Niger, le général Tiani prolongé de cinq ans par les Assises nationales

Les participants aux Assises nationales du Niger ont décidé, à l’issue de cinq jours d’échanges, de mettre en place une transition de cinq ans renouvelables qui ne prend pas en compte les dix-huit mois écoulés depuis le coup d’Etat militaire du 26 juillet 2023. Ils ont également proposé la dissolution des partis politiques, l’instauration d’un multipartisme limité et la mise en place d’un régime de type présidentiel.

Par Niandou Kindo, Niamey

C’est par un éventail de propositions que les rideaux sont tombés, jeudi 20 février 2025 au Centre International de Conférence Mahatma Gandhi de Niamey, sur les Assises nationales du Niger, convoquées par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le directoire militaire qui a pris le pouvoir au Niger après le coup d’Etat qui a renversé le 26 juillet 2023 le président Mohamed Bazoum.

On retient parmi les propositions fortes présentées lors de la cérémonie officielle de clôture de ces Assises, celles portant, entre autres, sur la fixation du mandat de la transition à 60 mois, soit cinq ans, à compter de la date d’adoption de la Charte de la refondation. Un mandat qui a tout d’une durée élastique, à en juger par la déclaration faite par M. Abdoulaye Seydou, l’un des vice-présidents de la Commission lors de la lecture des résolutions prises. « La durée de la transition est fixée à soixante mois pouvant évoluer en fonction de la situation sécuritaire, du cahier des charges de la refondation et de l’agenda de la confédération des Etats du Sahel », a-t-il notamment déclaré.

 Général de corps d’Armée et Président de la République

Les résolutions portent également sur l’élévation du Chef de l’Etat Abdourahamane Tiani du grade de Général de Brigade à celui de Général d’Armée, le plus haut niveau de la hiérarchie militaire au Niger, en raison de son “leadership dans la conquête de la souveraineté du Niger”. D’autre part, les Assises ont décidé de l’élévation du Général Tiani, de son titre actuel de Président du CNSP, Chef de l’Etat, à celui de Président de la République, fonctions auxquelles il accèdera, après une cérémonie solennelle de prestation de serment.

De même, il a été décidé d’accorder une amnistie aux auteurs du coup d’Etat du 26 juillet 2023, ayant déposé l’ancien président Bazoum Mohamed. Dans cette même optique, les participants aux assises ont recommandé d’accorder la grâce présidentielle au profit de nombreux militaires qui croupissent encore en prison pour des faits de « tentatives de déstabilisation » du pouvoir au cours des dix dernières années.

Dissolution des partis politiques

Autre acte de portée majeure dans la vie politique du Niger, c’est la proposition relative à la dissolution des partis politiques existants, avec à la clé l’élaboration d’une nouvelle charte des partis politiques axée sur un multipartisme contrôlé n’autorisant la création que de deux à cinq partis politiques. Le pays en compte aujourd’hui pas moins de 160.

Une décision qui atteste d’un certain désaveu cinglant à l’encontre de la classe politique nigérienne qui, comme l’avait souligné le gouverneur de la Région de Niamey, à l’ouverture de ces mêmes assises, ‘’a plutôt brillé par l’instauration des contre-valeurs durant les 35 ans de démocratisation au Niger ».

A travers les conclusions des travaux de ces assises, lues par Mme Barry Bibata Niandou, au nom du collège des rapporteurs, les participants ont également de rendre justice aux Nigériens dans certaines affaires dont l’assassinat du Président Ibrahim Baré Maïnassara le 9 avril 1999, les attaques terroristes sanglantes contre les forces de défense et de sécurité à Intatès, Chinagoder et Petelkolé, les tueries des jeunes de Téra et des trois étudiants de l’Université de Niamey, le 9 février 1990.

S’ajoute une autre résolution demandant le jugement des affaires portant sur le scandale de la vente d’uranium du Niger, de l’achat des armes au Ministère de la Défense Nationale, ainsi que de l’achat de l’avion présidentiel, le Mont Greboun.

Dans le domaine de la Justice, les propositions portent sur le renforcement de l’indépendance de la justice par la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature, l’érection de pôle judiciaire spécialisé en matière économique et financière en juridiction autonome “pour poursuivre et juger tous les auteurs de détournement des deniers publics sans exception”, ainsi que la valorisation des mécanismes traditionnels de règlement des litiges.

Le CNSP s’engage à appliquer les conclusions

Après avoir suivi la présentation de ces conclusions, le Président du CNSP, le Général Abdourahamane Tiani s’est réjoui des résultats des assises. “Il s’agit d’un procédé inédit porteur d’un espoir raisonnable pour un nouveau départ que s’offre notre pays. Je m’engage solennellement à concrétiser cet espoir pour le bonheur du peuple nigérien, en prenant toutes les mesures pour ce faire, cela dans l’intérêt supérieur de notre pays”, a-t-il souligné.

Puis d’ajouter, s’adressant à aux 716 participants, il  leur a lancé: “vous avez donc joué votre partition, je jouerai la mienne sans aucune faiblesse et avec dévouement vis-à-vis de mon pays”.

Par un vibrant appel, le Général Tiani a invité les Nigériens pour qu’ils se remettent au travail dans un esprit nouveau: “celui du citoyen qui a pleine conscience, non seulement des défis qui sont les nôtres, mais également que seul le travail bien fait avec patriotisme et dans un cadre étatique, organisé et solidaire libère”.