Un lanceur d’alerte, cité par le quotidien britannique The Telegraph, a indiqué que le Hezbollah stocke d’énormes quantités d’armes, de missiles et d’explosifs iraniens à l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth.
Cette information a suscité un vif émoi au Liban où le ministre sortant des Travaux publics, Ali Hamiyé, proche du Hezbollah, s’est empressé de convoquer une conférence de presse pour démentir les informations du Telegraph qui mettent en danger l’aéroport, les passagers et les employés.
Au cours de sa conférence de presse, M. Hamiyé a formellement démenti les informations « ridicules » du Telegraph.
Il a invité les journalistes et les diplomates agréés au Liban à effectuer une tournée à l’aéroport lundi à 10h30 pour s’assurer que les indications du quotidien britannique « ne sont pas fondées ».
M. Hamiyé a en outre demandé aux diplomates qui visiteront l’aéroport de presser Israël d’arrêter ses survols du territoire national.
Selon lui, l’AIB a toujours été « dans le viseur d’Israël qui n’arrête pas de le dénigrer, depuis des décennies ». Il a fait état de rapports faisant état d’ « un millier de violations israéliennes de l’espace aérien libanais, en particulier au-dessus de l’aéroport, en plus du brouillage » du système GPS libanais, pratiqué par Tel Aviv.
Le ministre a aussi indiqué que le gouvernement libanais allait intenter un procès au Telegraph, ajoutant que les discussions sont en cours pour en déterminer les modalités.
Il a assuré que les douanes libanaises ainsi que les services de sécurité sont « irréprochables », jugeant « impensable de remettre en cause leur travail ».
M. Hamiyé a ensuite expliqué que « ce ne sont pas les employés de l’aéroport qui vérifient les paquets qui arrivent à l’aéroport mais plutôt les douanes et les appareils sécuritaires de sorte que les sources du Telegraph ne sont fiables ».
« Le plus important pour nous est d’assurer le bon fonctionnement des ports et de l’aéroport du Liban » afin de ne pas affecter le commerce, a poursuivi le ministre.
Ali Hamiyé a conclu en donnant lecture d’un courriel de la IATA qui dément avoir donné une information quelconque au Telegraph en ce qui concerne la situation à l’AIB.
Pour sa part, Fadi al-Hassan, directeur général de l’aviation civile, a rappelé que « toutes les grandes compagnies aériennes qui opèrent au départ et à destination du Liban sont parmi les plus importantes au monde ». « Elles effectuent des contrôles de sécurité réguliers à l’aéroport et de ce fait n’hésiteraient pas à interrompre leurs vols s’il y avait un danger quelconque », a-t-il affirmé.
Il a par ailleurs assuré que le nombre de vols en direction du Liban est en augmentation
L’Union du transport aérien au Liban (UTA) a également démenti en bloc les informations du quotidien britannique, » qui mettent en danger les employés du secteur ainsi que les passagers « , invitant » tous les médias à se rendre à l’aéroport afin de vérifier par eux-mêmes qu’il n’existe pas d’armes stockés «
Dans son édition du dimanche 23 juin, The Telegraph a rapporté que le lanceur d’alerte a précisé que « la pratique du stockage d’armes, qui a toujours existé à l’aéroport, s’est intensifiée depuis le début du conflit à Gaza en octobre ».
D’autres employés de l’aéroport ont fait les mêmes confidences au Telegraph, mais sous couvert d’anonymat. « De grandes boîtes mystérieuses arrivent sur des vols directs en provenance d’Iran », raconte l’un d’eux.
Pour l’accueil, The Telegraph cite Wafic Safa, le responsable du Comité de liaison et de coordination du Hezbollah, qui réceptionnerait les boîtes et qui « se présente toujours aux douanes », selon le lanceur d’alerte qui fait état de « relations étroites » entre Safa et les responsables de la douane.
L’article du Telegraph précise que la cache d’armes à l’aéroport de Beyrouth comprendrait des roquettes d’artillerie non guidées Falaq de fabrication iranienne, des missiles à courte portée Fateh-110, des missiles balistiques mobiles et des missiles M-600 d’une portée de 150 à 200 miles (240 à 320 km). Il y aurait aussi à l’aéroport des missiles anti-char guidés par laser AT-14 Kornet, d’énormes quantités de missiles balistiques à courte portée Burkan et de l’explosif RDX, une poudre blanche toxique également connue sous le nom de cyclonite ou d’hexagone.
Une source sécuritaire à l’Association internationale de transport aérien (IATA) a déclaré au Telegraph être au courant de ce trafic depuis des années et de ne pas pouvoir faire quoi que ce soit sans une action juridique internationale. « Nous avons les mains liées et ne pouvons faire ce que nous voudrions vraiment, à savoir fermer l’aéroport et faire enlever toutes les armes et les explosifs », a dit cette source.
Cependant, une autre source de l’IATA a démenti ces propos, affirmant qu’ »il n’y a pas eu de déclarations de cette association au Telegraph« .
Le quotidien britannique souligne que ces révélations font craindre que l’aéroport Rafic Hariri, situé à quelques kilomètres du centre-ville, ne devienne une cible militaire majeure. Il rappelle qu’Israël effectue depuis des années des attaques sur les aéroports (civils) de Damas et d’Alep, en Syrie, où l’Iran transfère des armes depuis ses installations de production pour le compte de ses alliés dans la région.