Listes, voix préférentielle, quotient électoral… à l’occasion des élections législatives libanaises, Mondafrique vous propose un éclairage sur le fonctionnement du système électoral libanais.
Article avec Elie Ziadé, Ici Beyrouth
Les élections législatives libanaises ont lieu le 15 mai prochain. Sauf incident majeur. Près de quatre millions de libanais sont appelés aux urnes afin d’élire leurs représentants au Parlement pour les quatre prochaines années. Le scrutin s’annonce décisif pour le pays du Cèdre, qui fait face depuis presque trois ans à une importante crise économique et politique.
Plus de 1000 candidatures ont été validées pour participer à ces élections. Bien plus que lors du précédent scrutin de 2018. Ces candidatures, se répartissent en plusieurs listes qui vont se battre pour conquérir les quinze différentes circonscriptions libanaises. Mais en fait, comment fonctionne le système électoral au Liban ? Mondafrique vous dit tout sur la question.
Système de vote
Il faut d’abord savoir que 128 sièges sont à conquérir. Ils sont répartis entre chrétiens et musulmans. La plus petite circonscription compte 5 sièges (Saida-Jezzine). La plus grande en compte 13, celle de Aley-Chouf. Le scrutin repose sur un système de représentation proportionnel, avec un vote préférentiel. Les listes sont fermées, c’est-à-dire qu’un électeur ne peut pas choisir différents candidats de différentes listes. Mais comment vote-t-il ?
Après avoir reçu la feuille de vote pré-imprimée par le ministère, il a deux choix à faire. Il doit d’abord choisir le nom d’une liste, en cochant la case qui se trouve à côté. Il a ensuite une personne pour sa voix dite « préférentielle ». Ce vote préférentiel doit respecter deux conditions : il faut que ce candidat appartienne à la liste choisie initialement et que ce candidat se présente au casa (circonscription) de l’électeur.
Scénarios possibles
Si un électeur ne choisit pas de voix préférentielle, seul le vote de la liste sera pris en compte.
Si un électeur ne coche que la case pour une voix préférentielle au sein d’une liste, une voix sera tout de même comptabilisée pour la liste tout entière.
Si un électeur donne deux voix préférentielles au sein d’une même liste, elles ne seront pas comptabilisées, mais une voix sera quand même attribuée à la liste tout entière.
Si un électeur coche la case d’une liste mais choisit un candidat préférentiel sur une autre liste, seul le vote de la liste de départ sera comptabilisé.
Si un électeur vote pour deux listes différentes, ou s’il y a un signe distinctif sur le bulletin, le vote est considéré comme annulé.
Enfin, si un électeur ne coche aucune case nulle part, c’est un vote blanc.
Répartition des sièges suivant les listes
La répartition des sièges entre les listes dépend du « quotient électoral ». Il est simple à calculer. Il se présente comme suit : « nombre d’électeurs – nombre de votes annulés / nombre de sièges ».
Pour illustrer, un exemple. Si une circonscription « landa » compte 10 sièges à pourvoir et qu’il y a trois listes (A, B et C) qui se présentent. Il y a 152 000 votes. 10 000 votes pour la liste A, 40 000 pour la B, et 100 000 pour la C. Il y a également 1000 votes blancs et 1000 votes annulés. Le quotient électoral sera donc calculé comme cela : 152 000 – 1000 / 10 = 15 100. Une fois ce résultat obtenu, seul les listes qui ont obtenu un total de voix supérieur à 15 100 voix seront qualifiées. Dans notre exemple il ne reste donc que les listes B et C.
Ce n’est pas fini ? Il faut maintenant départager les listes B et C. Pour cela, on effectue un nouveau quotient électoral. Cette fois avec des données différentes : « nombre d’électeurs – votes annulés – votes blancs – nombre de votes des listes éliminées / nombre de sièges ». Si on poursuit notre exemple de départ. Nous avons donc le calcul suivant : 152 000 – 1000 – 1000 – 10 000 / 10 = 14 000.
On divise ensuite le nombre de voix de chaque liste par ce nouveau quotient : 100 000 / 14 000 et 40 000 / 14 000. On obtient respectivement 7,14 pour la liste C, et 2,86 pour la liste B. Il y aura donc 7 sièges pour la liste C et 2 sièges pour la liste B.
Mais attention, les décimales comptent aussi. Dans notre cas, nous comparons 0,14 et 0,86. C’est celui-ci qui est plus grand. Cette victoire donne un siège supplémentaire à la liste B. Finalement, la liste C aura 7 sièges, et la liste B, 3 sièges.
C’est ainsi que les sièges seront attribués au sein des différentes listes électorales le 15 mai prochain. Rappelons toutefois que les Libanais de l’étranger voteront le 6 ou le 8 mai.
