Le compositeur américain Steve Reich, père de la musique dite minimaliste et un des héros de l’avant garde des sixties outre Atlantique était l’invité, du 6 au 11 février dernier, du festival Présences, la plus prestigieuse manifestation française consacrée à la musique contemporaine.
Une chronique par Christian Labrande
Le troisième concert du festival permettait de découvrir Drumming, pour ensemble de percussions et diverses voix, une des œuvres majeures de Reich caractéristiques d’une autre originalité de sa musique, le cross over. En effet dès les années cinquante ( Reich est né en 1936) le compositeur américain se passionne pour la musique indienne et intègre notamment la grammaire des ragas dans sa musique
Mais Drumming que beaucoup d’auditeurs découvraient à ce concert de Présences illustrait une autre influence moins connue sur la musique de Reich, celle de savantes rythmiques africaines. C’est en effet à l’issue d’un voyage d’étude au Ghana en 1970 que le compositeur enrichira sa technique dite de « phasing » consistant en de subtiles décalages de cellules rythmiques répétées jusqu’à provoquer chez l’auditeur un état proche de la transe et aussi du bonheur de découvrir une musique d’une grande originalité.
Signe que nous avons changé d’époque, les organisateurs du Festival Présences avaient soin de signaler que la démarche du compositeur à l’honneur ne relevait en aucune manière d’une forme d’appropriation culturelle », que l’œuvre en question n’était en aucune façon un » lieu de dissolution des identités respectives « .
Fusion soit, mais pas confusion…Le bon vieux cross over des papis de l’avant garde sixties était donc placé sous haute surveillance.