Le regain d’intérêt de l’Arabie saoudite pour le Liban reflète sa stratégie de la guerre froide consistant à utiliser l’influence financière et politique pour contrer les menaces idéologiques.
Dans les années 1960, les Saoudiens se sont alliés aux Maronites libanais, s’appuyant sur le « Deuxième Bureau » et le soutien américain pour contrer le nassérisme et le communisme dans les communautés sunnites de Beyrouth, Saïda et Tripoli. Aujourd’hui, Riyad emploie des tactiques similaires contre le bloc turco-qatarien et le modèle soft power des Frères musulmans.
Ce changement est évident dans la récente réorganisation diplomatique de l’Arabie saoudite. Le rappel de l’ambassadeur Waleed Bukhari et l’attribution du dossier libanais au prince Khalid bin Salman (KBS) montrent une approche plus proactive. La présence de figures comme Yazeed bin Farhan et le retour des « fonds politiques » saoudiens soulignent l’engagement du royaume à retrouver son influence au Liban. Les députés sunnites (comme Karameh, Samad et Murad), autrefois alignés avec la « résistance », bénéficient désormais de cette largesse, témoignant de la stratégie saoudienne visant à coopter des acteurs clés pour contrer l’influence turco-qatarienne.
Au-delà du soutien financier, la stratégie de Riyad vise à réaffirmer son rôle décisif au Liban, non seulement pour des résultats électoraux immédiats mais aussi pour inverser des années de négligence pendant lesquelles l’Iran, le Qatar et la Turquie ont renforcé leur influence sur les factions sunnites et autres.