Rapprochement diplomatique et militaire entre la Hongrie et le Tchad

Le Premier ministre Viktor Orbán a déployé le grand jeu protocolaire pour recevoir le Président tchadien Mahamat Déby Itno, en visite d’Etat du 7 au 9 septembre à Budapest. Il a rendu les honneurs militaires à son hôte sur la place Saint-Georges lundi. La cérémonie était à la hauteur de ce rapprochement spectaculaire et inédit entre les deux pays. 

A l’instar de Viktor Orban, qui, malgré l’appartenance de son pays à l’Union européenne, cultive des relations bienveillantes avec Moscou et Pékin, Mahamat Déby a entrepris une diversification tous azimuts de ses partenariats, surfant sur une ligne de crête dans les nouveaux rapports de force globaux.

Le Tchad héberge la dernière grande base de l’armée française au Sahel, qui compte plus de 1000 hommes. Les positions militaires de la France dans le pays sont anciennes mais fragilisées par le nouveau contexte qui prévaut dans la région, même si l’armée française a souvent été mise à contribution pour soutenir le pouvoir contre les rébellions à répétition.

Mahamat Déby Itno a signé un accord de coopération militaire avec les Emirats arabes unis et d’autres accords, dans le domaine de l’énergie et de la sécurité, avec la Russie. Il a été reçu en visite d’Etat à Moscou en début d’année et il a accueilli, en juin, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Il entretient également des relations soutenues avec la Chine, qui exploite le pétrole tchadien. La coopération militaire avec les Etats-Unis n’est pas remise en cause pour le moment mais elle pourrait faire l’objet d’une renégociation. 

Selon le site d’information européen Euractiv, Viktor Orbán compte envoyer 200 soldats au Tchad. « Le Tchad est un pays clé dans la lutte contre l’immigration illégale  », a écrit le Premier ministre sur son compte officiel X. « La migration de l’Afrique vers l’Europe ne peut être stoppée sans les pays de la région du Sahel. C’est pourquoi la Hongrie construit un partenariat de coopération avec le Tchad ».

Le directeur de l’Institut de recherche sur la migration, Viktor Marsai, a déclaré à l’AFP que Budapest souhaitait jouer au Sahel « un rôle militaire plus actif  » afin de gagner en expérience. Depuis 2021, « l’armée hongroise ne dispose plus de théâtre d’opérations où fourbir ses armes dans un environnement raisonnablement risqué  », a-t-il insisté.

La visite du Président tchadien à Budapest s’est achevée par la signature d’une « déclaration commune de partenariat stratégique », a annoncé la présidence tchadienne. Quatre accords de coopération ont été paraphés par les deux ministres des Affaires Etrangères, dont deux dans le domaine de la défense. La présidence tchadienne a précisé que l’un des deux accords de défense concernait le statut des soldats hongrois stationnés au Tchad, prélude logique à un déploiement militaire étranger. 

 

Le fils unique du Premier ministre hongrois, Gaspar Orbán, 32 ans, capitaine dans l’armée nationale, est désormais nommé officiellement « agent de liaison pour aider à préparer la mission au Tchad. »