De passage à Beyrouth, William Bourdon, fondateur de l’association Sherpa qui joua un rôle décisif dans la mise en cause médiatique et judiciaire de Riad Salamé, a indiqué, le mercredi 21 juin, que le procès en France du gouverneur de la Banque du Liban (BDL) pourrait débuter dès l’année prochaine.
Non seulement ce chevalier blanc de la lutte contre la corruption qu’est maitre Bourdon confond les fonctions d’avocat et de procureur en annonçant ainsi avant même les autorités judiciaires françaises la date d’un possible procès de Riad Salamé, mais il s’avère incapable, lors de la conférence qu’il a donné à Beyrouth, d’éclairer l’opinion libanaise sur plusieurs points essentiels de sa croisade anti corruption.
À savoir le rôle exact du milliardaire américain Georges Soros dont Bourdon est proche dans le lancement des procédures intentées contre Riad Salamé;
la nature des liens qu’il entretient avec le clan de l’ex Président Michel Aoun dont une des protégées et ancienne ministre, Marie Claude Najem, recevait encore l’avocat cette semaine à l’université Saint Joseph de Beyrouth;
les conditions dans lesquelles « le défaut de paiement » de l’État libanais a été décidé en mars 2020 contre l’avis du Gouverneur et dans les pires conditions par les amis politiques de Michel Aoun, ceux là même qui sont à l’avant garde des procédures contre le gouverneur de la Banque du Liban;
la détermination des « Aounistes », alliés au mouvement chiite extrémiste du Hezbollah, de détruire ce qui restait du système financier libanais pour créer des nouvelles banques et prendre les places;
la volonté enfin chez William Bourdon de ne jamais mettre en cause la classe politique libanaise dont une partie est corrompue de notoriété publique et qui a bloqué et bloque encore les réformes indispensables qui auraient permis au pays de repartir sur de nouvelles bases.
Une faute intellectuelle
Autant de non dits qui qui montrent à quel point la volonté obsessionnelle de faire du Gouverneur l’unique bouc émissaire des crises libanaises est suspecte et peu crédible. Et quelles que soient les libertés que la classe dirigeante libanaise a pris avec la légalité bancaire, non sans la bénédiction de l’ensemble des institutions financières internationales qui saluaient l’expertise et la discrétion d’une place financière réputée.
La croisade de William Bourdon et de ses amis sur laquelle Mondafrique reviendra est plus qu’une machination politico médiatique, c’est une faute intellectuelle. Le Liban est en crise, certes, victime en partie des petits arrangements du paradis fiscal qu’il fut, mais surtout miné par les turpitudes de la Présidence de Michel Aoun qui ont empêché un redressement économique possible avec l’aide du FMI et des principaux partenaires du pays, dont la France d’Emmanuel Macron.