Israël-Hezbollah : la guerre ou l’argent

Near Bent Jbail, Lebanon – February 28, 2013: Surface to Surface rockets pointing south (toward Israel) on the roadside from Qana to Bent Jbail in Hezbollah controlled South Lebanon.

Alors que les discussions sur le tracé frontalier maritime entre Israël et le Liban piétinent, la société grecque Energean Oil and Gas PLC a annoncé la découverte d’un nouveau gisement de gaz naturel au large des côtes d’Israël.

Ce nouveau gisement de 7 à 15 milliards de mètres cubes (BCM), se trouve au large de la côte nord d’Israël, juste au sud de la plate-forme de Karish réclamée par le groupe terroriste pro-iranien Hezbollah.

Ce sont ces richesses énergétiques qui ont amené le Liban et Israël, deux pays officiellement en guerre, à entamer des discussions sur le tracé d’une frontière maritime. Seul le tracé d’une frontière reconnue au plan international autorisera le Liban et Israël à exploiter ses ressources sans risquer un conflit. Les Etats Unis et l’Union européenne ont aussi intérêt à l’aboutissement rapide de ces négociations en raison de l’embargo gazier prononcé par Vladimir Poutine sur l’Union européenne et en raison des sabotages des pipelines NordStream 1 et 2. Le gaz méditerranéen peut avantageusement remplacer le gaz russe qui risque de manquer cet hiver en Europe.

Seulement voilà, au Moyen Orient, les choses n’avancent jamais rationnellement. Depuis quelques jours, un tracé frontalier élaboré par les Américains était sur la table. Ce plan de partage attribuait le champ gazier de Karish (réclamé par le Hezbollah) à Israël et la quasi-totalité du champ de Qana (plus important que Karish et dont Israël réclamait auparavant la propriété pour plus de la moitié) au Liban.

On imagine que Joe Biden a du mettre son pistolet sur la table pour obtenir l’assentiment des dirigeants israéliens, Yair Lapid et Benny  Gantz. Mais il l’a obtenu. Bien entendu, l’opposition politique en Israël a immédiatement réagi et Netanyahu, qui pilote une coalition de droite qui a de bonnes chances de s’imposer au cours des élections législatives du 1er novembre a affirmé que Yaïr Lapid, actuel Premier ministre d’Israël, avait « fait cadeau des ressources naturelles d’Israël au Liban et au Hezbollah et qu’il ne se sentait pas lié par l’accord que l’actuel premier ministre, Yair Lapid pourrait signer ».

Les Libanais de leur côté ont présenté une liste d’amendements qui a fait frémir de rage les Israéliens. Ainsi, le journal libanais Al-Akhbar, a déclaré mardi 4 octobre, que le gouvernement libanais n’acceptait pas l’idée d’une zone de sécurité à l’intérieur de sa frontière maritime.

Le Premier ministre israélien Yair Lapid a rejeté jeudi les objections du Liban à l’accord maritime et le ministre de la Défense Benny Gantz, ministre de la défense a mis Tsahal en état d’alerte.

Toute la question est aujourd’hui de savoir si ces rodomontades sont de nature économique ou politique. Le Liban essaie-t-il de grapiller quelques menus avantages de dernière minute ? Ou bien, sur pression du Hezbollah (et donc de l’Iran, allié de la Russie), s’agit-il de refuser tout accord qui au final, aboutirait pour le Hezbollah à une reconnaissance politique de l’Etat d’Israël ? Les milliards de dollars que le gaz représente pour le Liban seront-ils sacrifiés à ce principe islamique qu’une terre d’Islam ne se partage pas avec l’infidèle surtout quand cet infidèle est juif ? Le Hezbollah peut-il signer de son côté avec Israël alors que depuis sa création en 1982, il incite les Palestiniens à ne rien signer avec les Juifs ?  Nous saurons bientôt si la raison économique prévaut sur la déraison politique.