Le silence du chef du Hezbollah sur l’agression de Salman Rushdie.

Hadi Matar, 24, listens while being arraigned in the Chautauqua County Courthouse in Mayville, N.Y., Saturday, Aug. 13, 2022. Matar who is accused of carrying out a stabbing attack against “Satanic Verses” author Salman Rushdie has entered a not-guilty plea on charges of attempted murder and assault. An attorney for Matar entered the plea on his behalf during the arraignment hearing. (AP Photo/Gene J. Puskar)

Ce silence gêné du chef de la formation pro iranienne dans l’affaire Salman Rushdies’explique par l’influence du Hezbollah et de l’Iran sur l’agresseur de  l’écrivain.Deux témoignages montrent en effet que Hadi Matar, l’assaillant de Rushdie aux États Unis, avait été en contact avec les Gardiens de la révolution iraniens et avec le Hezbollah, le mouvement chiite libanais lié à l’Iran

Qui est Hadi Matar, l’homme d’origine libanaise qui a attaqué Rushdie ? Des portraits de combattants du Hezbollah tués, affichés sur la place publique du village de Yaroun au Liban-sud, le 13 août 2022. Ph


Américain d’origine libanaise, Hadi Matar aurait prémédité son attaque, selon les procureurs en charge de l’affaire. Il comparaîtra une nouvelle fois au tribunal le 19 août. 

La mère du suspect, d’origine libanaise mais vivant aux Etats Unis, affirme que son fils a passé un mois au Liban en 2018, un séjour qui l’a transformé en « fanatique religieux ». Autre témoignage troublant,  l’islamologue Romain Caillet, un bon connaisseur de la mouvance musulmane extrémiste,  présente sur « Twitter » Hadi Matar comme « un chiite libanais d’obédience Khomeyniste ». Selon Romain Caillet, sur le profil Facebook de l’agresseur présumé sont affichées des photos de « figures du régime iranien, ainsi que son fondateur, l’Ayatollah Khomeyni »

Hassan Mughniyah, un patronyme troublant.

L’islamologue affirme également que Matar « a utilisé un faux permis de conduire et le choix du nom est éloquent pour qui connaît l’islamisme chiite et le Hezbollah : Hassan Mughniyah… » Le patronyme Moghniyé renvoie à Imad Moghniyé, responsable militaire du Hezbollah tué en 2008 à Damas.

Dans les pays musulmans les plus extrémistes, l’attaque a été saluée par des extrémistes. En Iran, le quotidien ultraconservateur Kayhan a félicité  » cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie  » et le journal Javan écrit dimanche qu’il s’agit d’un complot des Etats-Unis qui  » veulent probablement propager l’islamophobie dans le monde « .

Au Pakistan voisin, le parti Tehreek-e-Labbaik Pakistan — réputé pour sa violence contre ce qu’il considère comme du blasphème antimusulman — a jugé que Rushdie  » méritait d’être tué « .

Dimanche, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait déclaré que des médias d’Etat iraniens « jubilaient » après l’agression de l’intellectuel, estimant cette réaction « abject[e] ».

Le service de sureté à Beyrouth se dit incapable de confirmer la nationalité libanaise de l’agresseur. C’est peu !