Trois mouvements rebelles nigériens, tous non djihadistes et installés dans le Nord, sur la frontière avec la Libye et l’Algérie, ont conclu un accord de paix global avec les militaires au pouvoir à Niamey, au terme des négociations entamées déjà, avec pour certains d’entre eux, avant le coup d’Etat du 26 juillet 2023. Des combattants de ces trois mouvements vont être enrôlés dans les forces de défense et de sécurité nigériennes, après une leur formation militaire en cours. Restera encore dans la nature un autre mouvement rebelle de la même catégorie présent dans le nord du pays et qui refuse de déposer les armes tant que l’ancien président Mohamed Bazoum ne sera pas libéré.
Par Idiwane Hamid
Un an après l’accord conclu avec les autorités nigériennes, des responsables du mouvement politico-militaire Union des Forces patriotiques pour la refondation de la République (UFPR), sont arrivés à Niamey où ils devraient rencontrer les plus hautes autorités de la transition militaire.
La délégation des ex-rebelles comprend Hassan Taher président de l’UFPR et Abdelkader Sangaré, un autre membre influent de ce mouvement politico-militaire; Barkai Hamid Tahar, ancien compagnon de Mahmoud Sallah président-fondateur du Front patriotique de libération (FPL) ainsi que Adoum Tcheké, président-fondateur de Mouvement pour la justice et la réhabilitation du Niger (MJRN).
Etape décisive pour la paix dans le Nord
Tout avait commencé, le 27 novembre 2024, lorsque ces responsables rebelles, accompagnés de leurs éléments, ont remis leurs armes et autres équipements militaires au gouverneur d’Agadez le général de brigade Ibrah Boulama lors d’une cérémonie organisée pour la circonstance.
« Nous voulons participer à la refondation d’un Niger nouveau indique Hassan Taher Président de l’UFPR à Mondafrique. Nous avons donné notre feu vert pour la paix un peu avant le coup d’Etat du 26 juillet, ajoute-t-il. Quand le Président Tiani a appelé au dialogue, nous avions confirmé notre volonté d’accompagner la transition, C’est pourquoi nous sommes venus à Niamey pour achever le processus de paix. »
Deux cents ex-rebelles, dont 113 pour l’UFPR ainsi que 87 pour le FPL et MJRN, sont actuellement au centre d’instruction de la garde nationale du Niger de Hamdallay, à une cinquantaine de kilomètres de Niamey, pour suivre une formation militaire au terme de laquelle ils seront intégrés dans différentes forces régulières de défense et de sécurité.
Pour les cadres de ces trois mouvements, leur intégration doit faire l’objet d’une négociation séparée entre leurs représentants et les autorités nigériennes. Dans leurs revendications, les ex-rebelles ont demandé des grades d’officiers et de sous-officiers, mais également des postes de responsabilités dans les différentes sociétés de l’Etat. Aussi, ils ont demandé la restitution de leurs véhicules et celles des autres jeunes du Kawar saisies par l’armée lors de différentes opérations.
Les ex-rebelles ont par ailleurs demandé une amnistie pour les différentes attaques menées contre certaines positions des FDS nigériennes. Tous ces points seront versés aux prochaines discussions entre les délégations des trois groupes rebelles et les autorités nigériennes, assure l’un des leaders de ces mouvements.
Exit Mahmoud Salah
Pour rappel, le 14 aout 2023 suite à un conseil des cadres tenu à Dirkou, l’UFPR a réaffirmé son soutien au Conseil national pour la sauvegarde de patrie (CNSP) et annoncé la destitution et l’exclusion de son fondateur Mahmoud Salah qui prit alors acte de cette exclusion. Avec d’autres membres de l’UFPR, il crée ensuite le Font patriotique de libération (FPL) et exige la libération du Président Bazoum Mohamed renversé par sa garde le 26 juillet 2023.
Affaibli par la défection de plusieurs dizaines de ses combattants, le Front patriotique de libération de Mahmoud Sallah fait fusion avec le Mouvement armé pour la défense du peuple (MAPD) de Gafti El-Abbi, un redoutable combattant arabe. Ensemble, ils exigent de nouveau la libération du président Bazoum et le rétablissement de l’ordre constitutionnel.
En décembre 2024, plusieurs missions ont été dépêchées en Libye pour rencontrer Mahmoud Sallah et le persuader de déposer les armes dans le cadre d’un accord de paix global avec les autorités nigériennes. Les tentatives de négociation sont restées vaines, Mahmoud Salah ayant réaffirmé sa volonté de continuer la lutte armée jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Selon un ancien combattant de l’UFPR, Mahmoud Salah reste un élément clé pour le retour à la paix dans la région, en raison de la bonne structuration de son mouvement, de l’aguerrissement de ses hommes et leur équipement militaire. Le chef rebelle est décrit comme un homme imprévisible qui peut impacter le retour de la paix.
Même si les autorités nigériennes, à travers le comité de paix de la région d’Agadez, sont parvenues à ramener dans le rang beaucoup de rebelles et de bandits armés, il reste encore d’importants mouvements rebelles qui manquent à la table de négociation.
Outre le Front patriotique de libération (FPL) de Mahmoud Sallah et le Mouvement patriotique pour la liberté et la justice (MPLJ) de Moussa Kounai qui a revendiqué l’un des sabotages du pipe-line Agadem-Cotonou, il reste encore dans la nature le Front patriotique pour la justice (FPJ) de Mohamed Tori, qui détient encore en otage le commandant Amadou Torda prefet du département de Bilma et cinq (5) de ses collaborateurs. Tous avaient été enlevés lors d’une attaque entre Dirkou et Bilma, le 21 juin 2024.