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Au Sénégal, la cherté du carburant choque. C’est d’ailleurs un record dans l’espace Uemoa malgré les 16 millions de barils de pétrole produits en 2024. Devant cette situation, les acteurs économiques commencent à perdre patience, le Gouvernement tempère. Les effets de l’exploitation du pétrole et du gaz tardent à se faire sentir. 

Comme chaque matinée du lundi à Dakar, le trafic est sérieusement ralenti sur l’autoroute menant vers le Centre-ville. Les chauffeurs sont obligés de marquer le pas. À la sortie d’une bretelle, l’ambiance est à son paroxysme. Le pouls du transport en commun bat très fort. Les rabatteurs et chauffeurs s’égosillent, appelant vers diverses destinations. Concentrés certes mais ils sont très intéressés par le prix actuel du carburant. 

Tee-shirt bleu, noirci par l’huile de moteur, Ismaila Sall, le visage fermé, exprime toute sa désolation. À ses yeux, le carburant est anormalement cher. « Depuis l’arrivée du nouveau régime de Bassirou Diomaye Faye, nous attendons la baisse du prix du carburant. Mais il n’en est rien depuis un an. Nous déplorons cette cherté. Payer 1,52 euro (1000 Fcfa), c’est encore cher payer. Le coût de la vie est élevé. Les ménages sont fatigués. Nous souffrons », se désole l’acteur du secteur des transports. 

À quelques mètres de lui, un groupe d’hommes est en pleine discussion. Les échanges portent sur la politique notamment sur la situation tendue entre le pouvoir et l’opposition. Le chef de garage, Abdou Fall même s’il est militant du parti au pouvoir affirme sa déception. « Il est inconcevable d’avoir le litre d’essence à 1,52 euro. Au Mali ça coûte moins cher. Il faut que l’État règle ce problème. Une grève n’est pas à écarter s’il n’y a pas de baisse dans les mois à venir », prévoit Abdou Fall. 

Pas encore d’effet de l’exploitation des hydrocarbures 

Le carburant coûte cher au Sénégal. D’ailleurs, le pays présente le prix du litre d’essence le plus élevé de la zone Uemoa. Il est vendu à 1,52 euros au moment où le litre coûte 1,30 euro en Côte, 0,75 euro au Niger, 1,06 euro au Bénin, 1,18 euro au Mali, 1,30 euro au Burkina Faso et 1,04 euro au Togo. 

Pour l’expert en Énergie et hydrocarbures, Mbaye Hadj, l’ajustement du prix carburant obéit a plusieurs logiques. « Il existe un dénominateur commun aux pays de l’UEMOA : le prix de revient des produits dérivés du pétrole à leur arrivée aux ports. Ce coût inclut trois composantes principales : le prix du pétrole brut, le coût du raffinage et les taxes portuaires, qui peuvent varier d’un pays à l’autre », souligne le spécialiste. 

À l’en croire, les prix à la pompe, même dans un espace régional homogène comme l’UEMOA, dépendent de plusieurs facteurs supplémentaires, tels que les coûts de transport et de logistique, les taxes spécifiques sur les produits pétroliers propres à chaque pays, et la marge des distributeurs.

Ainsi, il en déduit que le prix élevé du carburant au Sénégal par rapport à la sous région s’explique principalement par le niveau de ces taxes.  « Prenons l’exemple du Mali, où le carburant transite par le Sénégal. Les coûts de transport et de logistique y sont naturellement plus élevés qu’au Sénégal. Pourtant, les prix à la pompe y sont souvent plus bas. Cela s’explique probablement par une fiscalité moins lourde : le Mali applique sans doute moins de taxes sur le carburant que le Sénégal », souligne Mbaye Hadj. 

Au Sénégal, les taxes sur le supercarburant représentent 48,5 %, au moment où le Mali est à 27,82 %  et 34,9 % en Côte d’Ivoire. 

Le Gouvernement tempère 

Poursuivant son analyse, l’expert Mbaye Hadj considère que l’exploitation et la raffinerie du pétrole sénégalais par le Sénégal lui-même peuvent certainement contribuer à une baisse significative des prix des produits dérivés tels que le diesel, l’essence, le kérosène ou encore l’essence pirogue. Cette réduction, à ses yeux, aurait un effet domino positif sur l’ensemble de l’économie nationale.

Cependant, il note qu’une une telle dynamique nécessite une stratégie globale allant de la formation de compétences locales à la mise à niveau ou la construction d’infrastructures adaptées au traitement des hydrocarbures. « Concernant le gaz et la baisse de l’électricité : Le gaz naturel représente une opportunité majeure pour faire baisser le coût de l’électricité dans le pays, qui dépend encore à près de 70 % d’importations de fuel », dit Mbaye Hadj. 

Du côté du Gouvernement aucune date ou périodicité exacte n’est donnée pour satisfaire la demande concernant la baisse du prix du carburant. Pour le ministre du Pétrole et des Énergies, Birame Soulèye Diop, leGouvernement travaille avec l’ensemble des services concernés, sous la tutelle du Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines, pour une baisse des prix des produits pétroliers et de l’électricité, ainsi qu’un meilleur ciblage de la subvention. 

 

 

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La mine de fer de Simandou en Guinée: une souveraineté confisquée https://mondafrique.com/a-la-une/la-saga-de-la-mine-de-fer-de-simandou-une-souverainete-confisquee/ https://mondafrique.com/a-la-une/la-saga-de-la-mine-de-fer-de-simandou-une-souverainete-confisquee/#respond Mon, 05 May 2025 06:57:43 +0000 https://mondafrique.com/?p=132878 La compétition pour les matières premières a ressurgi à la faveur du second mandat de Donald Trump avec l’accord entre Kiev et Washington sur les « terres rares », puis entre les Etats-Unis et la République Démocratique du Congo. Dans un article récent, le Guardian voit dans ce dernier deal – « minerais contre paix » une […]

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La compétition pour les matières premières a ressurgi à la faveur du second mandat de Donald Trump avec l’accord entre Kiev et Washington sur les « terres rares », puis entre les Etats-Unis et la République Démocratique du Congo. Dans un article récent, le Guardian voit dans ce dernier deal – « minerais contre paix » une « résurgence de l’ordre ancien », rappelant les concessions de l’époque coloniale. Comme le concède le journal britannique, « l’ordre ancien » n’a jamais cessé. Si, en effet, la mainmise étrangère sur les ressources africaines se poursuit, elle se pare de nouveaux atours beaucoup plus subtils. Le célèbre gisement de fer situé en  Guinée Conakry en est le symbole. Voici notre enquète sur une saga emblématique, signée par Leslie Varenne

Simandou est le nom d’une montagne qui abrite l’un des plus grands et plus purs gisements de fer au monde. Elle incarne à la fois l’espoir toujours déçu d’une transformation économique de la Guinée Conakry et le symbole d’une souveraineté sans cesse repoussée. Après presque 30 ans de rebondissements dignes d’un thriller, qui peut croire qu’à ce jour pas un seul gramme de minerai n’a encore été extrait ? Les plus optimistes promettent la fin de cette malédiction pour 2025, d’autres tablent sur 2026. Mais comme on dit en Afrique de l’Ouest : « le temps est un autre nom de Dieu »…

Sékou Touré et la montagne oubliée

A l’indépendance en 1958, le premier président Sékou Touré proclame la souveraineté totale des ressources du pays. Lorsqu’est découvert le gisement au milieu des années 60, la Guinée socialiste manque de moyens techniques et financiers pour exploiter la montagne. Faute de capacité à agir seul, Simandou reste un vaste espace vert…

A la mort de Sékou Touré en 1984, Lansana Conté commet le premier coup d’Etat militaire, ce pays en connaîtra d’autres… Mais ce putsch signe le retour de la Guinée dans le giron de l’Occident. Avec l’ouverture économique, le nouveau pouvoir cherche des investisseurs étrangers, Simandou entre alors dans le radar des majors minières. En 1997, la montagne est divisée en quatre blocs qui sont tous attribués au groupe anglo-australien : Rio Tinto. Sauf que, depuis les années 1960, Canberra est l’un des principaux exportateurs mondiaux de minerai de fer. L’Australie vend principalement au Japon puis à la Chine, elle n’a donc aucun intérêt à extraire ce minerai en Guinée. En revanche, en préemptant le gisement, il anesthésie un concurrent et contrôle le marché. Pour donner du temps au temps, Rio Tinto multiplie les arguties : le coût exorbitant des infrastructures nécessaires et la faiblesse du prix de cette ressource à l’époque. La montagne demeure donc sous cloche…  

En 2008 après plus de dix ans de patience, Lansana Conté retire les blocs 1 et 2 à Rio Tinto pour les confier à BSGR, une société israélienne dirigée par Benny Steinmetz. La saga commence…

Dadis Camara et l’ouverture aux Chinois

Quelques jours après avoir officiellement signé ce nouveau contrat, le président guinéen, gravement malade, meurt. Le capitaine Dadis Camara perpètre un coup d’Etat pour s’emparer du pouvoir et hérite ainsi du dossier. Dans ce contexte d’isolement international lié au putsch, la junte cherche désespérément des financements. Apparaît alors un curieux et sulfureux personnage surnommé Sam Pa. Cet homme d’affaires sino-angolais, à la tête d’un réseau représentant le China International Fund, débarque à Conakry. Il promet plus de sept milliards de dollars de soutien financier et d’investissements dans les infrastructures, en échange de droits miniers sur le fer, la bauxite et d’autres ressources stratégiques du pays.

Les autres partenaires étrangers profitent de cette situation politiquement instable pour suspendre tous les investissements… mais pas les profits ! En avril 2010, sans se soucier de l’État guinéen, BSGR vend 51 % des parts de ses deux blocs au groupe minier brésilien Vale. Un joli coup, avec une superbe plus-value à la clé. Le Brésilien s’engage à débourser 2,5 milliards de dollars alors que Benny Steinmetz n’avait investi que 160 millions de dollars ! Après une série de contentieux entre les deux opérateurs, Vale ne finira par verser que 500 millions de dollars. Parallèlement, Rio Tinto fait une offre au groupe chinois Chinalco et lui propose de prendre 49 % des parts pour un montant de 1,35 milliard. Dadis Camara n’a pas été consulté, mais il ferme les yeux. Pendant les affaires, la montagne poursuit son profond sommeil…

Alpha Condé: le verrou de la bonne gouvernance

En 2010, Alpha Condé est élu président. Celui qui était alors surnommé « l’éternel opposant » est bien décidé à rattraper le temps perdu et s’attelle à réveiller le gisement dormant. Il entame un bras de fer avec Rio Tinto, renégocie le contrat et lui impose 700 millions de dollars de pénalités pour les retards accumulés dans le développement du projet. Il obtient également que 15 % des actions du projet soient octroyées gratuitement à l’État guinéen. L’anglo-australien qui souhaite que sa concession soit renouvelée obtempère.

Puis, il se lance dans la rédaction d’un nouveau code minier, qui voit le jour en septembre 2011. Ce texte impose la transparence avec des audits obligatoires, la publication des contrats, des appels d’offres, et ajoute des pénalités de retard dans le développement des projets. Le document oblige également toutes les sociétés étrangères à donner à l’Etat 15% d’actions gratuites, à former et employer des salariés locaux. Alpha Condé met fin aux contrats signés par Dadis Camara avec Sam Pa et annule plus d’un millier de petits contrats miniers.  

Mais pour mener à bien toutes ces opérations, Alpha Condé s’est entouré de faux amis qui transformeront Simandou en une longue bataille judiciaire et géopolitique. Son vieux camarade de lycée, Bernard Kouchner lui a présenté Georges Soros. Ce dernier instrumentalise le dossier guinéen pour régler de vieux comptes avec Benny Steinmetz et ne lésine pas sur les moyens[i]. Il met à la disposition de la Guinée son réseau tentaculaire d’ONG dont Natural Resource Governance Institute. Des équipes et avocats chassent la corruption et revoient les contrats signés avec le BSGR sous Lansana Conté. Commence alors une saga policière dans laquelle se retrouvent tous les ingrédients d’un roman de Gérard de Villiers. De Conakry à Miami, se croisent des intermédiaires louches, des ex agents de la CIA, le FBI. La traque paiera, il sera prouvé que la quatrième épouse de l’ex président a reçu des rétrocommissions[ii]. Débute alors la longue série de contentieux judiciaires entre l’Etat Guinéen, Soros, Vale et le BSGR dont le dernier épisode s’est joué  en mars 2025 en Suisse. Nicolas Sarkozy se joindra à ce capharnaüm juridique en se rendant à plusieurs reprises au Palais présidentiel de Conakry pour plaider la cause de Benny Steinmetz, en vain.

Lassé par l’omniprésence et la préemption de ce dossier par le milliardaire hongrois et son armada d’ONG et d’avocats, Alpha Condé congédie tout ce petit monde et reprend la souveraineté de la Guinée en main. Dans la foulée, il met fin en avril 2014 à la concession du BSGR en lui retirant les blocs 1 et 2 en raison des pratiques de corruption. Mais les procédures judiciaires et arbitrales internationales intentées par la société de Benny Steinmetz pèsent lourdement, toute nouvelle attribution pourrait en effet être contestée. Ce n’est qu’à la fin 2019, que la Guinée peut enfin trouver de nouveaux partenaires et signer avec le consortium sino-singapourien WCS. Désormais, si l’on ajoute les parts des blocs 3 et 4 vendus par Rio Tinto à Chinalco, deux tiers de la montagne s’apprêtent à être exploiter par Pékin. Son entrée dans le dispositif présente deux avantages importants : les Chinois souhaitent ne plus être dépendant du minerai de fer australien, ils n’ont donc aucun intérêt à bloquer l’extraction ; ils disposent de suffisamment de fonds pour financer les infrastructures nécessaires, ports, routes, lignes de chemin de fer, pour évacuer les matières premières.

En prétextant la bonne gouvernance et en alimentant la machine judiciaire Georges Soros et Benny Steinmetz ont donc prolongé le sommeil de Simandou pendant plus de cinq ans. La montagne était prête à se réveiller lorsqu’a surgit le coup d’Etat de septembre 2021. Un changement de régime brutal derrière lequel plane toujours l’ombre des Occidentaux[iii].

Mamadi Doumbouya et les 14 km de bureaucratie

Moins de 48 h après son putsch, l’ancien légionnaire français, tient à rassurer : « les contrats miniers en cours seront respectés ». Mais, les promesses n’engageant que ceux qui les croient, quelques mois plus tard, en mars 2022, Mamadi Doumbouya ordonne la suspension de toutes les activités sur le site de Simandou. Au nom de la souveraineté  il impose une renégociation des accords et exige la création de coentreprises entre Rio Tinto, Chinalco, WCS et l’Etat guinéen pour mutualiser la création d’infrastructures. Toujours aux noms de la souveraineté et de la transparence, s’ensuivent les études d’impact, les aménagements, les audits, les contrôles. A un point tel que Djiba Diakité, qui occupe la double fonction de directeur de cabinet du chef de l’Etat et Président du comité stratégique de Simandou confiera au magazine Forbes Afrique : « Si on met les documents contractuels bout à bout, c’est environ 14 kilomètres. » La phrase a fait florès en Guinée et restera dans les anales.

Au final, la bureaucratie a non seulement transformé la montagne en un goulot d’étranglement mais aussi en un sommet de complexité et d’opacité, qui peut lire ces dizaines de milliers de pages ?  La junte a fait de ce projet une vitrine, un des arguments de la future campagne présidentielle pour assurer l’élection de Mamadi Doumbouya. Elle vante son action pour une Guinée prospère, indépendante et assure que d’ici quelques mois, un an tout au plus, l’extraction pourra enfin commencer. Promesses ou mirage ? Sur les 625 km de voies ferrées nécessaires pour transporter le minerai entre le site minier et Morébaya sur la côte Atlantique moins de dix km de rails ont été posés, deux ponts sur les 200 prévus ont été inaugurés.

En outre, le gouvernement guinéen a, pour la plus grande joie de toutes les sociétés étrangères, abandonné la construction du port minéralier en eau profonde qu’elles devaient construire au sud de Conakry. Cette réalisation majeure, négociée à sous Alpha Condé, devait permettre l’exportation directe du fer de Simandou. Ce renoncement, en rase campagne, d’une infrastructure stratégique est un coup dur pour la compétitivité du secteur et pour l’économie du pays. Désormais, le jour où la montagne s’éveillera, il faudra utiliser des barges pour charger les navires en pleine mer… Pour quelles raisons un tel cadeau a-t-il été offert à Rio Tinto, Chinalco et WCS ? Mystère…

A ces problèmes logistiques et administratifs s’ajoute la découverte en Australie d’un méga-gisement, le plus grand au monde, 55 milliards de tonnes de minerais avec une pureté rare dans l’histoire de l’exploration minière. Quel est l’intérêt de Rio Tinto de continuer à investir en Guinée ? Quelles seront les prochaines surprises ?

De la préemption à l’instrumentalisation de la bonne gouvernance – concept noble mais trop souvent détourné au service d’intérêts économiques et géopolitiques – en passant par l’arme bureaucratique, cette saga illustre magistralement les mille et une manières de confisquer la souveraineté d’un État sur ses matières premières.  À ces mécanismes s’ajoute une contrainte fondamentale qui verrouille l’accès à l’indépendance : l’impossibilité pour les pays africains d’accéder à des financements à des taux raisonnables. Cette autre forme d’asservissement oblige le pays à s’en remettre aux investisseurs étrangers qui, au gré de leurs intérêts, préemptent, instrumentalisent et détournent au détriment des peuples, véritables propriétaires des richesses.

Finalement, le temps n’est pas toujours un autre nom de dieu…

Pour réaliser cette chronologie, outre les informations personnelles, je me suis appuyée sur de nombreuses sources ouvertes notamment sur l’excellente chronologie publiée en 2017 par l’agence Ecofin : https://www.agenceecofin.com/chronique/0910-50975-guinee-toute-la-chronologie-de-20-annees-d-echecs-sur-simandou

[i] La rivalité entre les deux hommes remonterait au début des années 1990, lorsque les hommes d’affaires occidentaux se disputaient les actifs stratégiques russes privatisés par Boris Eltsine.

[ii] Cette histoire est remarquablement bien décrite dans un très long article publié dans le New-York en 2013 et reprise pas Financial Afrik :  https://www.financialafrik.com/2013/08/12/la-guinee-cet-eternel-scandale-geologique-2/

[iii] https://www.whylconsulting.com/2021/09/06/qui-a-vraiment-fait-tomber-alpha-conde/
Et également dans  le chapitre consacré à la Guinée de mon dernier livre « Emmanuel au Sahel  itinéraire d’une défaite »

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Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique https://mondafrique.com/confidentiels/france/rejoignez-la-nouvelle-chaine-whattsapp-de-mondafrique/ Mon, 28 Apr 2025 02:18:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=107637 REJOIGNEZ LA CHAINE WHATTSAPP DE MONDAFRIQUE Mondafrique qui rentre dans sa onzième année d’existence le doit à ses fidèles lecteurs qui résident pour moitié en Europe (majoritairement en France, beaucoup au Canada) et pour moitié dans les pays du Maghreb (surtout en Algérie) , du Sahel (le Niger et le Mali en tète)  et du Moyen […]

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Mondafrique qui rentre dans sa onzième année d’existence le doit à ses fidèles lecteurs qui résident pour moitié en Europe (majoritairement en France, beaucoup au Canada) et pour moitié dans les pays du Maghreb (surtout en Algérie) , du Sahel (le Niger et le Mali en tète)  et du Moyen Orient (notamment le Liban).

Avec quelques 500000 visiteurs par mois pour le site fondé en 2014, 35000 abonnés sur Instagram et 5000 fidèles de nos pages WhatsApp (Afrique, Liban, Niger, Gabon, Algérie, Maroc…etc), « Mondafrique » a imposé une vision pluraliste et originale en matière d’information sur le monde arabe et africain. Depuis le début des guerres en Ukraine et au Moyen Orient, nous ne nous interdisons pas d’accueillir des analyses sur les grands équilibres mondiaux qui ne peuvent pas manquer de se répercuter sur le mode africain et maghrébin. 

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La crise de l’emploi fragilise le pouvoir sénégalais https://mondafrique.com/economie/la-crise-de-lemploi-fragilise-le-pouvoir-senegalais/ Sun, 27 Apr 2025 18:14:49 +0000 https://mondafrique.com/?p=132518 Au Sénégal, le nouveau régime incarné par le président de la République Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko peine à tenir une promesse électorale liée à la création d’emplois massifs pour les jeunes. Les autorités considèrent le secteur agricole comme la voie du salut, à travers des programmes de coopératives agricoles.  Ibrahima […]

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Au Sénégal, le nouveau régime incarné par le président de la République Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko peine à tenir une promesse électorale liée à la création d’emplois massifs pour les jeunes. Les autorités considèrent le secteur agricole comme la voie du salut, à travers des programmes de coopératives agricoles. 

Ibrahima Dieng (Correspondant à Dakar)

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D’une matinée du lundi au climat chaud et sec, l’ambiance de fête prévaut à Dakar. Les rues de la médina, à dix minutes du Centre ville sont animées. Des jeunes profitent des instants d’échanges chaleureux au tour du thé. Au bout d’une ruelle ouvrant vers le Boulevard Mamadou Dia, une horde de motos cyclistes attire les attentions. On en compte une trentaine. La particularité est que les jeunes conducteurs âgés entre 25 et 35 ans, sont debout ou assis derrière ces moyens de déplacement, guettant les potentiels clients. Le transport par moto est leur gagne-pain avec de modestes revenus qui varient entre 3,5 à 4 euros par jour.

Le visage barbu, corps suant à grosses gouttes, muscles saillants, Abdoulaye Fall pleure sur son sort. Titulaire d’un master en management depuis 2022, il peine à se faire une place sur le marché de l’emploi. Du coup, après les études, il s’est résigné à intégrer le transport informel par moto avec tous les risques encourus. « C’est le grand désespoir. Après deux années de chômage et de précarité, j’ai opté pour ce créneau car il n’y a pas de travail. Le marché est saturé », regrette-t-il, la mine renfrognée.

La même désolation anime son camarade Moustapha Sylla. Il est également conducteur de moto. Et c’est depuis bientôt trois ans. Il a quitté Mbour et son activité de pêche pour s’installer dans la capitale. « La mer a perdu ses ressources. Les poissons se font de plus en plus rare. Et j’ai basculé dans ce secteur. Les gains sont minimes, les lendemains incertains », décrie-t-il. Au Sénégal, plus de 300 000 demandeurs d’emplois sont enregistrés chaque année selon l’Agence nationale des statistiques et de la Démographie (Ansd). Cela dépasse largement le nombre de fonctionnaires qui est de 127 130 agents. 

Des licenciements massifs

Selon l’Agence nationale des statistiques et de la démographie (Ansd), pour le troisième trimestre de l’année 2024, le taux de chômage au Sénégal, a atteint 20,3 %, enregistrant une légère hausse par rapport au taux de 19,5 % observé à la même période en 2023, soit une augmentation de 0,8 point de pourcentage.

Au Sénégal, la tendance est à une perte d’emplois dans plusieurs entreprises publiques du pays. La situation est causée par un contexte économique et financier difficile mais également par des audits des différents personnels. L’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) par exemple a fini de mettre un plan social qui va sanctionner le départ d’une centaine de travailleurs. Cela fait suite à un audit organisationnel et des effectifs qui révélé des recrutements massifs entre 2022 et 2024 et des décisions peu heureuses qui ont précipité AIBD SA dans une situation préoccupante.

De 275 agents après la fusion avec l’Agence des Aéroports du Sénégal (ADS), en 2021, AIBD SA est passée à 938 agents entre 2022 et 2024, créant un déséquilibre financier alarmant ». « En 2024, AIBD SA a généré 7 milliards FCFA de ressources pour 23 milliards FCFA de charges. La Redevance de Développement des Infrastructures Aéroportuaires (RDIA) a été mise en gage pour payer des dettes, et l’État doit combler le déficit. Ce n’est plus possible. AIBD SA ne doit pas être un fardeau pour l’État. L’insoutenable masse salariale, le déficit structurel et les dysfonctionnements entravent les projets de développement », a souligné Cheikh Bamba Dièye.

Le Grand Théâtre National de Dakar s’étend sur six étages et comprend 206 salles, incluant des espaces de répétition, des zones techniques et des salles d’exposition.

Cette situation concerne également d’autres entités publiques. Le Grand Théâtre de Dakar a procédé récemment à une soixantaine de licenciements. Au Port autonome de Dakar, près de 700 employés dont les contrats sont arrivés à terme n’ont pas été reconduits. Récemment, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a procédé au licenciement de 156 agents contractuels du ministère. Selon le ministre, cette décision fait suite à une évaluation des 4500 agents recrutés sous contrat annuel par le ministère de la Santé. Cette question a été abordée le lundi 14 avril 2025 par le premier ministre Ousmane Sonko lors de son passage à l’Assemblée nationale. Il a parlé de licenciements techniques, avant de demander à ceux qui se sentent lésés DD saisir la Justice, qui se chargera de prononcer un jugement. 

L’agriculture, l’espoir!

 Pour renverser la tendance, le Gouvernement mise sur l’exploitation agricole. Dans ce cadre, le premier ministre Ousmane Sonko a lancé le 21 mars dernier, 1000 Coopératives productives solidaires (Cps). Elles sont au cœur d’un nouveau modèle économique axé sur l’économie sociale et solidaire. Elles ont pour mission de créer des emplois pérennes, renforcer le tissu communautaire et favoriser une économie ouverte à tous.

Plus de 10.000 acteurs devraient être regroupés en coopératives, favorisant ainsi la mutualisation des ressources et des compétences. Il est attendu la création de 21 000 emplois décents à l’horizon 2027.

« J’irai en guère contre la vie chère et le chômage ».  Le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye.

Des ambitions démesurées? Le Chef du Gouvernement sénégalais veut y croire.  » Nous portons beaucoup d’espoir quant à la capacité de ce programme à impacter, et ce de façon durable, les conditions de vie de nos concitoyens. Les  dynamiques modernes vers le développement endogène, l’économie sociale et solidaire (L’ESS) s’est positionnée comme un puissant instrument de politique de transformation socio-économique ». Et le même d’ajouter: « Notre programme vise également a formalisation, l’encadrement, la structuration et l’appui technique et financier des acteurs de l’économie sociale et solidaire aux fins de valoriser le potentiel économique des terroirs et de créer durablement à des emplois décents ».

Dans ce contexte économique et social tendu, les nouvelles autorités sénégalaises se cherchent afin de tenir une promesse électorale par la création d’emplois massifs. Maintenant reste à savoir si le forum sur l’employabilité et l’emploi et l’emploi que va présider le président de la République Bassirou Diomaye Faye accouchera de solutions concrètes. 

 

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De la friture sur la ligne entre le Sénégal et le FMI https://mondafrique.com/economie/de-la-friture-sur-la-ligne-entre-le-senegal-et-le-fmi/ Thu, 17 Apr 2025 17:22:37 +0000 https://mondafrique.com/?p=132025 Depuis 11 mois, le Sénégal attend en vain un décaissement d’environ 350 millions d’euros (230 milliards FCFA) du Fonds monétaire international. Un retard dû en partie par des irrégularités notées dans les comptes publics avec une dette qui a explosé à 99%. Devant cette situation, le premier ministre Ousmane Sonko considère que « trop d’importance est […]

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Depuis 11 mois, le Sénégal attend en vain un décaissement d’environ 350 millions d’euros (230 milliards FCFA) du Fonds monétaire international. Un retard dû en partie par des irrégularités notées dans les comptes publics avec une dette qui a explosé à 99%. Devant cette situation, le premier ministre Ousmane Sonko considère que « trop d’importance est accordée à cette institution de Bretton Woods », alors qu’il faut compter sur ses propres ressources pour le développement endogé et la souveraineté. 

Ibrahima Dieng

À l’issue d’une mission tenue du 24 mars au 9 avril 2025 à Abidjan, les services du FMI et les autorités ivoiriennes ont conclu un accord au niveau technique sur la quatrième revue du programme de réformes soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEC), ainsi que sur la troisième revue du programme climatique appuyé par la Facilité pour la résilience et la durabilité (FSR). Avec cet accord, ce pays attend deux nouveaux décaissements d’un montant cumulé de 740 millions de dollars, qui devront être validés prochainement par le Conseil d’administration du FMI.

Si la Côte d’Ivoire, première puissance de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), entrevoit un décaissement, c’est loin d’être le cas pour le Sénégal. En effet, depuis un an, le pays attend en vain des fonds de cette institution de Bretton Woods. Au mois de juin 2024, 230 milliards FCFA était attendu par le pays pour renflouer dans un contexte de déficit budgétaire élevé à 11%. « A l’issue de l’examen du Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), prévu en juillet, le Sénégal aura accès à 230 milliards de FCFA, si tout se passe bien », avait annoncé en conférence de presse, le chef de la mission du FMI au Sénégal, M. Gemayel, lors d’une réunion le mercredi 19 juin 2024 au ministère des Finances et du Budget.

Aujourd’hui près d’un an après, le constat est que malgré quatre réunions tenue entre les deux parties entre Washington et Dakar, les choses n’ont pas bougé, l’enveloppe attendue n’a pas été décaissée. Ce qui est sûr, est que le Sénégal a urgemment besoin de ces fonds. Car il y a quelques semaines, le président de la République Bassirou Diomaye Faye alertait sur une situation financière morose. « Nous sommes un État contraint dont les marges de manœuvre budgétaire et financière n’existent quasiment plus, une Administration républicaine, mais manquant de cohérence et figée dans des schémas dépassés, alors même que les réalités socio-économiques évoluent rapidement, marquées notamment par la transformation numérique et l’essor de l’intelligence artificielle », a regretté le président. 

Des irrégularités sur les comptes publics 

Au Sénégal, les nouvelles autorités ne cessent de dénoncer la gouvernance de l’ancien président de la République Macky Sall. Elle est caractérisée par le premier ministre Ousmane Sonko comme une catastrophe avec des chiffres masqués, « des détournements de deniers publics et des dettes cachées ». Dans son rapport publié en février, la Cour des Comptes estime que le taux d’endettement est de 99,67%, dépassant largement le ratio communautaire qui est de 70%. Le déficit budgétaire, lui, est estimé à 12% entre 2019 et 2023.

Devant cette situation, le Fonds monétaire international n’entend pas sortir un centime sans des mesures correctives et un retour à une situation normale. Ainsi, la première étape dans les semaines selon le chef de mission du FMI, Gemayel Edwards, c’est de pouvoir déterminer ce qui s’est passé, comment ça s’est passé et quelles sont les mesures que les autorités vont prendre afin d’éviter ceci, de se répéter dans le futur. « Une fois que nous avons tout ceci, nous allons présenter, soumettre un dossier au conseil d’administration du FMI.

Le Conseil a deux choix soit il va donner une dérogation aux autorités, une dérogation de ne pas rembourser le FMI, des décaissements qui ont eu lieu dans le passé sur la base de données erronées, en contrepartie de mesures correctrices. Et le deuxième choix, c’est de demander au Sénégal de rembourser le FMI sur ce qui a été décaissé sur base de fausses données », a clairement dit le représentant du FMI Toutefois, il considère que c’est une décision que le conseil d’administration éventuellement devrait prendre dans les semaines à venir.   

Le FMI surestimé pour Ousmane Sonko. 

Présent à l’Assemblée nationale, le lundi 14 avril 2025, le premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko n’a pas manqué d’aborder les relations avec le Fonds monétaire international dans un contexte où la polémique enfle sur l’absence de décaissement. Le Chef du Gouvernement estime que les gens Nous accorde  au FMI une importance qu’il na pas. « Quand le FMI devait dépêcher une mission à Dakar, c’est comme si le ciel tombait. Je pense que nous lui accordons une importance qu’il n’a pas. Il n’est qu’un partenaire. Nous ne quémandons pas et nous remboursons nos dettes à l’égard du FMI. Et Nous n’avons de leçon à prendre de qui que ce soit », a déclaré Ousmane Sonko devant les députés.  Bien avant cette mise au point, le même avait souligné  transparence.

« Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a refusé de démarrer sa gouvernance par des mensonges. Car les chiffres des finances publiques sont erronées et maquillées. Nous ne voulons pas commettre d’erreurs qui peuvent nous rattraper et aller à l’encontre des intérêts des populations. C’est notre choix car nous tenons à la transparence, à un endettement efficient et à une gestion rigoureuses », a expliqué le premier ministre Ousmane Sonko.

À l’en croire, c’est ainsi qu’une délégation conduite par le ministre des Finances et du Budget a été envoyée pour tenir un langage de vérité au FMI.

 

 

Compter sur soi-même 

 

Pour Ousmane Sonko, l’urgence est de compter sur soi-même au lieu d’attendre le FMI ou les autres partenaires. À ses yeux, le potentiel est important surtout si les ressources naturelles sont renégociées. « Nous travaillons à maximiser les retombées de nos ressources naturelles par une renégociation des contrats. Nous avons de l’or du phosphate, du pétrole et du gaz mais nous ne profitons pas assez de ces richesses », estime le Chef du Gouvernement du Sénégal. L’autre option selon est une meilleure citoyenneté fiscale. « Nous misons sur la souveraineté et ça a un prix . Les Sénégalais doivent se familiariser avec l’impôt afin d’élargir la base des investisseurs avec des taux acceptables », considère Ousmane. À côté, l’État du Sénégal compte mettre fin aux exonérations fiscales car les gouvernants considèrent que les multinationales « pompent les ressources sans payer normalement des impôts ». 

 

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Le tourisme en Côte d’Ivoire(4/4): le carnet de route de l’écrivain Venance Konan https://mondafrique.com/economie/le-tourisme-en-cote-divoire4-4/ Tue, 15 Apr 2025 05:27:31 +0000 https://mondafrique.com/?p=131808 La Côte d’Ivoire profite du temps de sa renaissance pour séduire plus de monde. Après la belle campagne victorieuse à la Coupe d’Afrique des Nations, Abidjan  a plus que jamais fière allure avec ses ponts à haubans, son architecture recherchée, ses routes neuves, ses lumières qui confirment sa réputation de ville lumière, ses restaurants, petits […]

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La Côte d’Ivoire profite du temps de sa renaissance pour séduire plus de monde. Après la belle campagne victorieuse à la Coupe d’Afrique des Nations, Abidjan  a plus que jamais fière allure avec ses ponts à haubans, son architecture recherchée, ses routes neuves, ses lumières qui confirment sa réputation de ville lumière, ses restaurants, petits ou grands, qui proposent une riche gastronomie, sa musique, ses habitants hospitaliers qui savent offrir un sourire ou un bon mot à l’inconnu de passage…

Un nouvel eldorado

Cette hospitalité traditionnelle, brouillée par les conflits de ces dernières décennies, est ce trésor que le ministère du tourisme ivoirien exploite pour transformer la Côte d’Ivoire en l’une des destinations touristiques les plus prisées d’Afrique grâce aux moyens sur lesquels le gouvernement ivoirien a décidé de mettre à la disposition de ce secteur.

Mondafrique vous propose ici le quatrième article d’une série consacrée au boom touristique ivoirien

Voici donc le carnet de route de notre ami Venance Konan, depuis Grand Bassam, la première capitale de la colonie de Côte d’Ivoire jusqu’à Assinie, autrefois Issiny, où les missionnaires capucins venus de Saint-Malo s’installèrent dès 1637 et jusqu’à Elima qui a vu se créer la première école de la Côte d’Ivoire, en 1887 en passant par l’admirable palais de Monin Bia à Ayamé.

Plusieurs fois primé pour ses enquêtes, reportages et chroniques, Venance Konan, à la suite de son premier roman « Les prisonniers de la haine » paru aux Éditions NEI en 2003, a publié de nombreux essais et romans dont « Edem Kodjo un homme, un destin » pour lequel il a reçu le grand Prix littéraire de l’Afrique noire en 2012.

A la découverte de Grand Bassam

Ce qui reste d’une des premières maisons de style européen construites en Côte d’Ivoire

La région du Sud-Comoé commence dès la sortie de la ville d’Abidjan. Sa première cité en venant d’Abidjan est Grand-Bassam qui se trouve à environ 15 kilomètres de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. La ville fut la première capitale de la colonie de Côte d’Ivoire, de 1893 à 1900, jusqu’à ce qu’à la suite d’une épidémie de fièvre jaune, la capitale soit transférée à Bingerville où l’air était plus salubre.

Pour se rendre à Grand-Bassam, on a le choix entre l’autoroute rectiligne d’une quinzaine de kilomètres, et l’ancienne route, plus sinueuse, mais plus pittoresque qui longe l’océan Atlantique. Elle est bordée d’ateliers d’artisans qui fabriquent des meubles, souvent en rotin, de quelques hôtels et de restaurants qui servent de succulents poissons et poulets braisés, mais aussi des mets européens.

A l’entrée de la ville, il faut obligatoirement s’arrêter au marché artisanal où des dizaines de vendeurs vous proposeront divers objets de l’art ivoirien, en bois ou en bronze. Il faut ensuite traverser rapidement le quartier Impérial pour se retrouver à la statue de la « marche des femmes ». Ce monument commémore la marche que des femmes ont effectuée du 22 au 24 décembre 1949 pour exiger la libération des militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui luttaient pour l’indépendance de leur pays et qui avaient été emprisonnés par les autorités coloniales. Le pont qui conduit au quartier France a été baptisé « pont de la Victoire » en hommage à cette marche. Le quartier France, cœur historique de la ville, situé entre la lagune et la mer, est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le monument aux morts français

Le quartier France s’apprécie mieux lorsque l’on le visite à pied. A gauche, juste après le pont, se trouve une rangée de vieux manguiers aux tronc noueux qui témoignent de leur grand âge. Ils apparaissent sur les plus vieilles images de la ville qui datent du début du siècle dernier. En face, sur un espace vide se trouve la tombe de Marcel Treich Laplaine, le premier administrateur colonial de la Côte d’Ivoire dont le nom fut donné au quartier de Treichville à Abidjan.

De l’autre côté de la lagune, se trouve la première maison close, pour ne pas dire le premier bordel du pays. L’histoire raconte que ce fut d’abord des hommes qui vinrent d’Europe sur les côtes africaines. Lorsqu’ils formèrent une colonie, le problème de leurs besoins sexuels se posa. On remarqua que quelques-uns allaient avec des femmes africaines. Ce qui heurtait la morale de certains bien-pensants en France. Il fut alors décidé de construire un bordel et d’y faire venir des femmes blanches. C’est plus tard que les épouses des colons les rejoignirent. Cette maison est aujourd’hui un hôtel.

En allant tout droit après le pont, l’on tombe sur le vieux tribunal toujours fonctionnel, et en bifurquant sur la gauche, l’on passe devant l’ancien palais des gouverneurs qui est l’actuelle préfecture de Grand-Bassam, contigüe à l’ancienne résidence des mêmes gouverneurs, aujourd’hui musée du costume, l’ancienne poste qui est en train d’être transformée en « maison des artistes », le petit village des rastas, et la première école de la ville. Au bout de la rue se trouve le monument érigé en hommage aux victimes de la fièvre jaune qui décima la population européenne de la ville. Il y est inscrit : « A ses enfants tombés en Côte d’Ivoire, la France reconnaissante. » Derrière ce monument se trouve la « Commanderie » où résida Treich Laplaine. Tout le long du bord de la mer, jusqu’au village d’Azureti, se succèdent des hôtels et des restaurants de toutes les classes.

Certaines des vieilles maisons de style colonial ont été bien conservées ou rénovés par les nouveaux propriétaires, mais bon nombre d’entre elles sont complètement en ruine. Chacune des maisons raconte une histoire, celle des premiers Européens à avoir mis les pieds sur ce territoire, celle aussi des premiers Libanais, auxiliaires des Européens qui allaient acheter le café et le cacao à l’intérieur du pays et tenaient les commerces. Quelque part, au détour d’une rue, l’on tombe sur le plus vieux cinéma en plein air du pays, aujourd’hui abandonné. Il y a aussi dans les environs, la maison où le savant français Raymond Borremans vécut et rédigea son volumineux dictionnaire encyclopédique sur la Côte d’Ivoire. Elle a été transformée en fondation. Plus loin l’on trouve le palais du roi des Nzima, l’un des deux plus importants groupes ethniques de la ville. Dans le quartier de Moossou se trouve un autre palais, celui du roi des Abouré, l’autre groupe ethnique.

Jouxtant le quartier des Européens, se trouve celui des « indigènes » comme l’on appelait les premiers habitants de la ville au temps des colonies, et au bout se trouve l’embouchure où le fleuve Comoé qui donna son nom à la région se jette dans la mer. On peut y admirer les pirogues colorées des pêcheurs ghanéens. Chaque année, à la fin du mois d’octobre et jusqu’au début de mois de novembre se tient l’Abissa, la fête de réjouissance du peuple Nzima et qui marque le début de la nouvelle année dans leur tradition. C’est une sorte de carnaval qui dure plusieurs jours.

Assinie, le Saint Tropez ivoirien

 

De Grand-Bassam, pour se rendre à Assinie, l’on a le choix d’emprunter la nouvelle autoroute d’une trentaine de kilomètres qui longe le canal creusé depuis Grand-Bassam qu’empruntent les propriétaires de bateau, ou l’ancienne route qui traverse les villes très encombrées de Yaou, Bonoua et Samo. Mais l’une et l’autre route, ainsi que le canal, débouchent sur Assouindé, gros village situé entre la lagune et la mer, où fut tourné le film français « les Bronzés » en 1978. On y trouve de nombreux hôtels de toutes catégories.

Assouindé est séparé de la petite ville d’Assinie-Mafia par une langue de terre d’une vingtaine de kilomètres située entre la lagune et la mer. Assinie, autrefois appelée Issiny, fut le premier endroit où des Français, précisément des missionnaires capucins venus de Saint-Malo, s’installèrent dès 1637, dans ce qui deviendra la Côte d’Ivoire. Plus tard, le chevalier d’Amon et l’amiral Jean-Baptiste du Casse, directeur de la Compagnie du Sénégal, furent reçus par le roi d’Assinie et ramenèrent en France le prince Aniaba et son cousin Banga qui furent présentés au roi Louis XIV. Ils se convertirent au catholicisme, et Aniaba fut baptisé par Bossuet, l’évêque de Meaux. Ils devinrent des officiers dans le Régiment du roi, avant de retourner à Assinie vers 1700. Aniaba qui ne retrouva pas le trône royal d’Assinie auquel il croyait avoir droit mais qui était occupé par un autre roi en son absence, devint conseiller du roi de Quita dans l’actuel Togo et l’on perdit ses traces.

Assinie est le Saint-Tropez ivoirien, là où les grosses fortunes du pays ont construit de luxueuses villas où ils vont passer leurs week-ends. Le président de la République et de nombreux ministres y ont aussi leurs résidences de week-end. De nombreux hôtels de haut standing ont été construits sur tout le pourtour de la lagune et au bord du canal qui débouche sur la lagune Aby et que sillonnent à longueur de journée des jet-skis pilotés par de jeunes gens. La lagune Aby sert de frontière entre la Côte d’ivoire et le Ghana. Contrairement à Grand-Bassam où la mer est très houleuse, ce qui rend la natation assez risquée, celle d’Assinie est calme et l’on peut y marcher sur de longues distances. La plage de sable blanc est toujours très bien entretenue.

En face d’Assinie, au milieu de la lagune Aby, se trouvent les six îles Ehotilé constituées en parc naturel par l’Etat de Côte d’Ivoire. Elles abritent plusieurs espèces d’oiseaux, mais également des mammifères tels que les chauves-souris, que les riverains considèrent comme le signe de la présence de leurs parents disparus, et les lamantins. L’une de ces îles abrite le cimetière des premiers habitants. Aujourd’hui plus personne ne vit sur ces six îles.

Elima, la première école ivoirienne

Pour poursuivre vos pérégrinations dans le Sud-Comoé à partir d’Assinie, il faut emprunter l’ancienne route et marquer un arrêt dans la petite et coquette ville d’Adiaké. Elle est située au bord de la lagune Aby et possède un vieux quartier de style colonial ainsi que de bonnes infrastructures hôtelières. En face d’Adiaké se trouvent les villages d’Eboué, Adjouan, Aby et Elima que l’on peut rallier en pinasse. Si l’on trouve à Eboué un hôtel de bon standing, ce n’est pas le cas des autres villages.

Il ne reste plus aujourd’hui que quelques pans du mur de la première école construite en Côte d’Ivoire.

Par contre, Elima a la particularité d’avoir vu se créer la première école de la Côte d’Ivoire, en 1887, par un Français venu d’Algérie du nom de Fritz-Emile Jeand’heur. Elle comptera à ses débuts 33 écoliers africains.

A quelques pas de cette école, sur une colline surplombant la lagune Aby, se dresse ce qui reste de ce que l’on appela la « première ambassade de France en Côte d’Ivoire », mais qui fut en réalité la première maison de style européen dans le pays. Ce fut une grand et belle maison aux murs épais, construite par Arthur Verdier qui introduisit le premier la culture du café en Côte d’ivoire. La maison, en ruine est presqu’entièrement recouverte par la végétation.

Les premiers magasins où André Verdier exposa son café

C’est le 7 avril 1880 qu’Arthur Verdier obtint du roi Amon N’doffou II les droits exclusifs de la culture du café à Elima. Il défricha dans un premier temps 100 hectares de forêt vierge, qu’il porta à plus de 300 hectares six ans plus tard. Les magasins dans lesquels il entreposait son café avant de l’expédier en Europe sont toujours visibles à Elima, au pied de sa résidence et à côté de l’école.

Ayamé, l’incroyable palais Monin Bia

Après avoir rejoint la route d’Assinie en sortant d’Adiaké, prendre sur la droite jusqu’à la petite ville de Samo, puis prendre encore à droite, en direction de la frontière ghanéenne. Aboisso, la plus grande ville et chef-lieu de la région du Sud Comoé, se trouve à une cinquantaine de kilomètres, au bord de la rivière Bia. En dehors de ses richesses touristiques, la région du Sud Comoé est riche en agriculture. C’est là que l’on trouve les plus grandes plantations de cacao, de café, de palmiers à huile et d’hévéa. Aussi trouve-t-on à Aboisso de nombreuses maisons « à étage » comme on dit, signe de richesse en Côte d’Ivoire. Mais à vrai dire, il n’y a rien de spécial à voir à Aboisso. A part peut-être la pierre en forme de phallus de l’hôtel Le Rocher.

Il faut plutôt aller jusqu’à Ayamé, trente kilomètres plus loin, sur une route cahoteuse, pour voir les deux premiers barrages hydro-électriques de la Côte d’Ivoire, que surplombe l’incroyable palais Monin Bia de l’excentrique défunt avocat Dominique Kangah, grand amateur et collectionneur d’art. Le palais, construit sur une colline qui domine la ville d’Ayamé et le lac du premier barrage, est constitué de sept chambres et une suite présidentielle, plusieurs salons, une salle de conférence, tous richement décorés de tableaux de maîtres, de sculptures, et un théâtre, car le maître des lieux était fou de cet art. Il écrivait des pièces de théâtre qu’il jouait pour ses invités ou pour lui seul. Le palais dispose aussi d’une incroyable salle à manger avec une table qui peut recevoir jusqu’à 80 convives. Il est surmonté d’un dôme qui culmine à 21 mètres de hauteur et permet d’admirer les magnifiques jardins à la française du palais. L’on raconte que le jardinier français qui conçut ces jardins fut si bien payé qu’il s’installa à Ayamé au bord du lac où il construisit un hôtel.

De retour à Aboisso, continuer sur la route du Ghana, puis quelques deux ou trois kilomètres après la sortie de la ville, prendre sur la droite la route de Krindjabo qui se trouve à cinq kilomètres. C’est la capitale du royaume Sanwi, un sous-groupe de l’ethnie Agni qui s’installa sur le territoire ivoirien vers la fin du XVIIème siècle.

Le roi du Sanwi, royaume au sud-est de la Côte d’Ivoire, où eu lieu la cérémonie d’intronisation de Michael Jackson en tant que prince, lors de sa visite en 1992. – Amandine Réaux

En 1992, le chanteur américain Michael Jackson visita le village où il avait été persuadé qu’il avait ses origines. Il y fut intronisé prince du Sanwi, sous le nom d’Amalaman Anoh. Le gros arbre appelé Krindja (Krindjabo signifiant « sous le krindja ») planté au beau milieu du village et le palais du roi constituent les principales curiosités de la localité. Le royaume Sanwi, qui englobe les localités d’Assinie, Aboisso et de Maféré réclama, en vain, son indépendance vis-à-vis de la Côte d’Ivoire au début des années soixante, en vertu d’un traité que l’un de ses rois signa avec la France en tant que royaume autonome, avant la colonisation formelle de la Côte d’Ivoire en 1889.

Toujours sur la route du Ghana, quelques vingt kilomètres plus loin, une voie sur la droite conduit au village d’Elima où se trouvent les vestiges de la première école créée en Côte d’Ivoire et de la première maison de style européen. L’on atteint Elima en traversant de grandes plantations de palmiers à huile.

De retour sur la route du Ghana, quelques cinq cent mètre plus loin, prendre sur la gauche pour aller découvrir la grouillante cille de Maféré et son hôtel Fama-bio situé au bord d’un lac artificiel, avec son mini zoo qui fait la joie des enfants et même des parents.

Enfin, pour clore votre promenade, avant d’atteindre la frontière ghanéenne, prendre sur la gauche et traverser les plantations de palmier à huile pour aller découvrir la petite et charmante ville de Tiapoum, elle aussi au bord de la lagune Aby.

Le tourisme en Côte d’Ivoire (3/4), la sauce gouagouassou au menu des restaurants huppés

 

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Le Gazoduc Afrique Atlantique, 13 pays et 25 milliards de dollars https://mondafrique.com/a-la-une/le-gazoduc-afrique-atlantique-13-pays-et-25-milliards-de-dollars/ Fri, 11 Apr 2025 03:25:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131564 Le Gazoduc Afrique Atlantique (Nigéria – Maroc) a été initié par le Maroc, en décembre 2016, à l’occasion d’une visite du Roi Mohamed VI au Nigéria. Evalué à 25 milliards de dollars, ce méga projet reliera le Maroc au Nigéria par la façade Atlantique, traversant 13 pays avant d’atteindre l’Europe. Paul AMARA, Consultant, Centre4s Long […]

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Le Gazoduc Afrique Atlantique (Nigéria – Maroc) a été initié par le Maroc, en décembre 2016, à l’occasion d’une visite du Roi Mohamed VI au Nigéria. Evalué à 25 milliards de dollars, ce méga projet reliera le Maroc au Nigéria par la façade Atlantique, traversant 13 pays avant d’atteindre l’Europe.

Paul AMARA, Consultant, Centre4s

Le tracé prévisionnel du projet de gazoduc Nigeria-Maroc, qui traversera 13 pays de la côte ouest-africaine.

Long d’environ 5600 – 6800 km, ce Gazoduc assurera aussi la sécurité énergétique de ces pays côtiers et de l’Alliances des États Sahéliens (AES). A titre d’exemple l’un des pipelines les plus connus est le North – Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne sur 1234 km et large de 48 inches. A travers le monde il existe  3.859.000 km de pipelines transportant 5 billions de tonnes de gaz.

Le pipeline GAA aura une capacité de 30 milliards de mètres cube de gaz par an. Les premières cargaisons seront acheminées, dès 2029. Modèle de coopération Sud-Sud, il offrira à l’Union européenne une alternative ou un complément au gaz russe. Il s’intègre à l’Initiative Atlantique, autre chantier marocain, destinée à favoriser l’accès du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad à l’Océan Atlantique.

 « Le gazoduc transsaharien » concurrent

                      

Le Projet a un ainé, ou un concurrent régional immédiat: le gazoduc transsaharien, le NIGAL, Nigéria-Algérie. Dans certains documents, il est aussi désigné Trans-Saharan Gas-Pipeline (TSGP), et devrait relier le Nigéria à l’Algérie, à partir de 2027 avec du gaz naturel vers l’Europe. L’idée date des années 1980. Cependant, pour diverses raisons, l’accord sur sa mise en œuvre a été signé seulement le 3 juillet 2009, par les gouvernements du Nigeria, de l’Algérie et du Niger, 30 ans plus tard. L’Union européenne y était favorable, espérant diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz. 

Les deux pays, riches en ressources naturelles, affirmaient alors disposer des fonds nécessaires pour son financement. Lors du 27è sommet extraordinaire de l’Union africaine, des 17et 18 juillet 2016, à Kigali, Rwanda, le Nigéria annonçait que le capital du Gazoduc sera détenu, à 90%, par la Sonatrach (Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures de l’Algérie) et la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), son homologue nigérian, et à 10% par la Compagnie nationale du pétrole du Niger. Présentement, son lancement est pour le moins gelé.

Un retard de trente ans.

Problème: au Nigeria même, le delta du Niger est infesté de groupes terroristes et autres qui sabotent régulièrement les installations de l’énergie, siphonnant le pétrole. Au Niger, le nord est sous la menace permanente de diverses rebellions. En Algérie, le sud désertique est également à portée de fusil de groupes terroristes. Les dernières nouvelles de ce projet remontent au 28 juillet 2022, lors de la troisième réunion Algérie, Niger et Nigéria à Alger. À cette occasion, un protocole d’accord est signé. Le contexte géopolitique et énergétique d’alors, marqué par la hausse des prix des hydrocarbures, provoquée par le déclenchement de la guerre Russie – l’Ukraine, le 24 février 2022, a favorisé cette action. L’Algérie fournissait alors 11% du gaz naturel européen contre 47% pour la Russie. Le coup d’État, survenu au Niger, les 26 et 27 juillet 2023, a mis ce pays sur la liste des états sous sanctions, fragilisant alors le projet.

Constatant dès 2016 ces différents retards, le Roi du Maroc proposa le projet du Gazoduc Africain Atlantique. Un premier accord est alors paraphé fin 2016. Le gouvernement fédéral du Nigéria donna son accord pour la signature d’un protocole entre la NNPC et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce pipeline serait aussi une extension d’un gazoduc acheminant déjà le gaz du sud du Nigéria vers le Bénin, le Ghana et le Togo, depuis 2010.

Le Nigéria et l’Algérie possèdent les plus grandes réserves de gaz naturel d’Afrique. En 2024, le premier comptait 210 trillions de pieds cubes, l’Algérie (159) et le Maroc (39 milliards). Dans le domaine du pétrole, le Nigéria arrive en deuxième position en Afrique, avec 36,9 milliards de barils – 35% des réserves de brut du continent – et près de 80% de celles de l’Afrique subsaharienne. L’Algérie se classe troisième avec 12,2 milliards de barils.

Quelques enjeux du gazoduc.

Les enjeux du gazoduc sont à la fois politiques, économiques et géostratégiques. Plusieurs pays africains connaissent un taux d’électrification inférieur à 40%. Le géant Nigéria y est compris : souffrant de coupures et amenant les populations, qui le peuvent, à s’équiper en générateurs, qui engendrent pollution et autres nuisances, sans compter le prix du fuel. Le gazoduc permettrait à ces pays de produire plus d’électricité à base de centrales thermiques fonctionnant au gaz naturel. Avec l’énergie en continu, leurs économies gagneraient en productivité et rentabilité. Le secteur agricole devrait aussi prospérer en ce sens que le gaz permet de fabriquer des engrais essentiels. Avec la guerre Russie – Ukraine, leurs prix ont explosé.

Le Maroc et le Nigeria ont présenté le gazoduc comme un facteur d’intégration économique en Afrique de l’Ouest. Il s’ajouterait au réseau de gazoducs de moindre envergure qui approvisionnent déjà l’Europe via la mer Méditerranée. La Chine, qui a investi dans l’industrie pétrolière nigériane, souhaite croiser ce pipeline avec son initiative ‘’ La Ceinture et la Route’’. Lancée en 2013 cette initiative se veut une plateforme internationale destinée à renforcer les liens économiques, diplomatiques, politiques et culturels entre pays. La Russie est aussi intéressée par ce Gazoduc Africain Atlantique, y voyant un moyen de contourner les sanctions imposées par les pays occidentaux, en réorientant certains investissements vers l’Afrique.

Les défis du financement.

Cependant le projet fait face à un déficit de financement. Avec moins de ressources financières que l’Algérie, le Maroc tente toutefois de se hisser au rang de leader dans ce domaine. Cette ambition amène le Royaume à soutenir les investissements extérieurs dans ce secteur dans l’objectif de dépasser le cadre national au profit du régional. Simultanément, il renforce ses relations interétatiques, visant la satisfaction des besoins des consommateurs. Ces efforts ont été loués par une plateforme spécialisée dans le secteur énergétique, ‘’TAQA’’ (Arabic for Energy), un Holding des Émirats Arabes Unis opérant dans le pétrole, le gaz, les pipelines, l’énergie et la désalinisation. Cette plateforme a braqué ses phares sur le Gazoduc, le classant parmi les sept projets énergétiques les plus importants du continent africain. Ceux-ci englobent des pipelines pétroliers, des gazoducs, des raccordements électriques et des exploitations minières. Ce soutien de TAQA ira-t-il jusqu’à une prise de participation dans le Gazoduc ? Ça serait un succès diplomatique et financier. Évalué à 25 milliards de dollars, le GAA devrait aboutir à un accord budgétaire cette année. Le franchissement de cette étape de la décision finale d’investissement est indispensable au lancement des travaux de construction proprement dits. Le capital du Gazoduc accueillerait une palette d’investisseurs : des fonds souverains, des banques de développement ou commerciales et des géants pétroliers.

En mars 2024, Mme Amina Benkhadra directrice générale de l’Office national marocain des hydrocarbures et des mines (ONHYM) a annoncé la création d’une entreprise pour superviser le financement, la construction et l’exploitation du projet. Le mégaprojet y gagne en substance. Pilote de l‘initiative, côté marocain, Ms Amina Benkhadra, a confirmé que les études de faisabilité et d’ingénierie détaillée en deux phases sont achevées. En outre, les études d’impact environnemental, indispensables au montage financier et la conformité aux exigences des bailleurs de fonds, ont été entamées en 2024.

Le Gazoduc empruntera essentiellement un tracé Offshore jusqu’à Dakhla, Sahara occidental, avant de longer la côte Atlantique en On shore, pour se raccorder au Gazoduc Maghreb – Europe (GME) fermé depuis des décennies. Il traversera plusieurs pays ouest-africains: Bénin, Togo, Ghana,  Côte-d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone,  Guinée, Guinée-Bissau, Gambie,  Sénégal et  Mauritanie. Les pays de l’AES bénéficieront de cette infrastructure via des extensions. Le projet est aussi la continuation de celui de Lagos – Takarosli  (Ghana) via le Benin et le Togo avant de se diriger vers Abidjan et Tanger à travers la côte atlantique.

A partir de Tanger il passe par le détroit de Gibraltar pour aboutir à Cadix en Espagne où il rejoindra l’ex pipeline Algérie Maroc Espagne. Une étude de faisabilité datant de 2017 et 2019 a été réalisée par les Sociétés en charge du projet actuel: le Nigeria National Oil Company et l’Office Chérifien des Phosphates.

 Selon Mme Benkhadra, les données collectées démontrent la compétitivité du projet en comparaison au gaz naturel liquéfié en termes de coût et capacité et transport. Ce premier tronçon partira du Sénégal – Mauritanie jusqu’au Maroc puis l’Europe. Parallèlement, avancera la seconde phase reliant le Nigéria à la Côte-d’Ivoire. Ces deux premières phases seront mises en service en 2029. La troisième étape consistera à procéder au raccordement central, avec la liaison des segments secondaires. Concrétisant la construction de ces deux premières phases, le Maroc annonçait le lancement d’un appel d’offres en novembre en 2024 affichant ainsi sa volonté d’accélérer la réalisation de cette infrastructure qui va transformer le marché énergétique de la région.

Le 12 novembre 1984, le Maroc quittait l’Organisation de l’Unité africaine protestant contre la reconnaissance par celle-ci d’un état sahraouie. Au cours du 28e sommet de l’Union Africaine tenu à Addis-Abeba, les 30 et 31 janvier 2017, le Roi Mohammed VI a constaté ‘’la flamme éteinte de l’Union du Maghreb Arabe (UMA)’’ dont sont ou étaient membres l’Algérie, la Libye, le Maroc justement, la Mauritanie et la Tunisie. Le 12 février de la même année, le Maroc déposait, officiellement, sa candidature à l’adhésion à la CEDEAO. Le Royaume est à la recherche d’une vaste zone pour stimuler et étendre son économie. Jusque-là, il avait obtenu un ‘’accord de principe’’ et un ‘’statut d’observateur’’. 

À l’exception de la Mauritanie et du trio de l’AES, les autres pays intéressés par le Gazoduc sont membres de la CEDEAO. Le Maroc va-t-il forcer la main à l’institution par le ceinturage stratégique de ses membres ?

Au large des côtes, loin des zones terroristes du Sahel, le Gazoduc Afrique Atlantique  devrait constituer un facteur de développement exceptionnel et à ce titre méritant soutiens diplomatiques et financiers et de tous.  

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Georges Arthur Forrest plaide pour l’autosuffisance alimentaire de l’Afrique https://mondafrique.com/a-la-une/georges-arthur-forrest-un-milliardaire-qui-croit-en-lafrique/ Thu, 10 Apr 2025 05:53:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131438 Né en 1940 à Lubumbashi, une ville minière de l’ancienne grande province du Katanga au dud de la République Démocratique du Congo (RDC), George Arthur Forrest dirige le Groupe Forrest International, l’un des piliers de l’industrie africaine. Fort de plusieurs décennies d’expérience, il milite pour une Afrique fière de ses richesses et déterminée à exploiter […]

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Né en 1940 à Lubumbashi, une ville minière de l’ancienne grande province du Katanga au dud de la République Démocratique du Congo (RDC), George Arthur Forrest dirige le Groupe Forrest International, l’un des piliers de l’industrie africaine. Fort de plusieurs décennies d’expérience, il milite pour une Afrique fière de ses richesses et déterminée à exploiter pleinement son potentiel.

Le plaidoyer de cet homme d’affaires qui a connu un succès éclatant dans des domaines aussi variés que la banque, les mines, le génie civil, l’aviation ou l’énergie, aura nécessairement un écho au delà de son propre pays sur un continent qui affirme avec force sa volonté de devenir maitre de son destin. Voici plus qu’un livre, une véritable boussolle, pour tout dirigeant africain souhaitant joindre les actes aux professions de foi (Éditions Le Cherche Midi, 18,50 euros).

Un entretien de l’auteur avec Nicolas Beau, directeur de Mondafrique

 

Terres fertiles à perte de vue, main-d’œuvre jeune et abondante, climat favorable… L’Afrique possède tous les atouts pour nourrir sa population et bien au-delà. Pourtant, chaque année, elle importe pour 35 milliards de dollars de denrées alimentaires, tandis que près d’un quart de ses habitants souffre de sous- alimentation.

Ce constat accablant, George Arthur Forrest l’expose avec clarté dans ce  livre préfacé par l’ancien préssident Macky Sall, qui en 2016 avait lancé au Conseil de Sécurité de l’ONU l’initiative « Eau, paix et sécurité », née du constat que 1,5 milliard d’Africain(e)s était privé de tout accès à l’eau potable.

Une Afrique souveraine

Et si l’Afrique cessait d’importer les produits alimentaires qu’elle consomme pour devenir un acteur clé de la production agricole mondiale ? C’est tout l’enjeu du nouveau livre de George Arthur Forrest, « L’Afrique peut nourrir le monde ». Avec une vision lucide et sans concessions, cet entrepreneur engagé livre un plaidoyer puissant pour une transformation agricole capable de libérer le continent de sa dépendance alimentaire et d’ouvrir la voie à une véritable souveraineté économique.

Georges Arthur Forrest: « La faim en Afrique est une douloureuse défaite collective »

 

Mondafrique. Pourquoi ce livre écrit, dites-vous, « avec plaisir et avec hargne », qui est consacré à un sujet sur lequel on ne vous attendait pas forcément?

Georges Arthur Forrest Il y a urgence! L’Afrique est la région du monde qui manque le plus de nourriture avec plus de 278 millions de personnes souffrant de sous alimentation, soit une personne sur cinq, et jusq’à 44% de la population en Afrique de l’Est. Or si le continent comptait 800 millions d’habitants au début des années 2010, les projections des Nations Unies envisagent jusqu’à 2,7 milliards d’Africains en 2050 et même 4,5 milliards à l’horizon 2100. Le boom démographique n’est pas sans contraintes positives. Il faudra nourrir toujours plus d’Africains? Et bien relevons le défi!

Or dans mon pays, le Congo, où il pleut neuf à dix mois par an et où nous possédons les terres les plus fertiles du monde, 10% seulement des 40 millions de terres irrigables sont exploitées! Et plus du quart de la population congolaise est sous-alimenté. Nous devons remettre le grenier de nos pays à l’intérieur de nos frontières, c’est en tout cas mon rève. 

Mondafrique. Pourquoi la nécessité pour l’Afrique d’assurer sa sécurité alimentaire est-elle plus forte que jamais?

Georges Arthur Forrest. La crise russo-ukrainienne, localisée en Europe, touche fortement l’Afrique. L’enjeu de la souveraineté alimentaire est devenu clair pour tout le monde. Durant les premières heures de la guerre, le risque d’une famine est apparu pour des millions d’Africains sur un continent qui importait l’essentiel de sa consommation de blé et de maïs de l’étranger: quatre milliards de dollars de produits agricolesen provenance de la Russie en 2020, trois milliards de dollars venus d’Ukraine. 

Mondafrique  Pour quelle raison ce continent qu’on dit si peu propice au développement a-t-il fait l’objet de tant de convoitises de la part de l’Occident?

Georges Arthur Forrest  Justement parce que l’Afrique a des atouts uniques au monde, dont la jeunesse de sa population, la richesse de son sous sol, la qualité de ses teres. J’ai l’intime conviction que les Nations qui la composent peuvent regagner, voire gagner, leurs souverainetés économique et politique. Cee n’est pas une chimère de penser que l’Afrique peut se nourrir elle mêeme et mieux nourrir le monde entier. A condition de déconstruire le schéma dans lequel elle s’est trop souvent emprisonnée.

La place de l’Afrique dans le monde

Mondafrique. Quelles sont les raisons de ces retards africains en matière agricole?

Georges Arthur Forrest.  On les connait pour la plupart: les effets des changements climatiques, le défaut d’infrastructure, la question des savoirs. Nous pratiquons encore une agriculture de type familial. La révolution démographique est une opportunité. Nous allons avoir une des jeunesses les pplus actives, les plus hétéroclites, les plus dynamiques de la planète. Il faut investir sur elle. Ce que je fais en finançant des fondations pour fabriquer en Afrique des poles d’excellence.

Mondafrique. La question politique est-elle au coeur des difficultés rencontrées?

Georges Arthur Forrest. Les luttes armées déplacent les populations, perturbent la production et provoquent des famines. Comme je l’écris dans mon livre, j’ai une pensée pour nos compatriotes de l’est de la RDC qui vivent un drame absolu, pris dans un conflit interminable qui a déja fait couler trop de sang et de larmes. Comment asseoir l’ambition agricole et industrielle sans garantire l’essentiel, à savoir la paix et la sécurité? La réponse est contenue dans la question que je formule par provocation.

Mondafrique. Quelle aide attendez vous de ce qu’on appelle la communauté internationale?

Georges Arthur Forrest. Mon propos n’est pas de dénoncer un quelconque interventionnisme international, ou l’inflation des résolutions qui ont été prises à propos de notre continent ces dernières années. L’expertise étragère est importante tant que nous n’aurons pas adopté un certain nombre de réformes otamment sur le plan bancaire pour assurer une forme de sécurité aux investisseurs venus d’ailleurs.Le moment viendra pourtant où il faudra poser la question d’un membre africain permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU.L’entrée de l’Union Africaine au sein du G20 lors du sommet de New Dehli en 2023 est une véritable révolution géopolitique passée largement inaperçue.

L’Afrique doit se faire toute sa place à la table des investisseurs et des décideurs de la planète.

 

 

 

 

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Le tourisme en Côte d’Ivoire (3/4), la sauce gouagouassou au menu des restaurants huppés https://mondafrique.com/economie/le-tourisme-en-cote-divoire-3-4-la-sauce-gouagouassou-au-menu-des-restaurants-huppes/ Wed, 09 Apr 2025 07:58:27 +0000 https://mondafrique.com/?p=130644 Dans un Abidjan qui se développe à un rythme effréné, la Côte d’Ivoire implémente sous le fouet de la demande une gastronomie typiquement ivoirienne qui a déjà été adoptée dans les principaux hôtels de luxe. Correspondance à Abidjan, Bati Abouè Dans les cuisines du restaurant de l’hôtel Palm Beach, le chef Léandre Kouamé, un ivoirien […]

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Dans un Abidjan qui se développe à un rythme effréné, la Côte d’Ivoire implémente sous le fouet de la demande une gastronomie typiquement ivoirienne qui a déjà été adoptée dans les principaux hôtels de luxe.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Côte d’Ivoire : la cheffe Zeinab Bancé bat le record Guinness du plus long marathon de cuisine

Dans les cuisines du restaurant de l’hôtel Palm Beach, le chef Léandre Kouamé, un ivoirien formé en France, expose avec délicatesse des produits locaux qu’il prépare soigneusement avec son savoir-faire français. Comme lui, plusieurs de ses confrères parfois formés par des restaurateurs ayant pignon sur rue de l’Hexagone sont de plus en plus enclins à utiliser les spécialités locales.

Au nombre de celles-ci, la sauce gouagouassou, emblématique de la cuisine ivoirienne ne manque plus au menu des restaurants huppés. Autour d’une viande de lapin qui mijote dans une marmite, des dizaines de tranches d’aubergines et de tomates africaines cuisent à petit feu avant que le tout ne soit arrosé d’huile rouge, de poudre d’akpi – une amande – et d’un brin de poivre appelé dans le jargon local « fèfè » puis enfin d’un grand bol d’eau.

Hommage à la cuisine de maman

C’était la recette culte de la mère de Léandre décédée depuis 2018. Alors, forcément, elle est devenue la sienne. « Je l’ai tellement appréciée durant mon enfance », admet-il, avant d’ajouter que la revisiter était presque une obligation de rendre hommage à ma mère qui ne m’a pas vu devenir un chef cuisinier.

Amoureux de la cuisine, Léandre, formé en France, espère ouvrir dans quelques années son propre restaurant. En attendant, il a rendez-vous avec Jérôme Grobli qui patiente dans une salle attenante éclairée à la lumière du jour pour goûter le gouagouassou en cassolette qu’il a commandé.

Ce midi, il partage ce repas copieux présenté avec soin avec son amie, Maïmouna Doumbia. Elle ne cache pas sa surprise de voir le gouagouassou, un plat traditionnel typiquement ivoirien dans un restaurant pareil. « Franchement c’est un plaisir », soupire-t-elle d’émerveillement.

Ici, rien à voir avec les maquis, ces restaurants typiques informels et très animés où l’on mange à la main le poulet ou le poisson braisé avec de l’attiéké (semoule de manioc) ou l’alloco (bananes plantain frites).

Des chips de manioc

A plusieurs kilomètres de là à Angré, au nord de la commune de Cocody, Hermiole Kassi expérimente sa nouvelle création d’amuse-bouche inspiré du placali, plat typiquement ivoirien fait de sauce gluante au gombo, de morceaux de viande et de poisson séché qui accompagnent la pâte de manioc fermenté.

Les Abidjanais dégustent également avec gourmandise le manioc soufflé et transformé en chips. Aux Trois Palmiers, le chef cuisinier, le Français Matthieu Pernier, propose des amuse-bouches de ce type chaque semaine, avec l’idée de « réveiller un souvenir chez les personnes qui connaissent parfaitement ces plats ». Car la moitié de sa clientèle est ivoirienne, avoue-t-il.

« Même si notre cuisine se veut être internationale parce que c’est un hôtel cinq étoiles, je pense que c’est un non-sens de ne pas faire un clin d’œil à tous les beaux produits qui nous entourent », affirme-Pernier. D’autant que grâce aux savanes du nord du pays où le climat est chaud et sec, il y a des céréales » à foison ou encore le « fonio » et le « sorgho », détaille Léandre, tandis que dans la zone forestière du sud, les « feuilles d’épinard », de « taro » et « des produits typiquement tropicaux » sont disponibles.

La gastronomie enseignée à l’école

Pour apparaître sur la carte culinaire internationale, la Côte d’Ivoire cherche à normer et à codifier sur des fiches techniques les éléments qui identifient sa gastronomie. Et avec cela parvenir à cette norme et l’enseigner dans toutes les écoles hôtelières, a récemment expliqué le directeur du Festival de la Cuisine ivoirienne (FCI), Dr. Klo Fagama.

Lancé en 2023, ce festival s’est rapidement imposé comme un événement incontournable du calendrier culturel et touristique de la Côte d’Ivoire puisqu’en seulement trois éditions, il est devenu une vitrine des richesses culinaires locales et un levier pour la reconnaissance internationale de la gastronomie ivoirienne.

Car pour le directeur du FCI, « la gastronomie est un véritable marqueur identitaire, un élément de cohésion sociale, un vecteur de développement et d’attractivité touristique. Qui permet non seulement de préserver notre héritage culinaire mais aussi de le moderniser et de l’exporter ».

L’Association des chefs créateurs d’émotions culinaires de Côte d’Ivoire ne dit pas autre chose. Puisqu’elle contribue également à enraciner cette vision qui a commencé au milieu des années 2000. Avant cette date, les chefs de restaurants huppés avaient l’habitude de faire des plats occidentaux avec des produits importés.

Mais le coût de la vie devenant cher, tous se sont tournés vers des produits moins onéreux et disponibles. Outre l’aspect financier, il y a une volonté de donner « l’accès » à la cuisine locale aux « grands restaurants de luxe » qui fleurissent depuis plusieurs années à Abidjan.

2025, année « Côte d’Ivoire, terre de saveurs »

La semoule de manioc très pauvre en gluten, en protéine et en matières grasses, mais extrêmement riche en magnésium, potassium, calcium, vitamine et fer. Ce qui en fait un allié de choix pour les soucis digestifs et les régimes minceur.

Surfant à la fois sur la grande visibilité offerte par l’immense succès de la CAN 2023 organisée par la Côte d’Ivoire, ainsi que l’inscription de l’attiéké (semoule de manioc) au patrimoine de l’Unesco l’année dernière, Abidjan a déjà placé l’année 2025 sous le signe de la « Côte d’Ivoire, Terre de saveurs » afin de positionner la cuisine ivoirienne comme un atout touristique majeur, lors du forum ivoiro-thaïlandais organisé par l’Ambassadrice ivoirienne, Ada-Kouassi, en poste en Thaïlande.

A cette occasion, Mme Ada-Kouassi a mis en parallèle les traditions culinaires de la Thaïlande et de la Côte d’Ivoire. La première renommée pour ses saveurs exotiques et ses marchés de rue, tandis que la seconde se distingue par ses plats emblématiques comme le gouagouassou, l’Attieké, inscrit au patrimoine de l’Unesco, ou encore le Kedjenou, (recette de ragoût très épicée de viande de brousse ou de poulet) et l’alloco, (frite de banane mûre ».

Le tourisme en Côte d’Ivoire (2/4): Abidjan, la magnifique vitrine

Le tourisme en Côte d’Ivoire (1/4), un nouvel eldorado

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Le mouton de l’Aïd Al Adha, un luxe inaccessible pour les Marocains https://mondafrique.com/economie/le-mouton-de-laid-al-adha-un-luxe-inaccessible-pour-les-marocains/ Mon, 31 Mar 2025 05:12:56 +0000 https://mondafrique.com/?p=130726 Le soutien gouvernemental à l’importation de bétail au Maroc a suscité une large controverse en raison des divergences internes au sein de la majorité gouvernementale sur les chiffres réels de la répartition de cette aide et ses répercussions sur les prix du marché local. www.capinfo.ma  Bien que le gouvernement ait affirmé que l’objectif de cette […]

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Le soutien gouvernemental à l’importation de bétail au Maroc a suscité une large controverse en raison des divergences internes au sein de la majorité gouvernementale sur les chiffres réels de la répartition de cette aide et ses répercussions sur les prix du marché local.

www.capinfo.ma

 Bien que le gouvernement ait affirmé que l’objectif de cette aide était d’alléger le fardeau des citoyens à l’approche de l’Aïd al-Adha, les données révèlent que ces politiques n’ont pas donné les résultats escomptés. Cela a conduit les partis politiques et les observateurs des affaires politiques et sociales à exprimer leur mécontentement, au milieu de doutes croissants sur les véritables intentions de cette aide.

Déclarations contradictoires

La majorité gouvernementale marocaine traverse une crise politique aiguë entre ses composantes en raison de déclarations contradictoires sur la politique de soutien à l’importation des moutons. Au départ, Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau et secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, a révélé des informations sur cette politique, affirmant que le montant alloué à ce soutien s’élevait à 1,3 milliard de dirhams, bénéficiant uniquement à 18 importateurs. Il a vivement critiqué la manière dont cette aide a été distribuée, blâmant le gouvernement pour son incapacité à influencer les prix du marché. Selon lui, le prix des moutons est resté élevé pendant l’Aïd al-Adha, impactant négativement les citoyens qui espéraient une baisse des prix.

Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants et membre du bureau politique du Rassemblement national des indépendants (RNI), a rapidement réagi aux déclarations de Baraka. Il a affirmé que les chiffres avancés étaient erronés, précisant que le nombre réel des importateurs bénéficiaires était d’environ 100, et non 18, et que le coût total de l’opération n’avait pas atteint 1,3 milliard de dirhams, mais seulement 300 millions.

Talbi Alami a insisté sur le fait que l’aide gouvernementale avait été distribuée de manière raisonnable et basée sur des chiffres réels. Selon lui, ces exonérations visaient à assurer un approvisionnement en moutons à des prix abordables dans le cadre de la stratégie gouvernementale de lutte contre la flambée des prix et de facilitation de l’achat des moutons pour l’Aïd al-Adha.

De son côté, Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), est intervenu dans le débat en apportant de nouvelles données basées sur des documents gouvernementaux officiels. Dans un article publié sur sa page Facebook, il a révélé un document montrant que le montant des exonérations fiscales pour l’importation des moutons et des bovins s’élevait à près de 13,3 milliards de dirhams. Il a ajouté que 277 importateurs avaient bénéficié de ces exonérations, y compris les importateurs de moutons et de bovins.

D’après Benabdallah, ces données proviennent des documents fournis par le gouvernement en réponse à une demande du PPS en octobre 2024, dans le cadre des discussions sur le projet de loi de finances 2025. Selon ce document officiel, les pertes budgétaires dues aux exonérations sur les bovins résultaient principalement de la suppression des droits d’importation appliqués aux bovins domestiques du 21 octobre 2022 au 31 décembre 2024, ce qui a coûté 7,3 milliards de dirhams au Trésor public, en plus de 744 millions de dirhams de TVA prise en charge par l’État.

Concernant les moutons, le gouvernement a également annulé les droits d’importation et la TVA depuis février 2023, ce qui a coûté au budget général 3,86 milliards de dirhams et 1,16 milliard de dirhams respectivement. Dans ce cadre, 144 importateurs ont bénéficié de ces exonérations entre février 2023 et octobre 2024.

Pour l’importation des moutons destinés à l’Aïd al-Adha 2024, Benabdallah a indiqué que 474 312 moutons avaient été importés, avec une subvention forfaitaire de 500 dirhams par tête, ce qui a coûté à l’État 237 millions de dirhams.

Une gestion gouvernementale chaotique : échec et justifications

Avec l’intensification du débat sur l’aide à l’importation du bétail, les observateurs soulignent de plus en plus l’inefficacité du gouvernement dans la gestion de ce dossier sensible, qui n’a abouti qu’à un gaspillage des fonds publics sans impact tangible sur le pouvoir d’achat des Marocains. Certains y voient le dernier coup porté à l’ancien ministre Mohamed Sadiki, qui a perdu son poste à cause de cette crise. De plus, l’aveu explicite de l’échec de cette politique par Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, ne fait que renforcer les accusations contre le gouvernement, accusé d’être incapable de réguler le marché ou de garantir la justice sociale qu’il prône dans ses discours officiels.

Cet aveu, suivi de déclarations contradictoires au sein même de la majorité gouvernementale, soulève des questions légitimes sur les responsabilités politiques de cet échec. En effet, la crise ne s’est pas limitée à l’Aïd al-Adha, mais a mis en lumière des dysfonctionnements structurels plus profonds dans la gestion économique et sociale. Entre les chiffres divergents avancés par Nizar Baraka et Rachid Talbi Alami, et les révélations basées sur des documents officiels de Nabil Benabdallah, il apparaît clairement que le gouvernement lui-même est incapable de fournir une version unifiée et convaincante sur les montants réellement dépensés pour ce soutien, alimentant ainsi les doutes sur la transparence de sa gestion.

Certains observateurs estiment que ces contradictions offrent une opportunité de repenser les mécanismes de soutien à l’importation du bétail et de renforcer la transparence des déclarations gouvernementales, surtout à l’approche des élections. Chaque parti cherche désormais à exploiter cette crise pour orienter le débat public sur la justice sociale et les inégalités économiques.

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