Sous le beau titre « Ce que la Palestine apporte au monde », l’Institut du monde arabe (IMA) se donne pour ambition de mettre en lumière la Palestine dans toute sa beauté artistique, poétique et culturelle.
« CE QUE LA PALESTINE APPORTE AU MONDE » PROLONGATION JUSQU’AU 31 DÉCEMBRE 2023
L’exposition réserve une place toute particulière aux jeunes créateurs de Gaza. L’Institut du monde arabe est la seule institution culturelle au monde qui consacre un événement d’ampleur à la Palestine. Fort de l’accueil enthousiaste et nombreux du public, j’ai pris la décision de prolonger l’exposition jusqu’au 31 décembre 2023. » Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe |
« La troisième livraison d’Araborama – une collection lancée par l’IMA et le Seuil pour décrypter la complexité et l’inventivité du monde arabe – s’attache à définir la Palestine : son peuple, ses frontières, son histoire, sa réalité hors du prisme du conflit. Son titre, Ce que la Palestine apporte au monde, est complété par « ce qu’elle donne à voir et à entendre » avec les expositions que l’Institut présente de mai à novembre 2023. Ces expositions ambitionnent de rendre palpables et concrètes la vitalité et la créativité d’une société sous le joug de l’occupation, et de rendre sensible la résistance de la vie dans ce temps suspendu qui se poursuit. Le propos n’est pas de « documenter » la réalité de l’existence palestinienne mais de considérer comment les plasticiens palestiniens et arabes l’ont dépassée, rencontrant ainsi les interrogations de tout artiste en train de créer. »
Elias Sambar, commissaire de l’exposition
LES PALESTINIENS ET LES PALESTINIENNES EN LEURS MUSÉES
Niveaux -1 et -2 de l’Institut
Commissariat : Elias Sanbar, Marion Slitine, Eric Delpont
Depuis 2016, l’IMA abrite en ses murs la collection du futur Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine qui devrait voir le jour à Jérusalem Est. Elias Sanbar, écrivain et ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO, est à l’origine de ce projet de musée coordonné par l’artiste Ernest Pignon Ernest.
De l’art informel à l’hyperréalisme, l’ensemble est composé de 400 œuvres issues de dons d’artistes des cinq continents à qui il a été demandé de choisir ce qu’ils souhaitent donner à voir aux Palestiniens. Cette « collection solidaire » réunit des questionnements communs aux artistes et à leur futur public : que veut dire être humain, dans son corps et son identité, et que signifie vivre, pour soi et avec ou parmi les autres ?
L’exposition « Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées » mettra en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée d’art moderne et contemporain de la Palestine et des collections du Musée de l’IMA. Les rencontres, les échos et les parallèles parfois inattendus qui en émanent invitent par le regard à imaginer la Palestine de demain.
Au sein de cet accrochage, le projet Sahab (« nuage » en arabe) interroge quant à lui la façon de traiter le passé, d’agir dans le présent et d’imaginer un futur en Palestine. Ce projet est porté par le collectif Hawaf (« marges » en arabe), initié par les trois artistes visuels Mohamed Abusal à Gaza, Mohamed Bourouissa à Paris et Salman Nawati en Suède, ainsi que l’architecte Sondos EL-Nakhala à Gaza.
Un espace sera dédié à Mahmoud Darwich, figure majeure de la poésie palestinienne dont l’œuvre a influencé de nombreux créateurs du monde arabe. Ces textes seront mis en regard avec les œuvres de l’artiste algérien Rachid Koraïchi
IMAGES DE PALESTINE : UNE TERRE SAINTE ? UNE TERRE HABITÉE !
Espace des Donateurs
Commissariat : Elias Sanbar, Marion Slitine.
L’espace des Donateurs accueillera un fonds inédit de photographies colorisées du XIXe siècle provenant d’une collection privée. Les images seront exposées face aux œuvres de photographes palestiniens contemporaines, opposant deux regards, deux approches et conceptions de La Palestine.
Le premier ensemble réunit une trentaine de photographies – paysages, scènes de genre et portraits – tirées selon le procédé Photochrom, breveté en 1889 par le Suisse Orelle Füssli. Le regard orientaliste qu’il illustre aura de lourdes conséquences, des décennies durant, faisant de la Palestine une Terre sainte, figée dans le temps, prisonnière d’un passé jamais révolu, promise à une quête infinie d’une gloire ancienne, en attente de ses sauveteurs « légitimes », missionnaires et colons, pour revenir à la vie.
Le second ensemble, actuel, manifeste l’énergie tout simplement vitale d’artistes palestiniens, hommes et femmes. À Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem ou sur les territoires occupés, ils et elles se réapproprient l’espace public par le corps qui l’habite tout autant qu’il le performe, faisant acte de résistance à la colonisation. En contrepoint des images idéalisées du XIXe siècle, la sélection rassemble des photographes nés entre les années 1960 et 1990 qui vivent et travaillent sur place ou dans la diaspora : Shady Al Assar, Mohamed Abusal, Taysir Batniji, Rehaf Al Batniji, Raed Bawayeh, Tanya Habjouqa, Rula Halawani, Maen Hammad, Safaa Khatib, Eman Mohamed, Amer Nasser, Steve Sabella, Raeda Saadeh, dont les œuvres ont toutes été exécutées dans les années 2000.
Les deux registres d’images de cette exposition, prises au XIXe siècle et de nos jours, partagent un medium commun, la photographie, et une réalité commune, la Palestine. Pourtant tout sépare, distingue et oppose ces deux ensembles par-delà leur « différence d’âge ». Mis en dialogue, ce sont deux modes du voir, deux regards, deux conceptions de La Palestine. Le premier regard, orientaliste, aura de lourdes conséquences, des décennies durant, faisant de la Palestine une Terre sainte, figée dans le temps, prisonnière d’un passé jamais révolu, promise à une quête infinie d’une gloire ancienne, en attente de ses sauveteurs « légitimes », missionnaires et colons, pour revenir à la vie.
Cet ensemble réunit une trentaine de vues avec des paysages, des scènes de genre et des portraits, tirées selon le procédé Photochrom, breveté en 1889 par le Suisse Orelle Füssli. Cette technique consistait à reporter le négatif d’une photographie sur des pierres lithographiques – jusqu’à 14 – dont la superposition des encres transparentes aboutissait à une impressionnante variété chromatique tout en autorisant des retouches. La société Photoglob Zurich, qui puisa sans vergogne ni droits d’auteur dans les œuvres des photographes du XIXe siècle, commercialisa ces lithographies sous l’étiquette PZ auprès des pèlerins et touristes venus en Palestine. Le procédé Photochrom fut supplanté dès 1910 par la mise au point de la pellicule couleur. Le second regard, contemporain – un siècle plus tard – manifeste l’énergie vitale de créatrices et créateurs. Il souligne leur inventivité faite d’humour et d’autodérision, qui les porte par la force de leur sensibilité à surmonter la pesanteur de leur quotidien. À Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem, de la Palestine historique et de la diaspora, ils et elles relient l’art, l’espace public et sa réappropriation par le corps