Le discours il est vrai convenu de Stéphane Séjourné sur les priorités que constituent le rétablissement du calme à la frontière et l’arrêt des opérations militaires entre le Hezbollah et Israël ne semble pas avoir convaincu le ministre libanais des Affaires Étrangères, Abdallah Bou Habib. Celui-ci a accuse son interlocuteur de se faire l’écho des menaces israéliennes et s’est employé à minimiser l’importance de l’initiative française.
Le ministre sortant des Affaires étrangères a ainsi affirmé à la presse que M. Séjourné les avait avertis qu’Israël pourrait déclencher une guerre contre le Liban. « Il nous a prévenus que les Israéliens pourraient déclencher une guerre (…) pour ramener chez eux » les dizaines de milliers d’habitants évacués des zones proches de la frontière avec le Liban, a indiqué M. Bou Habib. Des propos que l’on a indirectement atténués dans l’entourage du ministre français, en affirmant que ce dernier était, au contraire, porteur d’initiatives diplomatiques pour une désescalade.
« Nous lui avons dit que nous ne voulions pas d’une guerre. Nous voulons un accord sur la frontière par le biais de l’ONU, des Français et des Américains », a ajouté M. Bou Habib.Selon lui, « la France a des suggestions de règlement qui ne sont pas encore finalisées ».
M. Bou Habib a aussi précisé que le dialogue avec le Hezbollah est continu « aux niveaux des Affaires étrangères et de la présidence du Conseil ». Il a souligné qu’il n’existe pas de désaccord entre le Liban officiel et le parti pro-iranien.
Il a poursuivi en proposant que la communauté internationale aide le Liban à assurer une présence renforcée de l’armée à la frontière par le biais du recrutement de 7.000 soldats, soulignant que la France semble intéressée par cette proposition. Il a aussi dit estimer qu’Israël ne gagnera pas la guerre malgré son immense capacité de destruction.
La défense du Hezbollah
M. Bou Habib avait anticipé la visite de M. Séjourné en multipliant les déclarations mardi. Dans une entrevue accordée au média Al-Arabiya, il a précisé que l’armée n’avait pas les capacités pour se déployer à la frontière, insistant sur le fait qu’il « n’accepterait pas que le Hezbollah se retire au-delà du Litani, car cela entraînerait une reprise de la guerre ».
En début de soirée, face au tollé provoqué par ce discours, son bureau de presse a fait paraître un communiqué dans lequel il a indiqué que les propos du ministre avaient été « tronqués ».