Karim Ben Cheikh, député des Français établis hors de France, a déposé une question écrite au gouvernement, ce mardi, pour alerter la ministre des Affaires étrangères sur la situation inédite des Français du Niger, désormais privés de représentation diplomatique après la fermeture de l’ambassade et du consulat.
Karim Ben Cheikh s’appuie sur « des éléments concordants permettant de déduire que le Gouvernement et le Président de la République ont décidé lors d’un conseil de défense la fermeture totale des emprises diplomatiques françaises au Niger. » Cette décision est « suffisamment rare et inédite » pour que le député estime « que la représentation nationale puisse être informée des motifs et développements qui y ont conduit. »
Les conclusions de ce conseil de défense consacré au Niger n’ont pas été rendues publiques. Depuis le bras de fer qui a conduit au départ de l’ambassadeur Sylvain Itté et des quelques 1500 soldats basés dans ce pays, la tension n’est pas retombée entre Paris et Niamey. Si les relations ne sont pas officiellement rompues, la délivrance des visas est interrompue sine die et tous les services suspendus, sans explication ni horizon. Les Français du Niger n’ont plus aucun interlocuteur et leur départ est d’ailleurs encouragé. Si l’on en juge aux posts de l’ambassadeur Sylvain Itte, de retour en France et toujours belliqueux sur les réseaux sociaux, la position de Paris reste intransigeante et parfaitement opaque.
Le député précise qu’il n’a « à aucun moment » été interrogé ou consulté et que « la communauté française sur place ou rapatriée cet été n’a pas reçu communication de recommandations officielles depuis le mois d’août 2023. »
Il demande « de quelle manière le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères compte assurer les Français d’un accès au service public et notamment aux démarches relatives à l’état-civil, aux bourses scolaires et universitaires, à la délivrance de passeport et de cartes nationales d’identité, à l’accès aux allocations de solidarité ou de handicap. »
S’interrogeant sur le nombre de Français restés sur place – en majorité des bi-nationaux franco-nigériens, l’élu demande quel sera le sort réservé au lycée La Fontaine, lycée français en gestion directe, et à ses élèves, qui risquent de se voir privés de la possibilité de poursuivre leurs études. Après le coup d’Etat, les visas, pourtant accordés systématiquement aux élèves ayant suivi une scolarité française à prix d’or, ont été refusés aux bacheliers sortants. Un tiers de l’effectif normal est toujours inscrit pour l’année 2023-2024 mais il ne bénéficie que d’un enseignement à distance. Les professeurs, eux, n’ont pas été autorisés à regagner le Niger.
Un peu plus tard mardi, le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a communiqué pour la première fois officiellement sur son site, annonçant la fermeture de l’ambassade « jusqu’à nouvel ordre. » La responsabilité de cette décision est entièrement rejetée sur le Niger, les auteurs du très bref texte passant sous silence les menaces répétées de Paris contre la junte militaire au pouvoir. « Depuis cinq mois, est-il précisé, notre ambassade subit de graves entraves rendant impossible l’exercice de ses missions : blocus autour de l’ambassade, restrictions des déplacements pour les agents et refoulement de tous les personnels diplomatiques qui devaient rejoindre le Niger, en violation évidente de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. »
« L’ambassade poursuivra ses activités depuis Paris », est-il ajouté. « Elle maintiendra notamment un lien avec les ressortissants français présents sur place, et avec les ONG intervenant dans le secteur humanitaire, que nous continuons de financer, au bénéfice direct des populations les plus vulnérables. Les activités consulaires seront prises en charge par nos consulats dans la région. » Une partie de la question du député des Français de l’étranger a trouvé une réponse. Mais il reste bien des inconnues.
Monsieur l’Ambassadeur,
Vous n’avez pas répondu à toutes les questions puisque vous avez éludé le cas des dizaines d’élèves ayant obtenu leur bac au lycéé Lafontaine, en 2023 et qui ne peuvent avoir de visas pour continuer leurs études, malgré le fait qu’ils sont inscrits dans une université française ? on dirait que cela est fait à dessein dans un esprit de vengeance, mais qu’ont fait ces pauvres innocents ?
Vous évoquez des posts belliqueux de ma part. Je serais heureux que vous puissiez les identifier. En revanche les messages de haine qui ont répondu à des souhaits de bonne année semblent vous avoir échappé.
Quant aux raisons de fermeture de l’ambassade de France à Niamey après 5 mois et une attaque organisée par la junte semblent également avoir échappé à votre vigilance journalistique.
S’agissant des Français qui sont moins de 200, les autres ayant quitté le Niger en raison des menaces qui pesaient sur eux je peux vous rassurer. Toutes les mesures sont prises comme la France le fait dans des circonstances identiques dans le monde.
S’agissant du lycée français de Niamey, la junte refusant les visas aux Français on ne voit pas très bien comment il pourrait rouvrir ses portes. Je suis convaincu que vos action et vos articles équilibrés et impartiaux pourront amener les généraux putschistes à de meilleurs sentiments afin que leurs enfants qui fréquentaient le lycée français puissent y retourner.
Bien à vous