Sahel, l’AES va déployer une force conjointe de 5000 hommes

(FILES) In this file photo taken on March 27, 2019, a French armoured vehicle drives by the Mount Hombori during the start of the French Barkhane Force operation in Mali's Gourma region. Three French soldiers were killed on December 28, 2020 in Mali when their armoured vehicle struck an explosive device in the Hombori region in the centre of the poor Sahel state, the French presidency said. The deaths brought to 47 the number of French soldiers killed in Mali since France first intervened militarily in January 2013 to help drive back Islamist jihadists who had overrun parts of the west African country. / AFP / Daphné BENOIT

Les trois pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel ont crée une force conjointe antiterroriste de 5000 hommes qui sera bientôt opérationnelle, selon le ministre nigérien de la défense, le général Salifou Mody.

Par Niandou Kindo

Dans une interview qu’il a accordée, le mardi 21 janvier, à la télévision publique nigérienne, la RTN, le ministre d’Etat en charge du portefeuille de la Défense nationale, le général de corps d’armée Salifou Mody, a largement planté le décor sur la situation qui prévalait sur le plan sécuritaire avant les événements du 26 juillet 2023 s’étant soldés par la prise du pouvoir par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP).

Affirmant que “la situation sécuritaire du Niger était sous le contrôle de forces étrangères”, le général Salifou Mody est allé plus loin en abordant certains détails sur la déliquescence qui régnait. « Nos structures de sécurité étaient désorganisées. Les forces de défense et de sécurité étaient bien en place, mais le système était tel que ces forces ne pouvaient pas travailler en synergie« , a-t-il confié.

Cet état de fait, a-t-il poursuivi, « faisait bien l’affaire de ceux sous lesquels nous étions, en particulier les forces étrangères, précisément les forces françaises« . 

Désordre et charlatanisme sécuritaire…

Le ministre d’Etat à la Défense nationale qui, faut-il le rappeler, occupait à l’époque indiquée le poste de chef d’état-major des armées, a affirmé que « naturellement, cette situation fait que, (…) pour ceux qui s’y connaissent, c’était le désordre sécuritaire« . En effet, a-t-il expliqué, « un certain nombre d’experts se retrouvaient dans le système, qui outrepassaient non seulement leurs responsabilités, mais qui se mêlaient de ce qu’ils ne maîtrisaient pas. C’était pratiquement un charlatanisme sécuritaire qui prévalait« .

Cependant, a-t-il poursuivi, aux yeux du commun des Nigériens, tout allait bien. “Tout simplement parce qu’il y avait tout un montage, en interne et à l’international pour faire croire que la situation était l’une des meilleures de la sous-région. Voilà ce que nous vivions avant les événements du 26 juillet 2023« , a-t-il martelé.

Diplomatie militaire pragmatique

Appréciant les résultats obtenus après l’avènement du CNSP, il a estimé que la situation sécuritaire du Niger s’est nettement améliorée depuis, en dépit des embargos imposés au Niger.

Enfin, a précisé le général Mody, malgré les multiples menaces et crises qui entourent le Niger, les forces armées nationales (FAN) et la gendarmerie ainsi que les forces de sécurité intérieure assurent la tranquillité du pays. “En 2024, près de 18 000 hommes sont déployés chaque jour pour garantir la stabilité”, a-t-il assuré. De même, sur le plan de la communication, les Nigériens peuvent suivre l’évolution de la situation sur le terrain grâce au bulletin des forces armées, diffusé deux fois par semaine, ‘’pour mieux comprendre les actions menées pour la sécurité nationale’’.

Le général de Corps d’armée Salifou Mody, a expliqué ces avancées sont en partie le fruit d’une politique axée sur une diplomatie militaire pragmatique. “Le Niger va défendre ses intérêts, il ira là où se trouvent ses intérêts, et il scellera ses partenariats en fonction de ses besoins”, a-t-il averti.

Affirmant qu’à partir de 2024, le pays est entré dans une phase de menaces tous azimuts, le ministre de la Défense nationale a indiqué que sur le plan de la diplomatie militaire, sous les directives du président nigérien le Général Abdourahamane Tchiani, le Niger avait déjà dénoncé plusieurs accords, notamment les accords de défense avec la France à la fin de l’année 2023.

À partir de 2024, a-t-il poursuivi, les partenaires qui étaient présents au Niger devaient s’adapter à la nouvelle vision de coopération militaire du pays. « Certains partenaires ont choisi de suivre les forces françaises, ce qui a entraîné la suspension des accords militaires avec ces nations », a-t-il rappelé. Toujours est-il que, pour ces troupes étrangères ayant quitté le Niger en 2024, les décisions avaient été prises de manière diplomatique.

Selon lui, c’est dans la droite ligne de cette nouvelle dynamique que le Niger a entamé des relations militaires avec plusieurs pays. “La Chine, un partenaire historique, a renforcé sa coopération, et un attaché de défense chinois a même été nommé, ce qui n’avait jamais été fait auparavant. La Turquie a également désigné un attaché de défense au Niger. Par ailleurs, de nouvelles relations ont été établies avec des pays comme l’Iran et l’Égypte, qui figurent désormais parmi les partenaires du pays”, a-t-il dit.

Faire mieux que le G5 Sahel

Le ministre d’Etat n’a pas manqué de saluer le rôle clé de l’Alliance des États du Sahel (AES), qualifiée de « notre principale force ». Annonçant que la création d’une armée de l’espace AES est « notre passeport pour la sécurité », il annoncé, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont opté pour la création d’une force militaire unifiée de 5 000 hommes dans le cadre de l’AES.

Il a ensuite souligné toute l’importance de la présence des attachés de défense du Niger dans les différents pays partenaires. “Ces attachés travaillent avec détermination pour promouvoir l’organisation de la défense du Niger à l’international, tout en renforçant la position stratégique du pays sur le plan militaire”, a-t-il déclaré.

Il faut rappeler que le Niger est ses deux voisins, le Burkina Faso et le Mali, après s’être retirés de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont formé en juillet 2024 la Confédération des Etats du Sahel.