Dix neuf ministres sur trente dont les responsables des Affaires Étrangères et de la Défense ont été écartés par le Président Kaïs Saied, ce dimanche 25 aout. Seuls le ministre de la justice, le ministre de l’intérieur et le ministre des finances ont été épargnés.
Le gouvernement tunisien est désormais un navire sans gouvernail. Pour des raisons inconnues mais dans un climat délétère où une partie de l’armée met plus ou moins ouvertement en cause certaines décisions du Palais de Carthage, il semble que le président tunisien ne fasse plus confiance à personne de façon durable. Le 8 août, les services du président avaient déjà annoncé sans aucune explication le limogeage du Premier ministre Ahmed Hachani qui n’a pas été remplacé depuis.
Un turn over inquiétant
Mohamed Ali Nafti, ancien diplomate ayant exercé dans plusieurs ambassades tunisiennes, notamment en Grèce, en Espagne et en Corée du Sud, devient le nouveau chef de la diplomatie. Il occupait le poste de secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères … lorsque Kais Saied l’avait démis de ses fonctions en 2021 pour être nommé directeur général de la cellule centrale de gouvernance au ministère des Affaires étrangères. Autant dire plus proche de la porte que de l’augmentaion. Le voici à nouveau bien en cour à la Présidence
En mai, Kais Saied avait aussi remercié Kamel Feki, ministre de l’Intérieur et Malek Ezzahi, ministre des Affaires sociales, connus pour faire partie de son cercle proche. Là aussi sans en donner les raisons.
Pour autant, le scrutin présidentiel qui doit avoir lieu cet automne s’annonce loin d’être démocratique. Dans un communiqué publié le 20 août, Human Rights Watch (HRW) dénonce un contexte de «répression croissante» à l’approche de l’élection. L’ONG assure notamment qu’«au moins huit candidats potentiels ont été poursuivis en justice, condamnés ou emprisonnés» et, de facto, «ont été empêchés de se présenter» à l’élection présidentielle. Il s’agit entre autres des dirigeants de l’opposition Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, et de la cheffe du Parti destourien libre, Abir Moussi.
«Après avoir emprisonné des dizaines d’opposants et de militants de renom, les autorités ont écarté presque tous les concurrents sérieux de la course à la présidence, réduisant cette élection à une simple formalité», a déclaré Bassam Khawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient /Afrique du Nord pour HRW. Plusieurs candidats s’étaient notamment plaints d’avoir été entravés sur le plan administratif pour obtenir les formulaires de parrainages ainsi qu’un extrait de casier judiciaire.
Les tensions grandissantes entre Kais Saïed et l’armée tunisienne