Dans la circonscription de Bimbo 4, un personnage pour le moins controversé agite la scène politique : Marius Dimba, qu’on surnomme communément « chef de terre ». Ancien rebelle congolais devenu informateur du régime, cet homme incarne aujourd’hui la dérive morale et politique du pouvoir Touadéra, prêt à transformer le pays en refuge d’intérêts étrangers et de pratiques occultes. Un passé trouble, hérité des guerres d’autrui
Originaire de la République démocratique du Congo, issu de la communauté Banyamulengué, Marius Dimba n’a aucun lien de sang avec la Centrafrique. Son histoire commence à l’époque troublée du président Ange Félix Patassé, lorsque celui-ci appela les troupes de Jean-Pierre Bemba à son secours face à la rébellion de Bozizé. Dimba était de ces combattants venus du Congo pour « sauver un président assiégé », mais il prit surtout part, aux côtés du MLC de Bemba, à des exactions qui ont profondément marqué la mémoire nationale.
Capturé vivant après la chute du régime Patassé, il échappa de peu au sort funeste de ses compagnons d’armes. Seule sa rare habileté de pilote du camion militaire « Soukou mbangba » — ce mastodonte redouté sur les fronts — le sauva d’une exécution certaine. Recyclé par un officier des libérateurs, il commença alors une nouvelle vie, loin du front, mais non loin des réseaux du pouvoir.
De chauffeur à indicateur du régime
Installé à Bégoua, Dimba devint, sous Bozizé, un informateur zélé. Faustin-Archange Touadéra, alors Premier ministre, fit sa connaissance durant cette période. De fil en aiguille, une relation de confiance s’établit entre l’homme politique et l’ancien rebelle — une relation fondée sur la délation et le renseignement.
Quand Touadéra accéda au pouvoir en 2016, il retrouva en Dimba un instrument utile : un collecteur d’informations, payé pour espionner, signaler et manipuler. D’après plusieurs sources concordantes, Dimba travaillait aussi bien pour Sani Yalo, stratège du MCU, que pour les services de sécurité présidentielle, partageant à prix d’or les secrets des uns et les faiblesses des autres.
Féticheur des puissants
Parallèlement, le « chef de terre » s’imposa comme un acteur de l’ombre dans un autre domaine : le maraboutisme politique. Régulièrement, il se rend au Congo pour ramener des fétiches, grigris et « protections mystiques » qu’il mettrait au service des hautes figures du régime, y compris celles du président et de son entourage. Dans un pays où le pouvoir se nourrit encore de peurs ancestrales, cette facette ésotérique renforce son influence et entretient autour de lui une aura inquiétante.
Lorsque Dimba s’est déclaré candidat aux législatives sous la bannière du Mouvement des Cœurs Unis (MCU) pour la circonscription de Bégoua, la surprise fut grande, l’indignation encore plus forte.
Comment un homme sans nationalité centrafricaine reconnue, sans diplôme authentifié, pouvait-il déposer un dossier validé sans anicroche par les institutions électorales ?
Selon des informations obtenues par CNC, son dossier de candidature contiendrait un faux diplôme de baccalauréat, jamais vérifié par les autorités. Mais plutôt que d’enquêter, la machine administrative du MCU s’est tue — preuve supplémentaire du clientélisme qui gangrène le système.
Refusant de se retirer malgré son échec aux primaires internes du parti, Dimba a maintenu sa candidature en dissident loyal, toujours rattaché au MCU mais en guerre contre ses propres camarades. Une manœuvre qui révèle l’état de confusion d’un mouvement présidentiel devenu refuge pour opportunistes, indicateurs et rebelles recyclés.
Un régime en décomposition
Au fond, la trajectoire de Marius Dimba résume à elle seule la faillite morale du régime actuel. Un pouvoir qui s’entoure de mercenaires, de marabouts et d’informateurs, plutôt que de citoyens patriotes, finit par dissoudre toute idée de nation.
Les électeurs de Bimbo 4 se retrouvent aujourd’hui face à un choix symbolique : élire un étranger au passé trouble pour parler en leur nom, ou résister par les urnes à cette mascarade orchestrée depuis le palais de Bangui.
Mais au-delà de l’homme, c’est le système Touadéra que révèle cette affaire : un système bâti sur le chantage, la duplicité et la compromission, où le pouvoir se vend au plus offrant, et où la nationalité ne pèse plus face à la loyauté clanique.
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