L’ancien député Farès Souhaid, figure emblématique du camp souverainiste opposé au Hezbollah, revient sur le le rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’Arabie Saoudite qui vient d’être rendu public, alors que tous les regards étaient tournés vers une possible normalisation entre les Séoudiens et les Israéliens. L’Orient complique !
Relations Riyad-Téhéran : Décryptage de Farès Souhaid
Quand Farès Souhaid se battaitt, lors des élections législatives de mai dernier, contre la volonté du Hezbollah de partir à la conquête du Mont Liban
En s’éloignant de Beyrouth par cette route en lacets qui gagne les montagnes enneigées, le voyageur pénètre au coeur du sanctuaire chrétien. Le Mont Liban abrite à la fois le Patriarcat maronite, né voici quatorze siècles et le seul casino du Moyen Orient. Les villages sont accrochés au flanc de la montagne, les terrasses cultivées comme autant de jardins suspendus, les rixes habituelles et les églises très fréquentées. À la façon des Corses! Sauf que l’identité du Mont Liban est marquée par un fort communautarisme, mais aussi par l’ouverture au vaste monde où vit une diaspora nombreuse, active et solidaire avec la mère patrie.
À l’entrée du village de Kartaba, le docteur Farès Souhaid accueille au seuil de sa vielle demeure familiale les amis et voisins venus apporter leur soutien à la liste qu’il conduira le 15 mai prochain: huit sièges à pourvoir, sept chrétiens et un chiite, en raison de la présence d’une minorité musulmane.
Petit fils d’un médecin apothicaire formé à Paris en 1909, Farès Souhaid est connu pour son combat contre l’occupation syrienne en 2005 et pour son engagement adésormais contre les milices armées chiites. Les voitures balisées des militants du Hezbollah rodent parfois, comme ces jours ci, jusque dans le village chrétien, une menace discrète mais réelle envoyée par un mouvement capable d’assassinats ciblés contre ses opposants.
« Nous nous battons au Mont Liban sur le front culturel pour défendre notre mode de vie occidental, les plages, l’alcool ou le festival international de Byblos ». Et d’ajouter: « Pour la première fois dans l’histoire de notre région, prévient-il inquiet, le Hezbollah devrait remporter un des huit sièges en jeu. Leur candidat qui réside en banlieue sud de Beyrouth n’a rien à voir avec sa région d’origine « . « Tout était en notre faveur au Liban, nous possédions un joyau, explique une de ses soeurs présentes ce dimanche, mais cela s’est effondré ».
Dans les villages du Mont Liban, le sentiment d’encerclement par les forces hostiles est palpable. Des routes sont construites qui traversent désormais la montagne chrétienne pour relier la région de la Bekaa, fief du Hezbollah, à la mer. Ce que certains fantasment comme la volonté de Téhéran d’ouvrir, via ses alliés libanais, des couloirs jusqu’à la Méditerranée.
Autre sujet d’inquiétude pour les populations chrétiennes, le cadastre, créé sous le Protectorat français en 1926, a laissé un tiers des terres sans bornage, à l’exception des ruisseaux et autres arbres fruitiers qui créent un réel sentiment d’insécurité. D’où des conflits permanents entre chrétiens et musulmans. La bataille cadastrale, comme l’appelle le docteur Farès, est devenue prioritaire dans sa campagne. « L’heure de la Reconquista a sonné pour les chiites, explique le candidat, leur tour est venu puisque les chrétiens auraient été favorisés par le Patriarcat ». Et de dénoncer « ces deux cent millions de mètres carrés qui auraient été volés dans les villages d’Oura, Akqa ou Lassa ». « La stabilité cadastrale, insiste-t-il, est aussi essentielle que la stabilité financière ».