Un Juriste international, Nouaf Salam, Premier ministre libanais

Nouaf Salam, un diplomate chevronné, était récemment à la tête de la cour internationale de justice à la Haye, a été nommé premier ministre du Liban par le parlement Libanais dans un contexte de crise multidimensionnelle financière, économique, politique, et de guerre au sud du pays.

La situation actuelle du pays exige un homme consensuel, ayant l’expérience de gestion dans des conditions complexes. Le champ politique communautarisé depuis la création du pays, doublé à un environnement régional instable chez le voisin syrien, et état de guerre permanente au sud en dépit du cessez le feu entre le Hizballah et Israël, lui laisse une de marge de manœuvre étroite.
Le choix du personnage repose sa double expérience de diplomate et de juriste international ayant géré des conflits et connaissant les arcanes de la négociation internationale dans les dénouements des crises compliquées.
Le Pays du cèdre part sur de nouvelles basses, un président fraichement élu, en la personne du général Joseph Aoun, et un premier ministre juriste international, Nouaf Salam. Le nouveau chef de l’exécutif aura les mains libres dans le jeu intérieur du pays. L’urgence de la situation à réduit le poids des jeux communautaires du parlement puisqu’il a été désigné avec 85 voix contre 9 voix pour son prédécesseur Najib Mekkati et 34 abstentions.

En 2019, le nom de Nouaf Salam a été cité pour remplacer Saâd Al Harriri démissionnaire à la suite de la crise économique et les manifestations qui en ont découlé. A l’époque, c’est l’alliance Hizballah et le mouvement Amel qui s’opposèrent à sa candidature en le désignant « homme du consensus américano Saoudien ». Le choix des deux partis chiites fut porté sur Hassan Diab pour diriger le gouvernement qui a eu la plus courte durée dans l’histoire du pays.

Les récentes déclarations acerbes de Nouaf Salam à la presse du pays sur les limites du modèle économique du pays comme obstacle à toute réforme. Il appelle, avant sa désignation, à une « refonte du modèle économique » par le partage des pertes entre tous les acteurs politico financiers et les acteurs économiques. Il a appelé de ses vœux à un gouvernement de « réformistes indépendants » mettant l’accent sur « les efforts communs » pour toutes les forces vives du pays : politiques, économiques, et financiers.
Sur la base de ses déclarations, en plain crise libanaise et la guerre au sud du pays, que ses propositions ont été prises en compte en mettant son capital diplomatique et de juriste sur la balance. Il ne s’oppose pas au rôle iranien dans le pays à travers les deux partis chiites présents au parlement et qui ont voté pour lui. « L’Iran est un acteur important au Liban, mais il n’est pas le seul » note-il. Comme il comprend bien les démarches Saoudiennes à plus d’implication dans le jeu économique dans le futur.
 
Quant à Israël, il se contente d’appliquer l’accord du cessez le feu et la mise en application de la sécurisation des frontières sud par l’armée libanaise. Or, l’Etat Hébreu voit en lui un adversaire connu pour ses positions au sein de la cour internationale de justice. La presse Israélienne s’est attaquée à sa personne dés sa nomination à la tête de l’institution juridique internationale en exigeant sa démission.
 
Les SALAM une filiation politique connue au Liban

Le nom Salam est lié à la vie politique depuis des générations de Libanais. Son père, Abdellah Salam fut le fondateur de la compagnie aérienne nationale Middle East Airlines. L’épouse de l’actuel chef du gouvernement, Saher Baâssiri, est l’ambassadrice du Liban à l’Unesco. Et si on remonte d’un cran dans l’histoire, on découvre que son grand père Salim Ali Salam était le maire de la capitale Beyrouth et parlementaire au sein du conseil des représentants à Istanbul à l’époque Ottomane et l’un des ténors du mouvement des réformistes à Beyrouth au début du siècle dernier.
Son oncle paternel Saêb Salam qui a été désigné chef de l’exécutif du pays à quatre reprises entre 1952 et 1973. Quant à son cousin paternel Tamam Salam, il a été désigné à la tête du gouvernement entre 2014 et 2016.
 
Un curriculum bien garni
 
Il a entamé sa carrière professionnelle en tant qu’avocat et enseignant d’histoire contemporaine à l’université de Sorbonne à Paris. Auparavant, il a obtenu son magistère en droit de l’université américaine de Harvard et doctorat en sciences politiques à Paris en 1974, suivi d’un doctorat en histoire en 1979. Entre 2005 et 2007 il a dirigé le département de science politique et administration à l’université américaine de Beyrouth.
A partir de 2007, il quitte l’activité académique pour la diplomatie en représentant son pays en tant qu’ambassadeur auprès des nations unies jusqu’au 2017. A la fin de sa mission de dix ans à l’ONU, il rejoint en 2018 l’instance internationale de justice tout en gardant son rôle diplomate représentant son pays comme adjoint du président de la 67ème session de l’assemblée générale des Nations Unies. Il était également le président par intérim de la même assemblée en juillet 2013, et représentant du Liban au conseil économique et social des Nations Unies entre 2016 et 2018. Il termine sa carrière, en février 2024, à la tête de la cour internationale de justice nommé par ses pairs.