Un changement a été effectué à la tête des forces aériennes algériennes ce dimanche 23 février 2025, où le général Zoubir Ghouila, un proche du patron de l’armée, le général Chengriha, vient d’être nommé. Les impératifs géopolitiques notamment face au Maroc allié des Israéliens et bénéficiant de la bienveillance américaine forcent l’État Major traditionnellent très hostile à Rabat à hisser ce corps d’élite au niveau des défis régionaux. Il ne faut pas oublier quele général Chengriha a fait ses premières armes à la frontière algéro marocaine où il n’a pas gardé que des bons souvenirs de l’armée marocaine!
Le nouveau patron, le Général Major Zoubir GHOUILA est issu du corps des forces aériennes comme son prédécesseur le Général Major Mahmoud LAARABA. La différence est que le premier, un ancien pilote d’avion de combat qui vient d’être promu connait l’opérationnel et a été formé sur le plan univeritaire, tandis que que le second, nettement moins politique, est originaire du service de maintenance où il a démarré comme mécanicien avant d’en gravir tous les échelons.
Un proche du général Chengriha
L’État Major se doit de réagir à un contexte régional marqué par une course à l’armement avec le Maroc dont les relations sont structurellement tendues avec l’Algérie. Les parcours du nouveau et de l’ancien patron de l’armée de l’air se sont croisés, mais leurs profils sont différents.
Le nouveau chef des forces aériennes est connu pour être très proche du général d’armée Said Chengriha, le patron de l’armée algérienne, qui reste malgré tout l’ultime maitre des horloges. C’est Chengriha qui a la main sur l’essentiel des nominations et qui nomme en 2021 le général Ghouila avec le grade de général major à la tète de la 6ème région militaire, la plus grande de toutes aux frontières avec le Mali et le Niger. Son prédécesseur, le général Mahmoud LAARABA, devait sa carrière au général d’armée Gaid Salah, qui fut longtemps le chef d’état major de Bouteflika et surtout l’homme fort du système après le départ de ce dernier.
Enjeux géopolitiques
L’armée algérienne compte maintenir sa supériorité aérienne au Maghreb et sur le plan continental comme l’a mentionné l’institut suédois SIPRI year book 2024 sur l’armement. Ce changement, au sein des forces aériennes algériennes, rentre dans le cadre de la course à l’armement entre les frères ennemis d’Afrique du Nord.
La récente livraison du premier lot des 24 hélicoptères d’attaque Apache A-64E par les Etats unis au Maroc, entrant dans un programme d’armement 2020-2030, relance la surenchère entre les deux pays. Le budget de l’armée royale (8,5 milliards de dollars) est loin de celui de l’ANP algérienne (25,5milliards de dollars). Néanmoins, certains puissances du Golfe, Émiratis et Arabie Saoudit, SOUHAITENT maintenir un équilibre des forces au Maghreb dominé objectivement par l’armée Algérienne.
Le ministère de défense émirati a proposé à la France, en plus de commande de 80 Rafale F4 en 2021, une cession de ses 30 Mirage 2000-9 pour le Maroc. Les Émiratis, toujours eux, étaient prêts à honorer le coût de modernisation des 30 appareils à Dasault Aviation, Thales, MBDA qui s’élève à 490 millions de $.
La récente décision de la Turquie d’installer une usine de construction de son Drone phare le BayratkarTB2 au Maroc a suscité les craintes d’Alger. Le nom d’une société dénommée « Atlas defense » est citée dans le journal officiel Marocain. Elle compte produire des Drones, mais aussi la maintenance et la vente des pièces détachées pour le marché africain, qui est en plein expansion pour l’armement turc. Les forces armée royale (FAR) ont effectué plusieurs manœuvres avec l’armée américaines dans le cadre de « l’opération Africa Lion » en renforçant ainsi leurs capacités de défense et d’attaque.
Une longueur d’avance sur le Maroc
L’Algérie partage 3500 km de frontière terrestre avec le Maroc. Une zone de tension permanente depuis l’annexion par le Maroc du Sahara Occidentale 1975, dont elle contrôle 80 % de territoire. L’obtention récente par l’ANP algérienne de 14 appareils Sukhoi Su-57E Felon lui donne une longueur d’avance en puissance et en efficacité dans l’intervention rapide sur l’ensemble des frontières (Maroc, Mauritanie, Mali, Niger, Libye, Tunisie).
C’est dans ce contextede tension géopolitique régionale que la nomination du nouveau chef des force armées aérienne algérienne a eu lieu. Il serait intéressant de suivre l’évolution de la situation dans un Maghreb en quète de stabilité.
