La décision d’Ankara de geler les relations commerciales avec Israël navait marqué un tournant significatif dans l’évolution de la position officielle turque vis-à-vis de la guerre en cours à Gaza. Ce changement a été encore renforcé par l’adhésion de la Turquie à la plainte pour génocide contre Israël déposée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de Justice.
Le président turc a même affirmé que le Hamas à Gaza représente une ligne de défense avancée pour la région de l’Anatolie, suggérant qu’il ne tolèrerait pas la chute ou l’élimination du mouvement. Une ambition qui s’est d’ailleurs révélée militairement et concrètement irréalisable après plusieurs mois de guerre, ayant fait près de 40.000 victimes, principalement des enfants, des femmes et des personnes âgées.
Les dernières escalades verbales entre Ankara et Tel Aviv ont été marquées par une déclaration du président turc affirmant: « Tout comme nous sommes intervenus en Artsakh et en Libye, nous pourrions faire de même avec eux », en référence à Israël. En réponse, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a commenté sur son compte X: « M. Erdoğan suit les traces de Saddam Hussein en menaçant d’attaquer Israël. Il ferait bien de se rappeler de ce qui s’est passé là-bas et de la manière dont cela a fini. »
Parallèlement, la Turquie a averti le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qu’il pourrait connaître le même sort que le dirigeant nazi Adolf Hitler. Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré: « Tout comme le génocide perpétré par M. Hitler a pris fin, celui commis par M. Netanyahou connaîtra le même destin. »
Il est évident qu’Ankara dispose d’un atout majeur en soutenant les factions palestiniennes contre Israël, ce qui constitue un levier de pression significatif. En effet, cette approche est la plus pragmatique pour le gouvernement turc, surtout lorsqu’on la compare à une intervention militaire directe, presque totalement exclue en raison de son irréalisme et de la réticence d’Ankara à s’engager dans une guerre contre Israël.
Cependant, la position politique turque manifeste une véritable volonté de faire pression pour obtenir un cessez-le-feu. La poursuite de la guerre, en plus de la nécessité d’arrêter les massacres de masse et le génocide, risque de plonger toute la région et le Moyen-Orient dans une situation explosive. Le parti au pouvoir en Turquie ne peut pas se permettre de négliger le soutien à la Palestine, notamment pour des considérations religieuses, surtout en ce qui concerne Jérusalem et les autres lieux saints musulmans.
Il est évident que les tensions croissantes entre la Turquie et Tel Aviv ne conduiront pas à une confrontation militaire totale, bien que les relations bilatérales puissent temporairement se détériorer. Les choses devraient progressivement rentrer dans l’ordre, compte tenu des intérêts communs en politique, économie, pétrole, gaz, échanges commerciaux, et autres domaines. Toutefois, malgré cette dynamique, la position turque semble plus avancée que celle de nombreux pays qui, en théorie, devraient être davantage concernés par le conflit. Mais, ce sont là les subtilités des calculs diplomatiques en cours.