La disparition d’Osama Khalil, « croyant incrédule »

Osama Khalil, un franco-égyptien fondateur de l’espace culturel «Le Scribe L’Harmattan », a fait résonner à Paris pendant plus de vingt ans la culture arabe dans ce qu’elle possède de meilleur 

Une chronique de Joelle Hazard

« JE SUIS UN CROYANT INCREDULE» :  

C’est l’un des messages que ses amis conserveront longtemps de lui, tellement il résume sa logique personnelle frappée du double sceau de l’Orient et de l’Occident … la foi du charbonnier et le doute pascalien

Osama fut un poète, un musicien, un philosophe, un érudit qui ne s’est jamais départi de l’humilité des Sages. A la fois habité par la mystique islamique et imprégné d’une culture rationaliste à la française, Il tirait de ses racines égyptiennes et de ses études de philosophie à la Sorbonne de multiples connaissances, le double enseignement qu’il puisait dans deux mondes différents mais aussi riches.

Il fut l’un des rares penseurs et promoteurs de l’Art en France à réussir le pari difficile de faire coïncider, dans les conférences, les séminaires et les colloques du « Scribe l’Harmattan », les deux approches de l’Histoire des Sciences Humaines. Il en a transmis les valeurs sans parti pris. En enseignant à ses amis la Théologie et l’Éthique, il explorait pour lui-même le mystère de la Foi et celui de la Morale.

Il n’ignorait rien des religions de l’antiquité ; il savait tout de leurs paradoxes. Il parlait aussi bien le Grec et l’Hébreu anciens que l’Araméen et l’Arabe littéraire.  L’avoir eu comme professeur bénévole de langue arabe reste un privilège et un bonheur immense.Le 12 juillet dernier, au lendemain de la mort de l’écrivain tchèque Milan Kundera, Osama, entouré de proches, devisait encore sur « l’insoutenable légèreté de l’être » …  Sur la gravité ou la futilité de la condition humaine. Il méditait sur la mort, sur la vie qu’il vient de quitter pour ailleurs, en emmenant avec lui une partie de nous.