Khalifa Haftar, la figure puissante qui domine l’est de la Libye, a orchestré un régime où ses fils exercent une influence politique et militaire significative. Parmi eux, Saddam Haftar émerge comme une figure centrale, largement perçue comme l’héritier apparent de son père. Cependant, l’ascension de Saddam au pouvoir est entachée par une série de controverses, mettant en lumière un schéma de corruption, d’abus des droits de l’homme et de manipulation des ressources à des fins personnelles.
Un article de notre partenaire The North Africa Journal
Suite aux inondations catastrophiques à Derna, Saddam Haftar s’est rapidement positionné comme chef de la gestion des secours en cas de catastrophe. Malgré la façade des efforts humanitaires, beaucoup d’observateurs suggèrent un agenda plus sombre. En utilisant la crise pour renforcer son image, Saddam Haftar est plus motivé par la consolidation de son influence que par un véritable souci pour la population touchée.
Entre abus et impunité
Le leadership militaire de Saddam Haftar, notamment à travers son commandement de la Brigade Tariq Ben Zeyad, est entaché d’accusations d’abus flagrants des droits de l’homme. La brigade a été impliquée dans des meurtres illégaux, la torture, les disparitions forcées et d’autres atrocités, l’impunité semblant garantie sous la protection de Saddam. Des organisations internationales, dont Amnesty International, ont appelé à rendre des comptes pour ces violations, mais Saddam continue à opérer en toute impunité.
Son implication dans les affaires financières révèle un schéma préoccupant de corruption et de détournement de fonds. Son rôle dans l’orchestration d’un important braquage de banque après la reconquête de Benghazi, associé à des tentatives de prendre le contrôle des institutions bancaires, souligne sa volonté d’exploiter les systèmes financiers à des fins d’enrichissement personnel. De telles actions non seulement sapent la stabilité économique de la région, mais perpétuent également un cycle de corruption qui renforce davantage son emprise sur le pouvoir.
Tractations avec le Mossad
Les médias libyens, tels que le Libya Observer, ont rapporté l’implication présumée de Saddam Haftar dans la fermeture du champ pétrolier de Sharara, soulignant sa volonté de faire usage de leviers économiques pour des gains personnels et politiques. Les rapports révèlent son orchestration d’événements ayant conduit à la fermeture du champ pétrolier, impactant négativement les intérêts internationaux et exacerbant les tensions dans la région. Sa manipulation des routes commerciales démontre également une exploitation des ressources économiques à son propre avantage.
Saddam Haftar cultive aussi ses liens avec les Israéliens. Le jeune Haftar a atterri en 2020 à l’aéroport Ben Gurion à bord d’un jet privé Dassault Falcon de fabrication française, qui a fait une brève escale en Israël sur la route de Dubaï à la Libye, avait rapporté lundi le quotidien Haaretz.
Le journal israélien avait précisé qu’il avait déjà été en contact avec le département « Tevel » de l’agence d’espionnage Mossad, qui s’occupe des pays avec lesquels Israël n’entretient pas de relations. Selon le rapport, Haftar était porteur d’un message de son père demandant une « assistance militaire et diplomatique » israélienne en échange d’une promesse d’établir un processus de normalisation entre la Libye et Israël. Soit une version libyenne des accords d’Abraham, pour l’instant inopérants, qui avaient établi des relations entre l’État juif et les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.
Papa Haftar, au service déja d’Israël
Lors de son retour triomphal organisé à Benghazi en 2011, le maréchal Haftar, père de Saddam, avait tenté lors de son retour en 2014 de s’imposer comme chef de la branche militaire du gouvernement de l’est du pays qui siège à Tobrouk.
Restait à conquérir la Tripolitaine et les provinces du sud libyen. La coalition étrangère et la secte salafiste madkhaliste d’obédience saoudienne qui le soutiennent ne suffisant pas, Haftar s’est tourné vers Israël. Suite à des pourparlers avec des agents du Mossad en Jordanie en 2015, l’aviation israélienne l’a déjà aidé en bombardant Syrte. Il ne faut donc pas s’étonner si Abdul Salam al-Badri, son n°2, a pu déclarer, voci quelques années, à un journal israélien qu’Haftar ne serait jamais l’ennemi de l’Etat juif et qu’ils ont un ennemi commun : Recep Tayyip Erdogan…
Les incursions diplomatiques de Saddam Haftar sur les traces de son père ne sauraient masquer son implication dans la répression des opposants politiques. Successeur probable de son père, le fiston lance des défis inquiétants en termes de paix, de stabilité et de démocratie en Libye.