Notre portrait de Sani Yalo, le grand argentier du président Touadera

Alors que Faustin-Archange Touadéra prépare sa réélection, une séquence jouée d’avance dans un pays devenu une dictature médiocre, les militants de son parti, en majorité des commis de l’État, ont récolté 300 000 euros pour célébrer ses neuf ans au pouvoir, c’après « Africa Intelligence ». Le ministre d’État à la présidence, Sani Yalo, qui a beaucoup contribué au rapprochement du Tchad et de la Centrafrique l’année dernière, aurait donné à lui seul près d’un quart de cette somme

Sani Yalo aux cotés du Président Touadera

Sani Yalo est né en 1963. Il est le frère ainé de Danzoumi Amadou Yalo qui lui est mécanicien automobile de profession comme le papa Mahamat Yalo, qui fut notamment mécanicien de Bokassa dans le temps. Sani Yalo a fait son école primaire à Bangui, puis poursuit le collège et le secondaire à Bangassou avant de retourner à Bangui en 1978, pour fréquenter le lycée des Martyrs.  

Sous Kolingba, il se signale en épousant la petite sœur de Jonathan Koué (neveu du Président Kolingba). Il a profité de cette juteuse relation (beau-fils de la grande sœur président Kolingba, beau-frère à la direction de PETROCA) pour contracter plusieurs crédits à Bangui (UBAC). Ces crédits ne seront jamais remboursés. Au final, Sani Yalo s’appropriera le patrimoine de son épouse jusqu’à la rendre folle et malade. La pauvre arpente aujourd’hui les églises en France en quête de guérison et de salut divin, complètement brisée par son éphémère « époux »… 

Paris, Le Cap, Bangui à nouveau

Par la suite, l’ami Sani part en France puis en Afrique du Sud. Il rentre à Bangui fin 1995. Bozizé connaissait très bien les familles du Km5 et le frère Danzoumi Yalo « Daz’ » réparait parfois ses véhicules de Bozizé bien avant que celui-ci ne soit nommé chef d’Etat-major sous Patassé.  Il fut ensuite Directeur Général de la société de transport Sicotrans et un temps du club Tempête MOCAF. Il fut impliqué dans l’affaire Zongo Oil qui a coûté plusieurs milliards de FCFA au Trésor Public Centrafricain. En septembre 2000, une procédure judiciaire et lancée contre cette société et un mandat d’arrêt international est lancé contre Sani Yalo et ses biens sont saisis par la justice avant qu’il ne réussisse à prendre la fuite au après une tentative d’arrestation.

Il sera ensuite arrêté au Cameroun en 2002 suite au mandat d’arrêt international émis contre lui puis relâché quelques temps après.  Sani Yalo est revenu à Bangui en mars 2003 avec son éphémère mouvement. Son frère Danzoumi Yalo surnommé colonel « Daz », fut un bras droit de Bozizé dans la rébellion, devenu ensuite « chargé de missions » au Ministère de la Défense et responsable de la sécurité rapprochée de Bozizé.

Les deux frères seront emprisonnés de décembre 2003 à mars 2004, accusés de préparer un coup d’Etat. Ces arrestations interviennent suite à la rétrogradation de Karim Meckassoua, passé des Affaires étrangères à l’Education nationale à l’issue du remaniement ministériel du 14 décembre 2003 et que des « libérateurs » sont regroupés dans le nord de Bangui réclamant des compensations financières suite à leur participation au coup d’Etat de mars 2003.  Emprisonné à la Section d’enquête et de documentation (SERD),

Sani Yalo fut relâché en mars 2004 et quitta alors le pays. Il est retourné en RCA le 24 Juin 2006 où il a été condamné à huit ans de prison le 4 Août 2006 par le tribunal correctionnel de Bangui pour escroquerie, faux et corruption de fonctionnaires dans l’affaire « Zongo Oil ». Sani est également privé de tous ses droits civiques et condamné à verser 4 millions de FCFA de dommages et intérêts à l’Etat centrafricain.  Sani Yalo fera les yeux doux à la Seleka et Dazoumi rejoindra lui la Seleka.

Le retournement de Sani Yalo

Mais en avril 2013, les chefs Seleka soupçonneux arrêtent les frères Yalo. Le parquet du Tribunal de grande instance de Bangui lance début août 2013, un mandat d’arrêt contre Danzoumi pour des faits de pillages sur les sites des entreprises Orange Centrafrique, CFAO Motors et du domicile de M. Marboua « à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA » le 24 mars, date de la prise du pouvoir par la Séléka.

Suite à ce rejet, Sani Yalo combattra la Séléka médiatiquement à travers un éphémère parti politique le Front pour la Restauration de l’unité et de la démocratie en Centrafrique.  Après son accession au pouvoir, le Président Touadéra nomme Sani Yalo Président du Conseil d’Administration du Bureau d’affrètement Routier Centrafricain (BARC) en Août 2016. Le BARC est une société d’économie mixte dont l’Etat est actionnaire minoritaire (33%), qui détient le monopole du trafic routier sous-régional et gère notamment la gare terminale routière de Bangui. Les fonds du BARC, véritable manne financière issue des flux routiers intérieurs et sous régionaux sont évidemment extrêmement importants pour le régime en place. 

Lors d’un papier précédent sur les réseaux troubles des frères Diallo en Guinée Équatoriale, nous avions pubié le droit de réponse de Sani Yalo. Le voici

Centrafrique, le droit de réponse de Sani Yalo à Mondafrique