Courtois, consensuel et légitimiste, le patron de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, a réussi la performance d’être soutenu discrètement par les Américains, tout en cohabitant ces dernières années, au prix de beaucoup de diplomatie, avec le Hezbollah. Pour autant, les gradés libanais soutenus financièrement par les Américains, mais de façon parcimonieuse, et très mal payés quelque cent dollars par mois, ne pèsent d’aucun poids face à l’armée israélienne. Pour l’instant, les 60000 militaires du Pays du Cèdre n’ont pu que riposter, et une seule fois simplement, aux attaques israéliennes contre un de leurs sites. C’est peu, même si cette prudence est réaliste compte tenu de la modeste force de frappe du Liban.
Joseph Aoun qui vient de la communauté maronite en raison de la constitution libanaise a toujours été apprécié par l’ensemble des forces politiques. C’est a raison pour laquelle il fait figure du candidat le plus consensuel pour le poste de Président de la République vacant depuis deux ans. Hélas, l’invasion des Israéliens retarde encore d’avanta le retour du Liban à une vie institutionnellenormale
Ce haut gradé dirige une armée composée d’une bonne moitié d’officiers chrétiens. Encore que ces dernières années, le Président Michel Aoun, allié du Hezbollah, qui a quitté le pouvoir en octobre 2022, a fait pression pour que des militants de son mouvement, le Courant Patriotique Libre (CPL), grossissent les rangs de ses sympathisants au sein de l’institution militaire.
Le général Joseph Aoun doit compter également avec des sous-officiers sunnites pour 35% et chrétiens pour 28%. Un quart seulement de la hiérarchie militaire intermédiaire est chiite, mais pas nécessairement sous l’influence du Hezbollah. « Ces dernières années, observe un officier, l’accent mis par l’armée sur le recrutement des femmes a été certainement un moyen habile d’éviter la venue de militaires qui soient des musulmans fondamentalistes ».
Le dosage avant tout
Au Liban, tout a été ces dernières années affaire de dosage. Des gradés au sein de l’armée sont connus pour leur proximité avec le Hezbollah comme le général Malek Chamas, qui fut longtemps membre du conseil militaire et directeur général de l’administration. Ses fonctions précédentes comme commandant adjoint du secteur du Sud du Litani, directeur adjoint des Renseignements et coordinateur du gouvernement Libanais près de la FINU, montrent à quel point les équilibres communautaires sont respectés au sein de l’institution militaire.
Lorsque le Hezbollah, ces deux dernières années, s’employait à imposer son propre candidat cà la Présidence libanaise, les forces chrétiennes n’étaient pas loin de se rallier au général Aoun. Depuis la décapitation du mouvement chiite par l’armée israélienne, les chefs de clans, Samir Geagea à la tète des Forces Libanaises et d’autres, reprennent l’espoir d’occuper eux mêmes ces fonctions convoitées.
Ce qui retarde encore la remise sur pied des institutions libanaises déja compromise totalement par l’invasion israélienne