Massacres en Syrie, la France met Al Chaara au pied du mur

La France regarde la situation en Syrie avec inquiétude et consternation. Le massacre, dans les huit premiers jours du mois de mars 2025, d’un millier de civils alaouites par des miliciens islamistes sunnites, dans les régions côtières du nord (Banias, Lattaquié, Tartous) pourrait entraîner une reprise de la guerre civile et la fragmentation du pays.

Augustin Lempereur

La France, par le biais de son ministre des affaires étrangères, qui a appelé son homologue syrien le 9 mars 2025, a non seulement exprimé son inquiétude pour le sort des minorités ethniques syriennes (alaouites, chrétiennes, druzes, kurdes) ; elle a aussi exigé des gages du gouvernement Al Chaara que sa justice ne tremblera pas. La France veut que les auteurs de ces massacres soient trouvés, arrêtés et dûment châtiés. Sans quoi, elle arrêtera le processus en cours de la normalisation de ses relations avec Damas.

Il y a deux options aujourd’hui. La première est que le gouvernement de l’ancien leader du HTS ne prenne que des mesures symboliques et laisse les tueurs dans la nature. C’est une option inacceptable pour la France, qui ferait retourner la Syrie à l’isolement international qu’elle connaissait dans les dernières années du régime de Bachar al-Assad.

 

La deuxième option est qu’Ahmed al-Chaara soit le Michael Collins de la Syrie et qu’il parvienne à mater les éléments les plus fanatiques de sa base militaire. Le leader républicain irlandais, après avoir signé le traité de paix avec les Anglais, avait dû mater les éléments les plus extrémistes de l’IRA qui souhaitaient poursuivre les hostilités.

L’actuel maître de Damas aura-t-il le courage et la force de mater les unités fanatisées de l’ancienne « Armée nationale syrienne », formée par d’anciens rebelles sunnites à Bachar al-Assad, qu’on rejoint toutes sortes de djihadistes étrangers, ouzbèkes, turkmènes, tchétchènes ? Ces unités s’étaient déjà signalées par leurs exactions lors des batailles de Jarabulus (2016) et d’Afrine (2018), dans le nord de la Syrie.

Si Al Chaara n’agit pas immédiatement avec détermination, les massacres et l’épuration ethnique visant les alaouites s’étendront aux chrétiens. Les druzes et les kurdes reprendront les armes et le pays retombera dans le cercle vicieux de la guerre civile.

Avant d’imaginer une quelconque coopération avec le gouvernement syrien d’Al Chaara sur le moyen terme, la France attend de ce leader sunnite des mesures militaires concrètes pour rétablir le calme, punir les assassins et rassurer les minorités ethniques du pays, alaouites, chrétiens, druzes et kurdes.