Les touristes reviennent en masse au Liban

Près d’un million et demie d’estivants sont attendus cet été au Liban où l’aéroport est déja totalement engorgé par le flux de passagers qui entrent chaque jour. Cette embellie financée notamment par une diaspora fidèle et fortunée  reste totalement surprenante dans un pays frappé par une terrible crise financière où le dollar s’échange pour 100 000 livres libanaises contre 1500 seulement voici trois ans.

Byblos, les vins d’été célébrés…….

« Byblos en blanc et rosé » célèbre les vins d’été

...et les plages deja investies

Nombre de Libanais se rabattent donc sur les quelques plages publiques encore épargnées par les investisseurs et autres occupants étatiques ou particuliers.
On ne fait plus la file devant les stations d’essence libanaises à nouveau approvisionnées. Chaque dimanche en de ce printemps, des milliers de familles s’entassent sur l’unique autoroute qui longe la superbe côte pour gagner les plages.

L’accès aux complexes les plus huppés reste un luxe. Si les plus belles plages sont aujourd’hui à la portée des « dollarisés », il s’avère de plus en plus difficile pour ceux qui touchent, et encore partiellement, leurs salaires en livres. De 3 à 40 dollars l’entrée, les tarifs creusent l’inégalité d’accès au littoral; la majorité des plages, hélas, sont privatisées (1)

Les dollarisés et … les autres 

Des paquets  de dollars circulent  depuis l’aéroport devenu le plus grand centre de cash de la planète, ou presque, mais tous les Libanaisn’en disposent naturellement pas. À Beyrouth des yachts de grand luxe accostent dans le Port reconstruit depuis l’explosion et qui, la nuit venue, resplendit de toutes ses lumières. Les quartiers résidentiels sont éclairés comme ils l’étaient hier. L’État libanais fournit à presque tous les citoyens quatre heures quotidiennes d’électricité. 

Cet été, les restaurants afficheront complet et les boites de nuit seront pleines. Les grandes fortunes libanaises ne connaissent pas la crise, et plus fortuné que jamais, le patron de la CMA-CGM et grand ami d’Emmanuel Macron, le franco libanais Rodolphe Saadé vient d’acquérir une magnifique villa à Beyrouth et un aimable pied à terre au coeur des plus belles ruines de Byblos à l’abri des regards indiscrets (voir l’image ci dessous)

Les quartiers les plus résidentiels du Port sont éclairés le soir
La maison à Byblos du patron de la CMA CGM

Seule mauvaise nouvelle pour les « dollarisés », les prix en dollars cette année se sont envolés, pris eux aussi dans une spirale inflationniste qui n’épargne pas les touristes, commerçants ou autres binationaux, qui disposent de ressources financières sen cash.

(1) Dans la capitale, d’après l’Orient le Jour, les tarifs peuvent atteindre les 40 dollars, comme à l’hôtel 5 étoiles Kempinski. Le Sporting club propose un tarif plus abordable de 25 dollars en fin de semaine, mais qui pourrait être prochainement revu à la hausse, selon un employé. A l’Automobile et Touring Club du Liban (ATCL), à Kaslik dans le Kesrouan, l’entrée est de six dollars en cours de semaine et de 10 dollars le week-end.

Article précédentLa visite de Tebboune à Moscou laisse Macron orphelin
Article suivantLes non-dits de la présence de William Bourdon au Liban
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)