Malgré le cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hezbollah, les tensions persistent au Liban. Frappes, survols de drones et menaces réciproques font craindre une reprise des hostilités à tout moment, comme en témoigne Karim El Khoury, un habitant de Beyrouth. Alors que l’ONU se réunit pour discuter de la situation, la population libanaise retient son souffle, redoutant une nouvelle explosion de violence.
« Nous vivons sur un volcan en ébullition ! »
« Lundi soir, le cauchemar a repris. Les frappes ont de nouveau déchiré le ciel, le Hezbollah ayant cette fois-ci répliqué lui-même. Bien entendu, la réponse violente d’Israël ne s’est pas fait attendre. Pendant deux longues heures, les drones ont repris leurs survols à très basse altitude, scrutant chaque recoin du Liban. Les avions de chasse ont également fait leur sinistre apparition, larguant leurs bombes. Dans le Sud, des familles ont repris la route de l’exil, fuyant une fois de plus leur région meurtrie.
C’était comme si quelqu’un avait appuyé sur un interrupteur, replongeant le pays dans l’horreur. Les explosions ont de nouveau fracassé nos tympans à peine remis des précédents bombardements. Nous nous sommes instantanément remis en mode “guerre”, guettant fébrilement les alertes sur nos groupes WhatsApp. Ce n’est que lorsqu’Israël a officiellement annoncé en avoir terminé avec les frappes que nous avons pu pousser un soupir de soulagement. Mais ce répit est précaire, nous en sommes tous conscients. Ce n’est qu’une trêve fragile, prête à voler en éclats à tout instant.
Déjà dimanche, les drones de surveillance avaient repris leur ballet incessant au-dessus de Beyrouth et des régions avoisinantes, survolant même des zones jusque-là épargnées. Pendant deux heures interminables. Dans la banlieue sud, là où la frappe fatale a eu lieu, un mémorial de fortune a été érigé en l’honneur de Nasrallah. Une foule immense, des bougies et des portraits à la main, s’y est recueillie au son de ses discours diffusés par haut-parleurs. Nous avons désormais notre “Ground Zero”, filmé sans doute par les drones israéliens pour alimenter leurs bases de données. Un signal alarmant.
Les obsèques de Nasrallah qui s’annoncent pourraient bien sonner le glas définitif de cette “trêve”. Tous les cadres restant du Hezbollah seront présents, des cibles de choix pour Israël. Certains, jusque-là terrés, ont d’ailleurs refait surface depuis le cessez-le-feu… Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a même pris la peine de répondre sur X à un député chiite qui clamait la “victoire divine”. Que nous réserve encore le sort ? Rien de rassurant, hélas. Nous vivons sur un volcan en pleine éruption, à la merci de la prochaine explosion. » Témoigne Karim El Khoury, 52 ans.
Cessez-le-feu au Liban : Israël et le Hezbollah sur le fil du rasoir
Selon le quotidien L’Orient-Le Jour, malgré l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur mardi dernier, les tensions persistent entre Israël et le Hezbollah. Lundi, pour la première fois depuis la trêve, le Hezbollah a mené une attaque contre une position de l’armée israélienne dans la région contestée des collines de Kfarchouba, en réponse à plusieurs dizaines de frappes israéliennes au Liban.
Toujours d’après L’Orient-Le Jour, si le Hezbollah semble avoir voulu montrer qu’il n’est pas passif face aux attaques israéliennes sans pour autant provoquer une escalade, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a juré de « répondre fortement » tout en se disant déterminé à mettre en œuvre le cessez-le-feu. Peu après, plusieurs raids ont touché le Liban-Sud.
De son côté, le média Ici Beyrouth rapporte que Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël est « dans un état de trêve et non pas de fin de guerre avec le Liban ». Selon la même source, le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a averti que l’État libanais sera tenu pour responsable de toute violation de la trêve, menaçant d’agir avec force si la guerre reprend.
L’Orient-Le Jour souligne que malgré la fragilité de l’accord, un porte-parole du Pentagone a déclaré que le cessez-le-feu « tient toujours ». Le journal libanais ajoute que le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira mercredi à la demande de la France et des États-Unis pour discuter de la situation, avec une intervention prévue de Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint aux opérations de paix.
Les deux médias s’accordent sur le fait que la situation reste très tendue entre Israël et le Hezbollah malgré l’accord de cessez-le-feu, chaque partie semblant prête à reprendre les hostilités en cas de nouvelles violations, alors que la communauté internationale suit de près l’évolution du conflit.
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