Arrivée en 1975 à Abidjan, comme simple employée des Nations Unies, dans le sillage de son mari Jean Folloroux, Dominique Ouattara est devenue en 2011 la première dame de Côte d’Ivoire. Désormais à la tête d’une immense fortune, elle contrôle les leviers essentiels du pouvoir ivoirien, à l’ombre d’Alassane Ouattara, son époux.
Si Dominique Ouattara, la première dame de Côte d’Ivoire, souhaitait ajouter un nouveau paragraphe à son prestigieux CV, elle créerait une chaire universitaire pour enseigner à des étudiants venus du monde entier comment elle est partie de presque rien pour construire un gigantesque patrimoine qui fait d’elle aujourd’hui la première dame la plus riche d’Afrique. Et, peut-être, même du monde. Lorsqu’elle débarque en 1975 en Côte d’Ivoire, Dominique Folloroux, n’a que 22 ans. Son dossier à l’état civil précise : marié à Jean Folloroux, coopérant français, professeur d’économie. Deux enfants : Loïc et Nathalie. Dominique Folloroux n’était alors qu’une simple employée de rang subalterne d’une agence onusienne.
En 1983, le ciel lui tombe dessus : son mari décède cette année-là et la laisse veuve avec à sa charge ses deux enfants. Dominique Folloroux quitte l’ONU et se met à son compte en créant une agence immobilière. Le destin de la jeune toubab, arrivée en milieu inconnu par le hasard de la vie conjugale, bascule lorsqu’elle prend la tête de l’Agence internationale de commercialisation des biens immobiliers (AICI). Elle devient ainsi gestionnaire du patrimoine immobiliser de clients aussi prestigieux que puissants comme le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny et son homologue gabonais Omar Bongo Ondimba.
À une époque où il n’y avait ni enquêtes sur « les biens mal acquis », ni société civile « emmerdeuse », à eux seuls les mandats confiés par Houphouët-Boigny et Omar Bongo suffisaient à Dominique Folloroux pour faire prospérer son business. En tout cas, cela a principalement contribué à la success story de l’AICI qui est finalement devenue une agence immobilière employant près de 250 personnes et affichant un chiffre d’affaires en dizaine de millions d’euros avec des succursales à Abidjan, Libreville, Paris, Cannes.
Le feu de l’amour
C’est principalement par le business que Dominique Folloroux rencontre Alassane Ouattara. Directeur Afrique au Fonds monétaire international (FMI) à Washington, Alassane Ouattara cherchait une personne « sûre » pour gérer son patrimoine. Ses recherches le mènent vers Dominique Folloroux, patronne de l’agence immobilière (AICI). Du business, naissent les sentiments réciproques entre Dominique et Alassane Ouattara. Elle est veuve avec deux enfants, lui est divorcé de son premier mariage dans lequel il a eu deux enfants : Fanta et Dramane. En plus du feu de l’amour qui s’est allumé entre le haut fonctionnaire international et la business woman, Dominique et Alassane ont en commun d’aimer le pouvoir, le protocole et les privilèges qui vont avec. L’ambition du pouvoir va les liguer jusqu’à la conquête du fauteuil présidentiel.
Pour être sûrs d’y arriver ensemble, Dominique et Alassane Ouattara se disent « oui » devant le Maire en 1991 à la Mairie du 16 è arrondissement de Paris, en présence, notamment, de Cécilia Sarkozy, alors épouse de Nicolas Sarkozy, de l’industriel Martin Bouygues et de Jean-Christophe Mitterrand, à l’époque, Conseiller Afrique de son père François Mitterrand. Ce mariage à la Mairie du 16 è arrondissement venait sceller autant le pacte d’amour que celui du pouvoir. Ensemble, les Ouattara vont traverser toutes sortes d’épreuves voire échapper à la mort, comme en 2002 lorsqu’ils n’ont eu la vie sauve qu’en escaladant le mur de leur résidence à Abidjan et en s’échappant dans le coffre d’une voiture. Au service de leur ambition commune de pouvoir, Dominique rachète la marque de radio Nostalgie Afrique et créé en 1998 la Fondation Chidren for Africa. Elle mettra sa fortune et son carnet d’adresses au service de l’ambition du couple de s’installer dans le palais présidentiel, après qu’Alassane a été Premier ministre de 1991 à 1994.
« Dominique m’a tué »
Au terme d’une longue courses d’obstacles, Alassane et Dominique Ouattara s’installent le 21 mai 2011 au palais présidentiel à Abidjan. Le plus heureux ce jour-là fut non pas le mari, mais l’épouse. Dominique avait tellement rêvé de cette fonction de première dame, elle qui cochait toutes les cases de défauts (blanche, chrétienne catholique, française, amie des Sarkozy) dans une Côte d’Ivoire aux prises avec les démons de « l’authencité » ivoirienne. Le rêve de sa vie accompli, il n’est pas question pour Dominique Ouattara de rester en marge du pouvoir, d’organiser les plans de la table à manger ou d’accompagner son mari lors des cérémonies et voyages officiels.
Bien plus qu’un simple coach, Dominique s’impliquera dans toutes les décisions les plus importantes de la vie nationale. Même si son nom n’apparait dans aucun organigramme officiel, elle peut obtenir de son mari une nomination importante, y compris dans le gouvernement. Feu le Premier ministre Hamed Bakayoko, qui fut son employé à Nostalgie Abdijan, doit sa carrière et son ascension fulgurante à la première dame de Côte d’Ivoire. A l’inverse, le véto de Dominique peut être dévastateur pour une carrière. L’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro paye aujourd’hui encore le prix de sa détestation par Dominique Ouattara.
A Abidjan, il n’est un secret pour personne que pour voir son business prospérer ou pour se hisser aux plus hautes fonctions de l’Etat, il faut être « Dominique compatible ».
« Premières dames africaines » (volet 3), Sylvia Bongo, la dame de fer