Mali : Le syndrome syro-afghan

Devant la difficulté pratique de suivre la cadence multiquotidienne des incidents, presque tous à l’initiative du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), Veille Sahélienne s’en tiendra, désormais, à des synthèses sans délai prédéfini. Les correspondants bénévoles et autres informateurs de terrain ont à peine le temps d’élaguer la matière brute d’une dépêche, qu’un évènement d’importance bouscule la relation du précédent.

Un article de « Veille Sahélienne »

Au cours des journées du 14 et 15 septembre 2025, le Mali a été le théâtre d’affrontements et de sabotages qui témoignent d’une tension prolongée autour de trois objectifs parallèles : La désorganisation de la chaine de ravitaillement du pays en carburant, l’intensification des offensives contre les forces régulières et l’agressivité de la communication de guerre participent, du côté du Gsim, d’un calcul d’usure bien rodé, comme prélude à un bond qualitatif vers la capitale, Bamako, sans doute déjà infiltrée. Les jihadistes visent désormais à épuiser, simultanément, l’appareil de défense et l’économie. Ils évitent d’occuper une ville, mènent des raids brefs, brisent la résistance, pillent les arsenaux, se filment, paradent et s’évanouissent dans la savane, avant de sévir ailleurs, dès le lendemain. L’hybridation du modus operandi mêle guérilla des campagnes, assauts asymétriques et combat frontal, de jour et de nuit.

 

Le pari de l’asphyxie

 

A la faveur d’un nouvel enregistrement vidéo daté du 14 septembre Abou Houdayfa Albambari (l’orthographe varie) porte-voix du Gsim en langue Bambara – la plus parlée dans son pays – jure de cibler la totalité des camions-citernes et des bus de la société de transports « Diarra » qui circulent sous escorte des Forces armées maliennes (Fama). Il qualifie, leurs chauffeurs, de «traîtres ». Selon lui, l’ennemi « fuit les champs de bataille malgré ses drones et équipements sophistiqués ». Il promet une « punition sévère » aux personnes convaincues de collaboration avec le pouvoir central.

 

La réitération de l’ultimatum fait écho à la vulnérabilité structurelle du secteur de l’énergie domestique au Mali : 63 % de ses importations de carburant proviennent du Sénégal et 21 % de la Côte d’Ivoire. Les deux corridors, longs de centaines de km impossibles à sécuriser se trouvent exposés au risque immédiat de la rupture. Les dysfonctionnements prévisibles ne concernent pas seulement l’intérieur du Mali. Ils impliquent la ruine de centaines de commerçants de la diaspora et de beaucoup de leurs associés et fournisseurs.

 

Coup audacieux près de Sévaré

Le 15 septembre, le Gsim revendique la prise, à l’aube, de la position « Carrefour Djenné », au sein de la région de Mopti. Il affirme avoir tué au moins 1 soldat et s’être emparé d’un butin, exposé en photos.

 

L’action marque une inflexion de la tactique adoptée jusqu’ici. Des embuscades dispersées, le Gsim passe à des engagements directs aux dépens des centres de commandement. L’évolution révèle la concomitance de deux enseignements :  La capacité de renseignement élevée des jihadistes leur permet d’identifier puis de frapper des cibles sensibles, en même temps qu’elle dévoile l’affaiblissement opérationnel des Fama quant à l’anticipation des menaces.

 

Récidive sanglante à Niono

 

Toujours le 15 septembre, une embuscade a visé un convoi des Fama et de leurs supplétifs russes de l’Africa Corps, sur l’axe Markala–Niono, dans le cercle de Ségou. Selon plusieurs sources locales, le raid a occasionné la mort de 10 militaires. Niono est l’un des espaces les plus éprouvés depuis le début de l’année.

 

Observations

 

  1. En dépit de leurs efforts de communication de crise, de l’aide substantielle de la Russie, de la solidarité des deux autres membres de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) et de sa supériorité dans les airs, le Mali ne se bat plus pour gagner. A présent, il cherche, bien seul, à préserver sa propre survie, comme culture, mémoire et diversité.

 

  1. L’empressement des milices rurales d’autodéfense à conclure des accords de non-agression avec le Gsim, ententes dénoncées par la junte, corrobore l’impression générale de la résignation face à la probabilité de la débâcle. L’avenir d’Africa Corps découle du même constat.

Vidéo leader Gsimhttps://t.me/veillesah/170

Vidéo Gsim, prise Carrefour Djennéhttps://t.me/veillesah/171

Communiqué Gsimhttps://t.me/veillesah/172