ils le font actuellement. Pourquoi sont-elles devenues l’objet d’une telle attention ? La plupart des terroristes sont des hommes ; les armées de l’organisation de l’État islamique sont complètement masculines. Pourquoi les politiciens français, notoirement rétifs à voter des lois sur la violence domestique, le harcèlement sexuel ou l’égalité salariale, et (pour la plupart) résistant activement à la mise en œuvre de la loi sur la parité en politique, pourquoi ces hommes — avec quelques soutiens féministes — sont-ils si soucieux du statut des femmes dès lors qu’il s’agit de l’islam ? Qu’est-ce que leur obsession du vêtement des femmes musulmanes nous dit sur les angoisses des républicains français ?

Certes, ils en appellent à la vieille idée d’une identité française homogène et à une vision de la laïcité dans laquelle la religion est privatisée — une question de conscience individuelle qui n’a pas à être publiquement exposée. De ce point de vue, peut-être, l’habillement des femmes musulmanes est vu comme marquant plus visiblement leur appartenance religieuse que les vêtements des hommes musulmans. On puise aussi dans les réminiscences de la « mission civilisatrice » coloniale qui vantait le traitement supérieur des femmes françaises (bien avant qu’elles aient le droit de vote ou qu’elles soient libérées des restrictions du Code napoléonien) sur celui des femmes « indigènes », dont les voiles avaient alors un attrait érotique, et n’étaient pas comme aujourd’hui un signe de répression sexuelle. Et puis, il y a la Marianne dévêtue, symbole de la nation ; poitrine nue, elle est La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix et l’icône qui figure en bonne place dans les hôtels de ville d’un grand nombre de municipalités. Dans la polémique actuelle, Marianne à la gorge offerte incarne les femmes françaises émancipées par opposition aux femmes voilées qui seraient soumises à l’islam.

ÉGALITÉ DU MÊME, INÉGALITÉ DE L’AUTRE (SEXE)

Mais je pense qu’il y a plus que tout cela. Quelque chose qu’on pourrait appeler l’inconscient politique du républicanisme français, qui alimente l’hystérie autour du vêtement des femmes musulmanes. Cette hystérie dont nous sommes témoins provient d’une contradiction inavouée, mais persistante entre l’égalité politique et la différence sexuelle. Il est possible que ce ne soit pas le motif direct dans le cas de Badinter ou de Manuel Valls, mais je pense que cela va jusqu’à entacher leur défense inflexible de la République laïque et contribue à expliquer plus généralement la fixation sur les femmes musulmanes et leurs foulards.

La contradiction est évidente depuis 1789 et n’a pas disparu quand les femmes ont obtenu le droit de vote en 1944. La citoyenneté en France est basée sur un individualisme abstrait. L’individu est l’unité essentielle, indépendamment de la religion, de l’ethnie, de la position sociale ou de la profession. Une fois ôtés tous ces éléments, les individus sont tous pareils, c’est-à-dire égaux. Mais dans la longue histoire de la politique française, la différence sexuelle a constitué le principal obstacle au « même », à la ressemblance, vue comme une distinction naturelle et donc impossible à éliminer. La nature a décrété un manque de similitude (donc une inégalité de ce point de vue) que la société ne peut pas corriger. Il y a une profonde incompatibilité entre la promesse universelle d’égalité dans la théorie politique républicaine et la différenciation sexuelle créée par la nature. Cela n’entre pas dans la logique républicaine.

Quand les femmes ont obtenu le droit de vote, ce fut en tant que groupe particulier, non en tant qu’individu(e)s. Dans les débats sur la parité, l’argumentation qui a finalement permis à la loi de passer a été celle qui a remplacé l’individu par le couple hétérosexuel. Sylviane Agacinski a ainsi affirmé (pour la parité et contre le PACS en 1999) qu’il ne pouvait pas y avoir de Parlement monosexué comme il ne pouvait y avoir de familles monosexuées. La complémentarité s’est ainsi substituée à l’égalité des individus. Dans l’éloge de la séduction comme trait de caractère national, la complémentarité est asymétrique : les femmes « consentent amoureusement » à leur subordination aux hommes.

L’accent mis sur le jeu de séduction ouvert entre hommes et femmes, et en particulier l’affichage public du corps des femmes, sert à démontrer leur différence et la nécessité de les traiter autrement. En ce sens, le problème que pose le sexe à la théorie politique républicaine est nié. Paradoxalement, l’« objétisation » de la sexualité féminine sert à « voiler » une contradiction inhérente au républicanisme français : son incapacité à réconcilier la différence sexuelle « naturelle » avec la promesse d’égalité pour tous.

LE VOILE AU PIED DE LA LETTRE

Le voile des femmes musulmanes semble présenter un défi de ce point de vue, menaçant d’exposer la contradiction niée ou réprimée de la théorie républicaine. L’habillement « modeste » répond directement aux problèmes posés par le sexe et la sexualité dans les relations sociales et la politique. Il atteste que les relations sexuelles sont interdites sur la place publique. Certaines féministes musulmanes affirment que c’est ce qui les libère en fait, mais que ce soit le cas ou non, ou que chaque femme qui met un voile en comprenne le symbolisme de cette manière ou pas, le voile signale l’acceptation de la sexualité et même sa célébration, mais seulement dans des circonstances particulières — en privé, au sein de la famille. Le paradoxe ici est que le voile rend explicites — visibles pour tous — les règles de l’interaction de genre qui déclarent que les échanges sexuels se font hors de l’espace public.

C’est la reconnaissance explicite d’un problème que la politique française veut nier qui rend le voile « visible » au sens sexuel du terme. Le vêtement des femmes musulmanes est la preuve des difficultés que présente le sexe pour les échanges dans la sphère publique — difficultés que les républicains français veulent nier. Leurs pieuses déclarations sur l’égalité sont en totale contradiction avec leur profond malaise dès qu’il s’agit de partager le pouvoir avec l’autre sexe. La séduction est pour eux une alternative préférable.

Je ne veux pas nier les aspects patriarcaux des pratiques musulmanes, mais nous ne devons pas ignorer non plus le fait qu’il n’y a pas d’égalité de genre parfaite en France. Les femmes sont objétisées dans les deux systèmes, quoique différemment. Je veux simplement dire que l’hystérie politique sur le voile doit être comprise non pas comme une réponse simple et logique au terrorisme, ni comme la défense de l’égalité de genre. C’est plutôt une façon de nier la persistance d’inégalités à l’intérieur de la société française (inégalités qui vont du genre à la race et à l’ethnie). Ces inégalités ne sont pas accidentelles ; elles sont consubstantielles à un système politique qui fait du « même » abstrait le fondement de l’égalité, et de la différence sexuelle concrète l’exception et la justification d’une inégalité qui, parce qu’elle est « naturelle », ne peut pas être nommée.

C’est peut-être une autre manière de dire que toute l’attention portée à l’inégalité qui caractériserait le sort des seules femmes musulmanes est un moyen d’évacuer les problèmes concernant les femmes françaises en général — différents bien sûr, mais qui n’ont pas été résolus par la loi (le vote, les modifications du Code civil, la parité) ni par d’autres moyens. Une chose est sûre, si l’inégalité de genre existe également dans le monde anglo-américain, elle n’a pas pris la forme de cette obsession des femmes musulmanes et de leurs voiles dont on peut dire qu’elle est une singularité française.

Cet article L’obsession française sur le voile est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
« L’Arabe dans le poste », le portrait jubilatoire d’une avant garde https://mondafrique.com/video/larabe-dans-le-poste-le-portrait-jubilatoire-dune-avant-garde/ Tue, 15 Apr 2025 05:40:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=102128 Les images d’archives des bidonvilles aux banlieues collent avec la force des témoignages dans ce documentaire où l’émotion ne tombe jamais dans le pathos. C’est une question de rythme, de ton et de zapping permanent qui donne un petit air rigolard à « L’Arabe dans le poste ».

Cet article « L’Arabe dans le poste », le portrait jubilatoire d’une avant garde est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Ils sont comment les Arabes à la télé ? C’est la question centrale des trois volets de l’excellent documentaire réalisé pour TMC par Youcef Khemane, « L’Arabe dans le poste ». Cette galerie de portraits savoureux dessine les contours d’une avant garde talentueuse décidée à s’imposer, non sans mal, dans le monde médiatique français.

Une chronique d’Ahmed Boubeker

C’est l’histoire de millions de Français qui raconte la France d’aujourd’hui à travers un demi-siècle d’archives. Avec des bons souvenirs comme le visage de Zidane projeté sur l’arc de triomphe après la victoire des bleus lors de la coupe du monde de 1998. D’autres figures font rire, comme celle de Jamel Debbouze, ce diable de petit gnome franco-marocain qui crève l’écran depuis presque un quart de siècle. Mais la mémoire cathodique des héritiers de l’immigration maghrébine est d’abord empreinte de tristes clichés publics made in France, comme en témoignent quelques écoliers en 1975 : « sale Arabe ! » « retourne dans ton pays ! » « Sidi bouffe tout même la gamelle ! »

Medhi Charef n’a quant à lui pas connu de pire insulte que celle de « crouille » qui dériverait pourtant du mot « frère » en Arabe. L’écrivain-réalisateur ajoute que c’est pour crever ces stéréotypes « qu’il fallait montrer qu’on pouvait faire autre chose et s’exprimer culturellement. » Et c’est précisément cette créativité des franco-arabes qui a transformé le paysage artistique hexagonal, l’ouvrant à d’autres héritages culturels, d’autres modes d’expression. « Ces cultures-là sont des patrimoines de France » résume l’historienne NaïmaYahi.

« C’est dur d’être Français d’origine… » dit un des protagonistes du documentaire. Français d’origine arabe bien-sûr !

À une exception près, ils font pourtant tous partie de l’élite les interlocuteurs de Youcef Khemane, pour ne pas dire de la France des paillettes showbiz – la Tchi-tchi comme on surnommait jadis en Algérie la jeunesse dorée. A la différence près qu’ils ne sont pas nés du bon côté de la bourgeoisie, les Medhi Charef, Rachida Dati, Ramzy Bedia, Mohamed Cheikh et autre comte de Bouderbala. Les images d’archives des bidonvilles aux banlieues collent avec la force des témoignages dans ce documentaire où l’émotion ne tombe jamais dans le pathos. C’est une question de rythme, de ton et de zapping permanent qui donne un petit air rigolard à « L’Arabe dans le poste ».

D’ailleurs la question « peut-on rire de tout avec les Arabes et sur les Arabes ? » est elle-même posée par le réalisateur qui n’hésite pas à se mettre en scène. Samy Ameziane, dit « Le comte de Bouderbala », qui a redonné vie au célèbre « Caveau de la République » où des milliers de spectateurs peuvent apprécier son « one-man show », élude la question.

L’acteur-humoriste Ramzy Beda garde quant-à-lui son ton enjoué lorsqu’il évoque le temps des beaufs flingueurs « en marcel avec des gros ventres ». C’était pourtant parfois tragique. Triste le plus souvent, comme la misère des travailleurs immigrés, balayeurs, maçons, cantonniers, pour la plupart illettrés et même sans nom patronymique et sans date de naissance comme le paternel de Rachida Dati. Triste même sous des allures comiques, comme La Zoubida de Vincent Lagaf – « et le scooter Moktar l’avait volé… » – resté durant onze semaines à la première place du top 50.

Vous aimez Mondafrique? Votre soutien est précieux

Le rire, l’arme anti préjugés

« L’Arabe dans le poste » souligne que c’est précisément pour échapper à ces stéréotypes cathodiquement égrenés dans les foyers français que des figures de la diversité vont « retourner le stigmate ». Pionnier dans le genre one-man show qui détourne les codes du racisme en s’armant d’humour, Smaïn monte son premier spectacle en 1986, « A star is beur ». C’est un sens de la tchatche, une capacité d’improviser, de mêler les langages et d’interagir avec le public qui va permettre à l’esprit blagueur des cités de franchir les portes des grands cafés théâtres. Et d’être invité au programme de certaines émissions de divertissement.

Petit gaillard handicapé n’ayant que sa gouaille et son culot pour réussir, Jamel Debbouze s’inspire de l’exemple des grands humoristes noirs américains pour inventer un stand-up de banlieue qui chamboule la scène comique parisienne. Tout l’art est dans le retournement du stigmate et dans l’autodérision. Smaïn avait ouvert la voie, mais Jamel Debbouze a la culture des banlieues du hip-hop en plus. Repéré par radio Nova, il fait ses débuts télé en 1996 sur Paris-Première avant de lancer sa chronique Le cinéma de Jamel sur Canal + en 1998. Et il participe peu après à la série H qui confirmera ses premiers succès aux côtés d’un autre monstre sacré de l’humour des banlieues : Ramzy Bedia. La réalisatrice Melha Bédia peut ainsi évoquer « un humour maghrébin en France sous Label AOC ».

Le rire comme arme contre les préjugés ? Il y aurait mieux encore : la France black-blanc-beur de 1998 qui gagne comme « arme de dissuasion massive ». L’autrice Nesrine Slaoui confie à « L’Arabe dans le poste » qu’elle aurait appris la Marseillaise grâce à Zidane. Et Melha Bédia de préciser à propos du dieu du stade : « Il a mis deux buts et on n’était plus des rebeus. 6-7 ans plus tard, il remet un coup de tête et on redevient des rebeus… » Ramzy Bedia évoque quant à lui l’éphémère âge d’or d’un patrimoine franco-arabe en phase avec la société qui aurait duré de 1998 au 11 septembre 2001 – date des attentats islamistes aux USA. « La peur nous a désunis » confit une protagoniste du docu.

Plus critique, l’historienne Naïma Yahi dénonce la fragilité et les paradoxes de cette France « Black-blanc-beur » qui ne tenait que sur quelques symboles d’intégration ou de réussite.

Sans « la Marche » de 1983, l’acte fondateur, ni Karim Kacel, ni Rachid Arhab, ni Smaïn, ni Azouz Begag, ni même Rachida Dati ou Najat Vallaud-Belkacem n’auraient été possibles.

Des Beur-geois aux Arabes de France

C’est pourtant la réserve qu’on pourrait fémettre sur « L’Arabe dans le poste ». L’émission ne repose-t-elle pas sur une galerie de portraits de l’élite artistique franco-maghrébine ? Il y a une quarantaine d’années, on les aurait appelé des « beur-geois ». A l’époque, dans la foulée de la Marche pour l’égalité et contre le racisme (dite « marche des beurs ») le triomphe médiatique des beurs apparaît comme l’illustration d’un avenir multiculturel de la société française. On peut alors croire que l’héxagone ouvre ses portes à ces nouveaux acteurs. Quinze ans avant la France black blanc beur de 1998, la « mode beur » connaît un véritable succès public. Un look ouvert sur la diversité s’impose comme une voie d’accès à des carrières dans le spectacle, le journalisme, la culture ou la politique. Sans « la Marche » de 1983, l’acte fondateur, ni Karim Kacel, ni Rachid Arhab, ni Smaïn, ni Azouz Begag, ni même Rachida Dati ou Najat Vallaud-Belkacem n’auraient été possibles.

C’est malheureusement ce que néglige le documentaire de Youcef Khemane qui gomme toute dimension politique. Jusqu’à faire l’impasse sur la Marche de 1983 ! Néanmoins, si la reconnaissance de la génération beur a pu introduire de la diversité dans le domaine public, cet espace de publication s’est refermé au tournant des années 1980. Les beurs sont victimes de leurs succès médiatiques. Ainsi, alors qu’ils doivent tant à leurs origines et aux luttes des banlieues, les premiers de cordée de la culture beur revendiquent une coupure avec l’immigration et les quartiers au nom de leur statut d’artiste. Ainsi proclamait à l’époque le cinéaste Medhi Charef : « je ne parlerai plus des banlieues, les jeunes comme moi doivent d’abord exorciser leurs origines passées ». « Tout ce qu’on veut, c’est travailler et devenir riche et célèbre.»[1] ajoutait le scénariste de BD, Farid Boudjellad.

Cependant, l’appellation beur (Arabe en verlan arabisé) qui avait donné aux héritiers de l’immigration le sentiment d’une appartenance sociale valorisée prend très vite une connotation négative. Galvaudé par les médias, le terme ne désigne plus bientôt qu’une « beur-geoisie » du centre-ville, loin des cités périphériques. Et c’est alors en réaction, en 1985, qu’émergent des mouvements comme les Jeunes Arabes de Lyon et banlieue (JALB) qui revendiquent une arabité française qui prend une dimension culturelle et militante. 

Un patrimoine arabe de France

Naïma Yahi confie que son héros arabe de France à elle, c’est le chanteur compositeur Rachid Taha : « Il était beau, charismatique et comme nous. Lui, il nous a enlevé la honte et rendu fiers de notre patrimoine et de nos parents. » Dès le début des années 1980, Rachid Taha et les musiciens de Carte de Séjour ont su marier rock et musique orientale. Le groupe a été porté par la vague du mouvement beur : chacune de ses chansons renvoie à un aspect du vécu des jeunes de banlieue (crimes racistes, discriminations, contrôles au faciès…) et en 1987 le Bus d’Acier, oscar du rock, semble consacrer sa réussite. Le 15 juin 1985 sur la place de la Concorde, devant un public de 200 000 personnes, le groupe s’apprête à chanter sa version de « Douce France » : « quoi ? demande Rachid Taha, il y a des gens qui ne sont pas d’accord ? … c’est aussi notre patrimoine ! Qui c’est qui siffle ? Les Français racistes ou les Arabes racistes ? »

Pourtant malgré un succès d’estime, le morceau le plus connu de Carte de Séjour a du mal à se vendre, boycotté qu’il est par les radios-télés au même titre que ses albums en Arabe. Des années plus tard, toujours boudé par les prescripteurs médiatiques du public français, malgré les échos dithyrambiques du concert « Un, deux, trois soleils » (Avec Cheb Khaled et Faudel), Rachid Taha trouve une vraie consécration de sa musique à l’étranger, notamment avec le succès planétaire de sa reprise du titre Ya Rayah de Dahmane El Harrachi. Le Raï est resté une musique du Maghreb malgré l’accueil enthousiaste des familles immigrées et quelques rares vedettes qui accèdent au PAF. « En 2023, on ne veut toujours pas entendre ces chants dans le poste, même si une nouvelle scène arabe émerge » déplore Naïma Yahi.

Mais le Raï n’a jamais été vraiment la source d’inspiration de Rachid Taha et ses deux albums Dîwan (1998, 2006) compilent plutôt des compositions Chaâbi qui ont été les ritournelles du travailleur immigré. Taha le visionnaire a compris le premier la richesse du patrimoine des chanteurs de l’immigration. Il est suivi par d’autres artistes comme Mouss et Hakim de Zebda (du mot beurre en Arabe). Dans la dynamique du groupe toulousain et des Motivé-e-s (mouvement citoyen les Motivé-e-s qui obtiendra 12,38% des voix aux Municipales de 2001 à Toulouse) le festival « origines contrôlées » produit en 2007 un album « Chansons de l’immigration algérienne » : « Nous voulons être les passeurs concernés du patrimoine culturel de l’immigration dans son ampleur et sa diversité. Ce travail de réappropriation n’entend pas bercer les nouvelles générations dans la seule nostalgie, il ne se limite pas à souligner l’actualité de certaines chansons engagées. Il s’agit de construire une véritable conscience de soi comme acteur historique. »[2]

Une mémoire politique des banlieues

Dès les années 2000, cette réhabilitation de la mémoire immigrée est aussi à l’œuvre dans d’autres domaines de la création artistique comme le cinéma et ses échos TV. Ainsi le film de Rachid Bouchareb (2006), « Indigènes » qui a reçu de multiples récompenses rend hommage aux soldats maghrébins qui ont payé un lourd tribut pour libérer la France occupée. Le long métrage est coproduit par Jamel Debbouze et il y joue aussi le rôle principal. Après Indigènes, de nouveaux longs métrages historiques poursuivent le mouvement d’inscription de l’immigration dans l’histoire nationale : la guerre d’Algérie (Hors la loi Bouchareb-2010) le monde ouvrier (Chroniques d’une cour de récrée, Brahim Fritah-2012)

Car le pays des droits de l’homme a de plus en plus de mal à se situer relativement à une différence qui lui est devenue intérieure. Même si des comédiens comme Jamel Debbouze comptent désormais parmi les personnalités préférées des Français. Même si le Rap des banlieues s’impose comme la locomotive de notre industrie du disque. Même si le cinéma d’Abdallatif Kechiche obtient la palme d’or au festival de Cannes 2013. Même si Slimane chantera « Mon amour » au nom de la France pour L’eurovision 2024. Même si La création culturelle hexagonale apparaît de plus en plus produite par les minorités.

Naïma Yahi tient le fil conducteur du documentaire. L’historienne s’est en effet distinguée récemment par un appel publié dans le Monde cosigné avec Salah Amokrane (figure des Motivé-e-S toulousains) pour l’ouverture d’États Généraux de l’histoire et de la mémoire politique, culturelle et sociale des quartiers populaires. Invités à L’Elysée avec des acteurs associatifs le 3 décembre dernier dans le cadre du quarantième anniversaire de la Marche des beurs, Yahi et Amokrane ont été pris au mot par Emmanuel Macron. Il aurait déclaré : « On en fait dès janvier un chantier présidentiel ! » Loin de toute référence communautaire ou arabe bien-sûr, mais comme l’a souligné l’historienne, « On ne peut pas célébrer l’universalisme si on continue à ne pas voir et à ne pas transmettre l’histoire des quartiers populaires. »[3]

Encore s’agit-il de ne pas sacrifier la dimension militante et politique sur l’autel  de la culture et de ses premiers de cordée. 

[1] Boubeker Ahmed, Beau Nicolas, Chroniques Métissées, l’histoire de France des jeunes arabes, Alain Moreau, 1986

[2]Revues Origines contrôlées, n°3, automne 2007

[3] Libération, 9 décembre 2023

Cet article « L’Arabe dans le poste », le portrait jubilatoire d’une avant garde est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Notre entretien video avec Jojo Sk, pionnier de l’Afrobeats https://mondafrique.com/video/notre-entreien-video-avec-jojo-sk-pionnier-de-lafrobeats/ Sat, 12 Apr 2025 12:33:01 +0000 https://mondafrique.com/?p=125564 Jordan, alias Jojo Sk, est dj et producteur, un des initiateurs de l’Afrobeats, un terme décrivant la fusion des sons provenant du Ghana et du Nigeria. Il est membre fondateur du collectif Sixtion qui organise des événements et participe à des dj set partout à travers le monde Un entretien avec Christophe Barrayre, journaliste et […]

Cet article Notre entretien video avec Jojo Sk, pionnier de l’Afrobeats est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Jordan, alias Jojo Sk, est dj et producteur, un des initiateurs de l’Afrobeats, un terme décrivant la fusion des sons provenant du Ghana et du Nigeria. Il est membre fondateur du collectif Sixtion qui organise des événements et participe à des dj set partout à travers le monde

Un entretien avec Christophe Barrayre, journaliste et éditeur, ancien créateur et producteur à France Inter de l’émission « Affaires Sensibles »

Aujourd’hui, l’afrobeats est partout. Comment expliquer que ce son né au Nigéria, si spécifique et original, ait réussi à conquérir le monde en à peine dix ans ? Afrobeats : phénomène mondial part à la recherche de la recette magique derrière ce nouveau genre musical. Un documentaire et une enquête où se dessine le portrait d’une musique et d’une jeunesse globalisée propre à notre époque. Passionnant!

Cet article Notre entretien video avec Jojo Sk, pionnier de l’Afrobeats est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>