Le spectre d’une guerre sans fin au Sud Liban

Les voyants passent à nouveau au rouge au sud du Liban, sur fond d’intensification des opérations militaires israéliennes et de menaces de Tel Aviv de déclencher une guerre contre le Liban.Le ministre libanais des Affaires étrangères sortant, Abdallah Bou Habib, s’est dit inquiet de voir Israël continuer ses opérations militaires dans le sud du Liban, même si un cessez-le-feu est obtenu à Gaza, constaie le site libanais « Ici Beyrouth ».

 

En dépit de son cours relativement modeste (moins de 200 kilomètres) au coeur du Sud Liban le fleuve Litani a joué (et joue), du fait de sa localisation géographique, un rôle géopolitique et géostratégique de tout premier plan depuis près d’un siècle. Il concrétise en effet un double défi : au chapitre de la géopolitique de l’eau, dans un milieu physique semi aride, d’une part ; à celui de la donne stratégique (et singulièrement au plan des relations bilatérales Israël-Liban) d’autre part.

Lors d’une interview avec Al Jazeera English, le ministre libanais a fondé ses déclarations sur les propos de responsables israéliens et les messages reçus du gouvernement américain, de la France et d’autres pays. Ces messages ont souligné qu’Israël n’avait fait aucune promesse quant à l’application d’un cessez-le-feu à Gaza au sud du Liban, recherchant plutôt une solution durable permettant le retour et la stabilité des habitants de ses colonies du nord.

Dans ce contexte, Israël a envoyé une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU, demandant au Liban de mettre en œuvre la résolution 1701. Laquelle prévoit spécifiquement qu’aucune force paramilitaire ne doit se trouver au sud du Litani, et que seules peuvent y patrouiller l’armée libanaise et la FINUL (la Force intérimaire des Nations Unies au Liban, qui n’a d’intérimaire que le nom, car créée en 1978). 

Les rapports indiquent que le Liban redoute que la guerre dans le Sud ne se prolonge indéfiniment, ou du moins aussi longtemps que le conflit à Gaza persiste. Cette situation impose un poids considérable au peuple libanais, aggravant la souffrance des habitants du Sud et affaiblissant davantage l’État, notamment si l’élection présidentielle reste dans l’impasse. En conséquence, le Liban chercherait à négocier un accord équitable avec Israël pour mettre fin aux opérations militaires dans le sud du pays, indépendamment de la situation à Gaza. Cependant, les détails d’un tel accord restent incertains, aucune des deux parties, ni le Hezbollah ni Israël, n’ayant publiquement montré de volonté de le concrétiser.

Bien que les deux camps semblent ouverts à de telles négociations, le Hezbollah se trouve face à un dilemme: accepter un tel accord pourrait être perçu comme un retrait de son prétendu « front de soutien », ce qui pourrait être interprété comme une défaite. De son côté, Israël hésite à aller de l’avant sans garanties solides de la réussite de l’accord.

Malgré les défis, les Américains demeurent résolus à obtenir une avancée. L’émissaire américain, Amos Hochstein, est prêt à intervenir dès qu’un cessez-le-feu à Gaza sera annoncé. Son objectif est de parvenir à une résolution pour le sud du Liban qui pourrait aller au-delà de la résolution 1701, notamment si elle implique de nouveaux arrangements des deux côtés de la frontière. Cela pourrait nécessiter l’adoption d’une nouvelle résolution par le Conseil de sécurité de l’ONU.

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