Tunisie, la flottille pour Gaza frappée une deuxième fois

Un autre navire de la Global Sumud Flottilla a été visé par un engin incendiaire à Sidi Bou Saïd. Les autorités tunisiennes restent silencieuses.

Par Selim Jaziri

Dans la nuit de mardi à mercredi, un deuxième navire de la flottille pour Gaza, qui fait actuellement escale dans le port de Sidi Bou Saïd au nord de Tunis, a été frappé par un engin incendiaire lâché depuis un drone. Le mode opératoire de l’action est exactement le même que lors de l’action dirigée la veille, à la même heure, contre le Family. Une vidéo enregistrée par la caméra du navire, l’Alma, sous pavillon britannique, montre clairement un membre de l’équipage signaler la présence d’un drone, avant qu’un dispositif enflammé soit lâché sur le pont provoquant un incendie rapidement maîtrisé.
L’engin incendiaire utilisé a, cette fois, été retrouvé et photographié par les membres de la Global Sumud Flottilla. Après le premier incident, la Garde nationale avait nié la présence de tout engin extérieur et affirmé que l’incendie avait été provoqué par un mégot ou par un barbecue à bord du Family, probablement pour éviter de provoquer des tensions diplomatiques. Cette hypothèse fantaisiste ne tient et pour le moment, les autorités tunisiennes n’ont pas commenté cette deuxième attaque.

Pour éviter d’accroître l’embarras des autorités tunisiennes, les organisateurs de la flottille avaient préféré ne pas commenter les explications officielles et, « au nom de la sécurité nationale », appelé à laisser les autorités mener l’enquête, préférant se focaliser sur la poursuite de leur mission. Composée d’une vingtaine d’embarcations, avec leur bord des personnalités et des militants en provenance du monde entier, l’objectif de la Global Sumud Flottilla est de briser, au moins symboliquement, le blocus humanitaire qu’il impose à la bande de Gaza.

L’origine des opérations soulève néanmoins quelques questions. Tous les regards se tournent bien sûr vers Israël, dont le gouvernement a multiplié les menaces à l’encontre de la flottille. Néanmoins, la portée d’un drone est limitée et le point de départ de l’appareil utilisé pour opérer à Sidi Bou Saïd ne peut être très éloigné des côtes tunisiennes. Les informations accessibles sur les vols des drones de surveillance de l’armée américaine indiquent que l’appareil immatriculé BLKCAT5, fréquemment présent au-dessus du détroit d’Ormuz ou au large de Gaza, a effectué, lundi, une mission à haute altitude au large des eaux tunisiennes. Sans pouvoir en tirer de conclusions, il est difficile de n’y voir qu’une coïncidence.

Recevant, lundi, le Prince Fayçal Al-Saoud, ministre des Affaires étrangères d’Arabie Saoudite, Kaïs Saïed a renouvelé le soutien de la Tunisie au « droit du peuple palestinien à se voir restituer toute la Palestine pour établir son État indépendant », mais n’a pas eu un mot pour mentionner la présence de la flottille pour Gaza dans les eaux tunisiennes, ni les frappes qui l’ont visée.