Mansour Faye, ex super ministre de la solidarité, (voir image ci dessus), Moustapha Diop, Aïssatou Sophie Gladima, ces cadres de l’opposition sénégalaise sont emprisonnés. Une situation qui affaiblie opposition qui était déjà divisée à cause de plusieurs défections. Pendant ce temps, le parti au pouvoir semble être sur un boulevard à quelques mois des élections locales.
Ibrahima Dieng

Le monde s’effondre sur l’Alliance pour la République, la formation de l’ancien président de la République du Sénégal Macky Sall. En refuge au Maroc depuis la perte du pouvoir, il assiste lointain et impuissant à l’arrestation de l’un de ses plus grands lieutenants. Son ancien ministre Mansour Faye est emprisonné ce lundi 26 février 2025, suite à son face à face avec le procureur de la Haute Cour de Justice.
Acteur politique et maire de Saint-Louis, l’ancienne capitale du Sénégal, il est placé sous mandat de dépôt dans le cadre d’une enquête pour surfacturation portant sur environ 4,5 millions d’euros (3 milliards de FCFA) dans un marché public de riz destiné à l’aide alimentaire durant la pandémie de Covid-19. Mansour Faye est accusé de graves irrégularités financières liées à la gestion de ces fonds d’urgence.
Mansour Faye a toujours été considéré comme un superministre. Ministre de la Solidarité nationale, ensuite ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du Désenclavement, il est l’un des rares ministres à rester en poste durant les 12 années de règne de Macky Sall. Étant également le grand frère de l’ancienne première dame, Marieme Faye, il a toujours été considéré comme un successeur légitime de Macky Sall.
Une opposition affaiblie

Aujourd’hui avec l’arrestation de Mansour Faye, l’opposition sénégalaise est dans une phase compliquée. Ce dernier était l’un des plus virulents contre l’actuel régime de Bassirou Diomaye Faye depuis l’éloignement de Macky Sall. Actuellement l’APR est délestée de ses plus hauts cadres. « Je ferai face à ce régime qui veut liquider tous les opposants. Nous allons résister. Et nous allons combattre l’arbitraire. Personne ne peut nous faire peur », disait Mansour Faye, quelques jours après son arrestation.
En dehors de lui, l’opposition est également orphelin de quelques autres ténors. L’ancien ministre de l’Industrie et du Développement industriel Moustapha Diop, qui dispose d’une belle cote politique est également emprisonnée. Il est poursuivi pour une affaire présumée de détournement de deniers publics portant sur 1,4 million d’euros (930 millions de FCFA) dans le cadre de l’utilisation des fonds destinés à la lutte contre la Covid-19.
L’ancienne ministre de l’Énergie, Aissatou Sophie Gladima, amie et camarade de promotion de Macky Sall est également emprisonnée cette semaine. Elle est poursuivie pour détournement présumé portant sur un préjudice de 294 000 euros (193 millions FCFA). L’affaire concerne les Fonds Force-COVID pour l’érection d’un centre gravimétrique à Kédougou (dans la frontière malienne) destiné aux orpailleurs impactés par la pandémie.
Derrière les barreaux, elle ne cesse de clamer son innocence. « Ma cliente est innocente et se suffit largement de ce qu’elle a toujours gagné. Présentement, elle vit cette épreuve avec beaucoup de dignité », a rapporté son avocat Me Michel Basse.
Aujourd’hui l’opposition sénégalaise est plus que fragilisée par cette énième arrestation après le cadre de l’Alliance pour la République Farba Ngom, en prison depuis deux mois.
Le pouvoir sur un boulevard
Actuellement au Sénégalais, l’on s’interroge sur le réel pouvoir de l’opposition. Car tellement c’est le grand vide. Ainsi, le pouvoir semble être sur un boulevard. Les opposants les plus virulents sont en prison. Pendant ce moment, les grands acteurs tels qu’ Idrissa Seck et Khalifa Sall ont accepté de répondre à l’appel au dialogue lancé par le president de la République Bassirou Diomaye Faye.
Ce dialogue prévu le mercredi 28 mai 2025 a déjà fini de semer la division au sein de l’opposition. Dans un parti comme l’Alliance pour la République si certains ont refusé de participer, d’autres acceptent de s’asseoir sur la table du président de la République. C’est le cas de la présidente du groupe parlementaire de l’opposition, Aïssata Tall Sall.
Maintenant à 18 mois des élections locales, le parti au pouvoir Pastef semble filer tout droit vers une victoire car l’opposition est affaiblie et divisée. En novembre 2024, cette formation politique avait raflé 131 des 165 sièges disponibles, un sept mois après après conquis le pouvoir avec 54% des votes.