Liban : le Hezbollah contre la FINUL

Présente depuis 1978 (soit 45 ans) dans un Liban alors en pleine guerre civile, la Finul (Force intérimaire des Nations unies pour le Liban), a été créée à la suite de l’invasion du Liban par Israël en 1978. Son objectif : tenter d’assurer autant que possible le calme aux frontières entre les deux pays. Le ministre libanais des Affaires étrangères sera à New York au mois d’août pour participer à la réunion du Conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la Finul pour une durée d’un an.

Un article de Bassam Abou Zeid, pour Ici Beyrouth

Le Liban sera bel et bien présent cette année pour prendre part activement à la décision de renouveler le mandat de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), au Liban sud en août prochain pour une durée d’un an. Le ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, se rendra à New York pour participer personnellement à la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies qui prendra la décision de ce renouvellement.

Il faut savoir que la participation du chef de la diplomatie libanaise aura pour but de tenter d’abroger la clause portant sur la liberté de mouvement de la Finul, indépendamment de l’armée, dans la zone concernée par la résolution 1701 (résolution adoptée par les Nations unies pour mettre fin au conflit israélo-libanais de 2006, ndlr).

Cette démarche libanaise tardive intervient à la demande du Hezbollah qui souhaite restreindre la liberté de mouvement des patrouilles de la Finul, réclamant que les Casques bleus soient accompagnés de l’armée libanaise, laquelle, en raison de contraintes logistiques, ne pourra le cas échéant accompagner que 20 % des patrouilles de la force onusienne.

Une tâche loin d’être facile

De source diplomatique aux Nations unies, on assure que la remise en question de cette clause par le Conseil de sécurité n’est pas chose facile, elle serait même impossible. Les pays concernés par la mission de la Finul, en particulier les bailleurs de fonds, en tête desquels les États-Unis, souhaitent davantage de pouvoirs et de liberté de mouvement de la force intérimaire. Ils ont explicitement indiqué à plusieurs reprises qu’ils pourraient suspendre ou réduire leur financement si des obstacles entravent la mission des Casques bleus.

Et la source précitée de souligner que ladite demande libanaise pourrait provoquer un conflit au sein du Conseil de sécurité, en particulier si la Russie décide de s’opposer aux États-Unis. Cependant, elle ne recourra pas forcément à un veto contre une décision qui préserve le texte de la précédente décision de renouvellement. Le représentant russe pourrait se contenter de s’abstenir de voter.

Or selon les calculs du Hezbollah, la suppression de la clause relative à la liberté de mouvement de la Finul lui donnerait une justification légitime pour intercepter les patrouilles de la Finul qui ne seraient pas accompagnées par l’armée. En revanche, le maintien de cette clause qualifierait toute opposition aux patrouilles des forces internationales comme une agression, ce qui pourrait entraîner des incidents semblables à celui qui a eu lieu en décembre dernier et qui avait conduit à la mort d’un soldat irlandais.

Enfin, les sources diplomatiques occidentales s’étonnent de voir le Liban agir en contradiction avec les dispositions de la résolution 1701, alors qu’il est dans son intérêt de renforcer cette résolution et de la mettre en œuvre afin de priver les Israéliens des prétextes qu’ils évoquent pour justifier leurs violations terrestres, maritimes et aériennes.