Benjamin Netanyahou: « une guerre civile au Liban serait une tragédie »

Dans des propos recueillis à Jérusalem par Renaud Girard, journaliste au Figaro, et publiés ce jeudi dans le grand quotidien français, le Premier ministre israélien redit, sur un ton qui se veut relativement modéré, que le seul objectif de son pays est « de démanteler au sud Liban tous les réseaux terroristes capables de menacer à nouveau notre frontière du Nord ». Ce qui passerait, ajoute-t-il, par « la destruction de toutes les infrastructures terroristes » du mouvement chiite qui suppose une guerre totale au Liban. Extraits


 -Renaud Girard: Le vendredi 11 octobre, à Chypre, lors du sommet Med9 des chefs d’Etat et de gouvernement de la Méditerranée, Emmanuel Macron a, contre Israël, appelé à un embargo international des armes utilisées à Gaza et au Liban. Quelle est votre réaction ?

Benyamin Netanyahou : Israël estime que ses amis en Europe, comme la France, devraient se tenir à ses côtés. Car c’est notre civilisation commune que nous défendons dans la guerre sur sept fronts que nous menons contre l’axe iranien de la terreur. Dans notre lutte contre le Hamas, contre le Hezbollah, contre les Houthis, contre le régime iranien, nous combattons des gens qui haïssent toutes les valeurs que défend l’Europe.

Au moment même où l’Iran s’assure que ses supplétifs terroristes du Moyen-Orient soient bien approvisionnés en armes, voici que la France appelle à un embargo sur les armes à destination d’Israël. Bien que nous ne recevions pas d’armes de la France, je trouve cet appel honteux. J’espère que la France va modifier sa politique, afin que nous puissions travailler ensemble à la stabilité du Liban, ainsi que sur d’autres dossiers régionaux.

-Dans une vidéo en anglais, publiée sur X le 8 octobre 2024, vous vous êtes adressé directement au peuple libanais, l’invitant à reprendre le contrôle de son pays. N’avez-vous pas peur que votre stratégie actuelle d’affaiblissement du Hezbollah ne relance une guerre civile au Liban ?

Une nouvelle guerre civile au Liban serait une tragédie. Ce n’est certainement pas notre but d’en provoquer une. Israël n’a pas l’intention de s’ingérer dans les affaires intérieures du Liban. Notre seul objectif est de permettre à nos citoyens vivant le long de la frontière libanaise de pouvoir rentrer chez eux et de s’y sentir en sécurité. J’estime que le peuple libanais mérite un avenir de prospérité et de paix. J’espère que l’affaiblissement actuel du Hezbollah, mouvement piloté par Téhéran et qui a pris progressivement le Liban en otage, donnera l’occasion aux Libanais de reprendre en main leur destin.

-Quand et comment finira votre guerre au Liban ?

Je répète que notre objectif de guerre est simple, qu’il s’agit pour nous de faire rentrer chez eux nos 60000 réfugiés de Galilée et de démanteler au sud Liban tous les réseaux terroristes capables de menacer à nouveau notre frontière du Nord. Le Hezbollah doit être repoussé au-delà du fleuve Litanie. Nous allons détruire toutes les infrastructures terroristes qu’il a bâties au cours des deux dernières décennies. En tant que Premier ministre d’Israël, je dois m’assurer que les Juifs ne subiront plus jamais, de la part de quiconque, d’attaque génocidaire, du type de celle qu’a commis le Hamas le 7 octobre 2023. Plus jamais nous ne tolérerons qu’une organisation génocidaire s’installe à nos frontières.

-La France, l’Espagne et l’Italie vous reprochent de maltraiter la FINUL (force intérimaire des Nations Unies au Liban), il y a eu plusieurs incidents avec des blessés légers…

Nous n’avons strictement rien contre la FINUL. Il est vrai que le Hezbollah se cache souvent derrière des postes de la FINUL pour lancer des missiles contre nous. Je regrette que les mécanismes décidés par la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’Onu, après la guerre Hezbollah-Israël de l’été 2006, n’aient pas été mis en place. Je vous rappelle que la Résolution exigeait que les seules6 armes présentes au sud du Litani fussent celles de l’armée libanaise. Or, dans cette zone, le Hezbollah a creusé des centaines de tunnels et de caches, où nous venons de trouver quantité d’armements russes du dernier cri. En presque vingt ans, combien de missiles du Hezbollah la FINUL a-t-elle arrêté ? Zéro, hélas !