Ce samedi matin très tôt, le soleil se lève au-dessus de Beyrouth, enveloppée dans un épais nuage de fumée, après une nuit de bombardements israéliens sans relâche de la banlieue sud de Beyrouth qui succède au tapis de bombes qui s’estabattu la veille sur le QG du Hezbollah, lemouvement chiite pro iranien qui est l’adversaire des Israéliens depuis leur double invasion du territoire libanais en 1982 et en 2006.
À la proposition avancée par Paris et Washington pour un cessez-le-feu temporaire de 21 jours, qui ouvrirait la voie à des négociations pour un apaisement durable de la situation à la frontière libano-israélienne, le Hezbollah et l’État hébreu se sont opposés. La réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), tenue mercredi à l’initiative de la France, n’a donc pas abouti. Voici les extraits d’un papier fort pertinent paru sur Ici Beyrouth, un site partenaire de Mondafrique
Un tapis de bombes israéliennes sur le QG du Hezbollah
Alors que le texte avancé par la coalition internationale s’articule notamment autour des modalités de mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, la question qui se pose est la suivante : un retour à la formule adoptée en 2006 pour mettre fin à la guerre des 33 jours serait-il adéquat dans le contexte actuel ?
Saluée, en son temps, comme une victoire diplomatique, la 1701 n’a pas réellement mis fin au conflit latent depuis des années. Dix-huit ans plus tard, le Liban se retrouve aux abords d’une nouvelle guerre, avec un Hezbollah aux capacités militaires renforcées.
À ce sujet, Ici Beyrouth a pu apprendre, d’après ce que le fondateur du cabinet Celtic Intelligence, Jean-Sébastien Guillaume, le lui a confié, que la formation pro-iranienne détient un vaste stock d’armes (jusqu’à 150 000 roquettes et missiles) qu’elle dissimule surtout dans les maisons et des infrastructures civiles que les Israéliens ciblent incessamment, depuis que leurs efforts militaires se sont concentrés sur le front nord.
« Réputé pour posséder l’arsenal non gouvernemental le plus important au monde, en particulier en ce qui concerne ses capacités en roquettes et missiles, le Hezbollah a mené un total de 3 178 attaques contre Israël depuis le début des hostilités, le 8 octobre 2023, dont 173 ont été entreprises entre le 16 et le 25 septembre 2024 », explique M. Guillaume.
« Ces frappes incluent l’utilisation croissante de roquettes à moyenne portée, de drones et de missiles plus sophistiqués, visant à la fois des infrastructures militaires, technologiques et civiles israéliennes », poursuit-il, avant d’ajouter : « Bien que le Hezbollah ait démontré ses capacités militaires à travers ces attaques, il n’a pas encore utilisé ses armes les plus sophistiquées, comme les missiles à guidage de précision. »
Ces équipements sont probablement, toujours selon lui, « réservés pour un conflit régional majeur ».Une assertion confirmée par des sources sécuritaires basées au Liban-Sud : « Une escalade vers l’utilisation de ces armes transformerait un conflit limité en une guerre régionale majeure. » De quoi s’interroger sur la possibilité pour les parties prenantes qui appellent à l’application de la 1701 de procéder au désarmement du Hezbollah.
La résolution prône, rappelons-le et entre autres points, « le désarmement de toutes les milices au Liban » et « l’exclusion de toute vente ou fourniture d’armes et de matériels connexes au Liban, sauf celles autorisées par le gouvernement libanais ».
La 1701 tombée en désuétude
Adoptée le 11 août 2006, la résolution 1701 a constitué un moment décisif dans la tentative de mettre fin à la guerre de juillet entre le Hezbollah et Israël. Le conflit avait éclaté après la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah lors d’une attaque transfrontalière. Israël avait réagi par une campagne militaire intense contre le Hezbollah au Liban. Le conflit avait provoqué des centaines de morts et des destructions massives au Liban.
Préoccupée par l’escalade de la violence et la déstabilisation de la région, la communauté internationale s’était rapidement mobilisée pour négocier un cessez-le-feu.Si le cheminement vers la résolution 1701 a été marqué par des négociations complexes et difficiles, il n’en demeure pas moins qu’elle a réussi à maintenir, 18 ans durant, une sorte de répit, malgré les violations constantes de la résolution de part et d’autre de la frontière.
À l’époque, plusieurs éléments ont permis de façonner les pourparlers. D’abord, les priorités et les préoccupations d’Israël, qui voulait mettre fin aux tirs de roquettes du Hezbollah et obtenir la libération des soldats capturés.L’État hébreu souhaitait également la présence d’une force internationale solide dans le sud du Liban pour empêcher le Hezbollah de reconstituer ses capacités militaires à proximité de la frontière israélienne, ce qui s’est avéré être un échec.
De son côté, le Hezbollah, refusant de se désarmer, cherchait à prouver qu’il était capable de résister aux Israéliens. Soutenu par la Ligue arabe, le gouvernement libanais dirigé par Fouad Siniora avait alors appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la souveraineté totale du Liban sur son territoire (…)
Un contexte bien différent.
« La résolution 1701 n’est plus d’actualité », signale M. Guillaume. D’abord et surtout, parce que « le Hezbollah est toujours armé et puissant, malgré la demande de désarmement », explique-t-il. « Ensuite, parce que l’État libanais est trop faible, politiquement et militairement, pour faire respecter les clauses de la 1701. Enfin, parce que la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), même renforcée d’un mandat d’un an, n’a pas les moyens d’imposer le calme complet sur le terrain », ajoute-t-il.
Tant d’éléments qui empêchent donc l’application réelle de la résolution, qui est restée tout de même assez fragile et inappliquée, 18 ans durant (…)
Le Liban, un funambule confronté à sa propre survie !