Les trois pays du Sahel central organisés en Alliance des Etats du Sahel (AES) au sein de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest viennent d’annoncer dimanche leur sortie de l’organisation ouest-africaine. La télévision publique nigérienne a publié officiellement la nouvelle.
Les trois pays ont fondé l’AES après le coup d’Etat qui a renversé Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, pour se défendre contre les pressions très fortes exercées par la France et la CEDEAO, dont les deux leaders, les Présidents ivoirien Alassane Ouattara et nigérian Bola Tinubu, étaient en visite officielle à Paris ces dernières heures.
A la suite du renversement du Président Bazoum, le Niger a exigé le départ du contingent français et de l’ambassadeur Sylvain Itte, dans le cadre d’un bras de fer très dur avec Paris et de sanctions d’une gravité inédite ordonnées par la CEDEAO contre ce pays enclavé.
La CEDEAO prévoit la libre circulation des personnes et des biens pour les ressortissants de ses 15 membres en Afrique de l’Ouest : les 8 Etats réunis au sein de l’UEMOA (Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest) et fonctionnant avec le franc CFA ainsi que les anglophones et les lusophones, parmi lesquels le géant nigérian.
Les intérèts occidentaux déstabilisés
La crise provoquée par les coups d’Etat militaires dans les trois pays du Sahel a déstabilisé les intérêts occidentaux dans la région. Le Premier ministre du Niger Lamine Zeine est revenu il y a quelques jours d’une tournée en Russie et en Iran.
« Après 49 ans d’existence (de la CEDEAO), les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger constatent avec beaucoup de regret, d’amertume et une grande déception que leur organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme », écrivent les trois présidents, le capitaine Ibrahim Traoré au Burkina Faso, le colonel Assimi Goïta au Mali, et le général Abdourahmane Tiani au Niger dans le communiqué conjoint rendu public dimanche. « En outre, la CEDEAO, sous l’influence des puissances étrangères trahissant ses principes fondateurs est devenue une menace pour ses Etats membres et ses populations dont elle est sensée assurer le bonheur. En effet, l’organisation n’a pas porté assistance à nos Etats dans le care de notre lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité ; pire lorsque ces Etats ont décidé de prendre leurs destins en main elle a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes. »
« Toutes choses qui ont davantage fragilisé les populations déjà meurtries par des années de violence imposées par des hordes terroristes instrumentalisées et téléguidées. Face à cette situation qui perdure, (les trois Présidents) prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Ouest », conclut le communiqué.
La CEDEAO joue double jeu avec le Niger