Ce dimanche, Israël frappe au cœur de Beyrouth et mène deux assassinats.
La photo est signée Georges Boustany. « Quand l’horreur se transforme en normalité, écrit-il, l’humanité tire sa révérence ».
Dans un article publié par l’Orient-Le Jour, on apprend que le Liban a vécu une journée particulièrement sombre ce dimanche, près de deux mois après le début des affrontements entre le Hezbollah et Israël, qui ont dégénéré en guerre totale depuis le 8 octobre 2023. Deux attaques israéliennes ont ciblé le cœur de Beyrouth, un fait assez rare. La première a visé Mohammad Afif, responsable des médias au sein du Hezbollah, ainsi que son adjoint Mahmoud el-Charif, tous deux tués dans une frappe qui a touché les bureaux de la branche libanaise du parti dans le quartier mixte de Ras el-Nabeh. Selon l’Orient-Le Jour, Mohammad Afif a été tué pour son implication dans les attaques contre l’État hébreu.
De son côté, le média « Ici Beyrouth » rapporte que dans la soirée, une frappe aérienne israélienne a touché pour la première fois le quartier de Mar Elias à Beyrouth, marquant ainsi une escalade significative du conflit en cours avec le Liban. La radio de l’armée israélienne a indiqué que l’attaque visait initialement le chef des opérations du front sud du Hezbollah, mais des informations ultérieures ont révélé que la cible était en réalité Mahmoud Madi, un haut responsable militaire du groupe.
Ces deux événements tragiques marquent une intensification des hostilités entre Israël et le Hezbollah, plongeant le Liban dans une situation de plus en plus précaire et semant la terreur parmi la population civile prise au piège de ce conflit dévastateur.
« Nous ne sommes que des dommages collatéraux »
La population de Beyrouth est révoltée de se retrouver prise en otage dans ce conflit, servant de bouclier humain aux responsables du Hezbollah visés par Israël. Les frappes sur Ras el-Nabeh et Mar Elias ont suscité un sentiment de fatalité et de colère parmi les civils, terrorisés à l’idée d’être devenus des cibles et de la chair à canon. « On nous met tous en danger ! », s’insurge un habitant, tandis qu’une femme en larmes s’interroge : « Pourquoi nous ? Qu’avons-nous fait pour mériter ça ? ». «
La paranoïa est à son comble et plus personne ne se sent en sécurité. « Nous ne sommes que des dommages collatéraux pour eux, des pions sacrifiables dans leur jeu macabre », s’indigne un jeune homme, exprimant la frustration et le sentiment d’injustice qui habitent les résidents. Pris entre deux feux, les civils expriment leur désespoir face à une situation qui les dépasse et menace leur vie à chaque instant, condamnés à subir les conséquences dévastatrices d’un conflit sans fin dans lequel ils ne sont que des victimes innocentes.
Patrimoine libanais en péril
Dans un élan de solidarité et de préoccupation pour le patrimoine culturel du Liban, 300 professionnels de la culture, dont des archéologues, des universitaires, des conservateurs de musée et des écrivains du monde entier, ont uni leurs voix pour interpeller l’Unesco. A travers une pétition adressée à la directrice de l’institution, Audrey Azoulay, ils appellent à la mise en place de mesures renforcées, allant jusqu’aux sanctions, pour protéger les trésors irremplaçables du Liban, en particulier les sites antiques de Baalbeck, Tyr et Anjar, classés au patrimoine mondial de l’Unesco et aujourd’hui menacés par le conflit opposant Israël au Hezbollah depuis le 23 septembre.
Cette initiative, portée par l’ONG Change Lebanon, intervient à la veille d’une session extraordinaire du Comité pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, qui se tiendra lundi au siège parisien de l’Unesco, à la demande du Liban. Les signataires en appellent également aux États influents pour qu’ils usent de leur force diplomatique et militaire afin de stopper sans délai toute action menaçant ces joyaux du patrimoine, à l’instar de Baalbeck, vestige imposant de l’architecture romaine impériale et haut lieu de la scène artistique internationale grâce à son prestigieux festival fondé en 1956.