« Cette élection présidentielle est différente de toutes celles qui l’ont précédée. Du moins pour le Michigan », confie Abdallah, un chauffeur de taxi d’origine libanaise résidant à Dearborn, près de Détroit, une localité réputée pour sa démographie à majorité arabe et nord-africaine.
« Aux dernières élections, j’ai voté pour Joe Biden, mais cette fois-ci je ne voterai pas pour les démocrates! Je suis extrêmement déçu par leur politique étrangère et révolté par leur gestion de la guerre au Moyen-Orient, c’est la raison pour laquelle j’envisage sérieusement de voter pour Donald Trump! », a-t-il expliqué à Ici Beyrouth.
Comme Abdallah, nombreux sont ceux qui pourraient voter pour le candidat républicain dans cet État clé du nord des États-Unis, pour exprimer leur mécontentement face aux positions « laxistes » du président et de la vice-présidente vis-à-vis d’Israël.
En effet, la communauté arabo-américaine reproche à Kamala Harris de ne pas être plus incisive à l’égard du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et lui en veut de l’avoir marginalisée lors de la convention nationale. Un désavantage qui joue en la faveur de son rival, Donald Trump, qui s’entoure de personnalités arabes et libanaises, notamment du beau-père de sa fille, Tiffany, Massaad Boulos.
Pour Ali, coiffeur libanais de confession chiite et originaire de Bint Jbeil, Donald Trump serait la planche de salut des États-Unis. « Je ne suis pas toujours d’accord avec ses idées politiques et ses positions ouvertement anti-iraniennes, mais je dois reconnaître que ce candidat possède un programme politique cohérent et une vraie vision économique. Il sait très bien ce qu’il fait lorsqu’il est question d’argent et d’économie, alors que Kamala Harris n’appliquera que les politiques économiques désastreuses de Joe Biden et de Barack Obama. »
Il est clair que Kamala Harris s’inscrit encore dans la lignée du président actuel et n’a montré aucun signe de changement fondamental de stratégie, notamment concernant le soutien américain à Israël. Elle défend vigoureusement « le droit d’Israël à se défendre », mais promet de « se battre pour que les Palestiniens puissent concrétiser leur droit à la dignité, à la liberté, à la sécurité et à l’autodétermination ». À l’inverse de Donald Trump, qui a incité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à « finir le boulot », elle prône la fin de la guerre dans la bande de Gaza, après l’assassinat du chef du Hamas Yahya Sinouar.
Donald Trump assure qu' »il n’y aurait jamais eu de 7 octobre en Israël », en référence à l’attaque du Hamas, sous sa garde. D’ailleurs, s’il gagne, « nous aurons à nouveau la paix dans le monde. C’est garanti ». Il accuse Kamala Harris de « détester Israël », vante ses liens avec l’Arabie saoudite notamment et assure que Gaza « pourrait être encore mieux que Monaco ». « Si elle devient présidente, je crois qu’Israël n’existera plus d’ici deux ans », a-t-il dit.
Sur l’Iran, tous deux affichent une ligne dure mais Donald Trump accuse l’administration Biden d’avoir laissé Téhéran, ennemi juré des Éats-Unis, « s’enrichir » malgré les sanctions, et d’avoir par sa faiblesse permis à l’Iran d’attaquer Israël par deux fois, en avril et début octobre.
Samedi dernier, l’ancien président s’était rendu à Dearborn où il a reçu le soutien de nombreux leaders musulmans. Lundi, Kamala Harris s’est également rendue à Ann Arbor, une commune située à une cinquantaine de kilomètres de Détroit, pour tenter de convaincre l’électorat local de voter pour elle et son colistier Tom Walz.
Car Donald Trump ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté arabe du Michigan. Alors que certains estiment qu’il devrait remporter la course présidentielle, d’autres le critiquent sévèrement et affichent publiquement leur soutien à la candidate démocrate qui, depuis le 5 août dernier, s’est déplacée 14 fois dans cet État clé qui regroupe 38 grands électeurs.
« Kamala Harris n’est pas raciste et islamophobe », souligne Oussama, un restaurateur libanais installé à Détroit depuis le début des années 2000, à Ici Beyrouth. « Elle n’a pas besoin de prétendre qu’elle est réellement proche des gens et qu’elle s’intéresse à leurs problèmes. »
Une chose demeure certaine: à huit jours de l’élection, la course pour la Maison Blanche est loin d’être terminée.