Le Parti des peuples africains n’a toujours pas affiché ses intentions au sujet de la présidentielle de 2025, à deux ans de cette échéance. Mais en raison de l’interdiction faite à leur chef, Laurant Gbagbo, de figurer sur les listes électorale, une candidature Don Mello prend de plus en plus de consistance.
Correspondance à Abidjan de Z. Bati Abouè
Pour ses vœux de nouvel an relayés par divers sites d’informations locaux et des milliers d’Ivoiriens, Ahoua Don Mello, vice-président du PPA-CI et, depuis plus d’une semaine, vice-président chargé des projets stratégiques de l’Alliance internationale des Brics, a rappelé l’importance de la reinscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale. L’ancien président demeure, à ses yeux, la « locomotive de la gauche et de l’opposition » ivoirienne, ainsi que l’espoir d’« un gouvernement souverain ouvert au monde multipolaire ». « Le combat pour l’inscription (de Laurent Gbagbo) sur la liste électorale, est une condition pour réaliser la rupture » d’avec le monde unipolaire et écarter « la guillotine juridique contre ceux qui chercheront à incarner cet espoir partout en Afrique », a expliqué Don Mello.
Mais ces vœux qui ont l’avantage de clarifier la position du nouveau vice-président en charge des projets stratégiques de l’Alliance internationale des Brics, n’ont pas complètement réussi à éteindre les rumeurs qui évoquent sa candidature à l’élection présidentielle prévue dans deux ans. De plus en plus d’Ivoiriens, militants du PPA-CI ou simples observateurs, se projettent en effet déjà dans cette échéance en envisageant la candidature de l’ancien directeur général du Bnetd. D’autant plus qu’à 62 ans, Tidjane Thiam, l’ex-patron de l’ex-Crédit Suisse est devenu le président du PDCI où il vient de succéder à Henri Konan Bédié, une des personnalités nationales de premier plan qui a longtemps monopolisé avec Gbagbo justement et Alassane Ouattara la scène politique ivoirienne.
La discrétion de Gbagbo
Officiellement, Laurent Gbagbo reste très discret sur ses ambitions présidentielles sans exclure d’être un recours si les militants le veulent. Les scènes d’allégeance ne sont jamais totalement spontanées.
Autre signe des temps, la dernière nomination de Don Mello en charge des projets stratégiques de l’Alliance internationale des Brics n’a fait l’objet d’aucun communiqué de félicitation du parti. Si Laurent Gbagbo et Ahoua Don Mello s’apprécient, les deux hommes ont quand même eu un passé tumultueux sur la gestion des secteurs stratégiques. Il reste que Don Mello a été promu ministre des infrastructures en 2010, lors de la réélection contestée de Laurent Gbagbo. En exil, les deux hommes ont maintenu le contact. Grâce à son passeport diplomatique que lui a conféré son titre de conseiller spécial du président guinéen Alpha Condé, l’ancien DG du Bnetd a multiplié les contacts avec l’ancien président.
Gbagbo et Don Mello se sont ainsi rencontré à plusieurs reprises à la prison de la CPI pour discuter de l’avenir de leurs luttes politiques communes mais aussi à partir de février 2019, dans la résidence surveillée de l’ancien président à Bruxelles. Don Mello a également servi de lien entre Bruxelles et Paris, lors de la négociation des accords politiques entre Bédié et Gbagbo. En raison de cette confiance, un cadre du PPA-CI qui a requis l’anonymat estime que « le président Gbagbo va cautionner la candidature de Don Mello pour l’élection à venir. » En revanche, « il ne le fera pas avant la fin de la bataille pour son inscription sur la liste électorale » que le parti de Gbagbo annonce pour très bientôt.
L’ivoirien Ahoua Don Mello nommé vice-président des Brics
ENCADRÉ: les vœux très souverainistes d’Ahoua Don Mello
« 400 000 Jeunes sortent du système de formation chaque année en Côte d’Ivoire dont 25% trouvent un emploi dans le secteur public et privé formel. Les 75% alimentent les réseaux migratoires et le secteur informel licite et illicite, Ce dernier secteur comprenant les vols, l’escroquerie, le trafic d’armes, d’organes humains et de drogue. Ces trafiquants deviennent des proies faciles du djihadisme qui frappent aux portes du pays par effet de contagion. Le désespoir de ces jeunes, illustre d’ailleurs la situation globale du continent Africain.
Pendant ce temps, 80% des richesses produites et 80% des bénéficiaires de la dette échappent aux acteurs locaux, conséquence du pacte économique colonial et postcolonial qui réduit considérablement le contenu local de la croissance et de l’endettement.
Sans rupture du pacte économique postcolonial et une révolution sécuritaire, monétaire, digitale, ferroviaire, maritime, aérienne, énergétique et pédagogique capables de provoquer une révolution industrielle accélérée et intégrée qui absorberait tous ces jeunes, la Côte d’Ivoire en particulier et l’Afrique en général, courent le risque d’être des théâtres d’expansion du djihadisme, de la pauvreté, du surendettement et de toutes sortes d’activités illicites. La montée de l’extrême droite en Europe et du djihadisme en Afrique ferme les portes de la solution migratoire et du secteur formel et informel licites.
Seul un gouvernement souverain ouvert à tous les pôles dans un monde multipolaire, peut tirer le meilleur de chaque pôle pour faire du pôle Africain le meilleur des meilleurs.
Laurent GBAGBO, locomotive de la gauche et de l’opposition incarne cet espoir. Se battre pour son inscription sur la liste électorale, est la condition pour réaliser cette rupture et cette révolution au risque de voir la guillotine juridique écarter les têtes qui chercheront à incarner cet espoir partout en Afrique. C’est donc la suite logique du combat pour la souveraineté de l’Afrique.
Bonne et heureuse année 2024 à toutes et à tous. »