Libye, la région de Tripoli au bord d’une escalade militaire

Les tambours de la guerre résonnent-ils à nouveau dans la capitale libyenne ?Tripoli et ses environs connaissent une escalade militaire notable depuis début mai 2025, marquée par d’importantes mobilisations de forces en provenance de Misrata, Zawiya et Zintan en direction de la ville. Ces développements s’inscrivent dans un contexte de division politique persistante et de fragilité sécuritaire, révélant la profondeur des rivalités entre groupes armés pour le contrôle des institutions et des ressources de l’État.

La Libye à nouveau au bord de la guerre civile

Les analyses préliminaires suggèrent que ces mouvements sont directement liés à la montée des tensions entre milices, notamment après l’attaque du siège de la Libyan Post, Telecommunications and Information Technology Company (LPTIC) et l’agression de son directeur général, originaire de Misrata, déclenchant une colère généralisée dans la ville et une mobilisation armée.

Les principaux acteurs impliqués sont les forces mobilisées depuis les villes précitées, qui pourraient affronter des groupes armés basés à Tripoli, notamment l’Appareil de soutien à la stabilité. Ces mouvements ont suscité une inquiétude internationale, exprimée par la Mission des Nations Unies en Libye (MANUL), appelant à la désescalade et au dialogue. Les autorités officielles, notamment le Gouvernement d’union nationale (GUN) et le Conseil présidentiel, sont restées largement silencieuses.

Plusieurs scénarios sont envisageables : une confrontation armée étendue ou limitée, des négociations sous la menace pour redessiner les équilibres de pouvoir, ou une médiation temporaire sans résolution des causes profondes.

La situation sur le terrain 

À la mi-mai 2025, des mouvements militaires massifs et sans précédent ont été observés en direction de la capitale libyenne, Tripoli. Plusieurs sources, rapports médiatiques et déclarations de la Mission des Nations Unies en Libye (UNSMIL) ont confirmé la présence de colonnes militaires importantes en provenance des villes de Misrata, Zawiya et Zintan, convergeant vers les abords de Tripoli autour du 12 mai 2025.

Ces déploiements ne se limitent pas à une simple démonstration de force. Leur ampleur et la nature de leur armement – incluant des armes lourdes, des blindés, des ambulances et même des postes de commandement mobiles – ont suscité de vives inquiétudes quant à un possible affrontement à grande échelle. Les unités en provenance de Misrata, en particulier, semblaient équipées pour une opération militaire d’envergure, bien au-delà des patrouilles routinières. Leur niveau de préparation suggère une intention claire : modifier les rapports de force dans la capitale ou répondre de manière décisive à des provocations perçues.

Historiquement, les brigades de Misrata – telles que la Brigade Al-Halbous, la Brigade Al-Mahjoub ou la 166e Brigade – ont joué un rôle central dans les conflits tripolitains, bénéficiant d’un armement sophistiqué et d’une forte capacité opérationnelle. Leur mobilisation actuelle, tant par son échelle que par sa sophistication, indique une manœuvre stratégique visant à peser sur les équilibres politiques et sécuritaires de Tripoli, dépassant les tensions localisées habituelles.

Parallèlement, des tensions croissantes ont été signalées à l’intérieur même de Tripoli, où des habitants et des activistes ont observé une présence accrue d’hommes armés dans plusieurs quartiers, alimentant les craintes d’une dégradation rapide de la sécurité. UNSMIL  a officiellement exprimé son « extrême préoccupation » face à ces « mobilisations militaires massives » et à « l’escalade des tensions à Tripoli et dans la région occidentale », appelant à la retenue.

3. Acteurs clés et rapports de force

Pour comprendre les dynamiques des récentes mobilisations militaires, il est essentiel d’identifier les principaux acteurs et d’évaluer leur poids stratégique dans l’Ouest libyen.

Forces mobilisées

  • Les brigades de Misrata:
    Considérées comme la force militaire la plus puissante et la mieux organisée de la région occidentale, elles jouent un rôle clé à Tripoli depuis 2011. Bien que nominalement rattachées au Gouvernement d’union nationale (GUN), elles agissent avec une large autonomie, suivant leurs propres intérêts. Leur récent déploiement fait suite à l’attaque du siège de la Libyan Post, Telecommunications and Information Technology Company (LPTIC)[1]et à l’agression de son directeur général, originaire de Misrata. Parmi leurs unités les plus actives :
  • La Brigade Al-Mahjoub
  • La Brigade Al-Halbous
  • La 166e Brigade
    Dotées d’un arsenal varié (armes lourdes, véhicules blindés), ces brigades disposent d’une forte capacité offensive.
  • Les brigades de Zawiya:
    Alliées traditionnelles de Misrata (notamment via l’ancienne coalition Fajr Libya), elles restent marquées par des rivalités internes. Les forces engagées incluent :
  • Le 52e Brigade
  • Les unités de la Police judiciaire
    Leur participation aux mobilisations reflète une coordination tactique avec Misrata.
  • Les brigades de Zintan:
    Historiquement rivales de l’axe Misrata-Tripoli (notamment durant la guerre de 2014), certaines de leurs factions se sont rapprochées du maréchal Khalifa Haftar ou de l’ex-gouvernement de Fathi Bashagha. Leur présence aux côtés de Misrata et Zawiya constitue une évolution notable, suggérant une alliance circonstancielle contre un ennemi commun : l’Appareil de soutien à la stabilitéou les forces pro-Dbeibah. Des figures comme Osama al-Juwail jouent un rôle central.

 

 

 

Groupes basés à Tripoli

  • L’Appareil de soutien à la stabilité SSA[2](dirigé par ABELGHANI »Ghaniwa » al-Kikli) :
    L’une des milices les plus influentes de la capitale. Officiellement sous l’autorité du Conseil présidentiel, elle contrôle des réseaux sécuritaires clés et serait impliquée dans l’incident de la LPTIC. Ses affrontements passés avec la Force de dissuasionet la 444e Brigade en font la cible principale des mobilisations. Récemment engagée dans des combats à Al-Khoms, elle est perçue comme un pilier du camp pro-Dbeibah.
  • La Force de dissuasion RCTOC (dirigé par Abd al-Rauf Kara) :
    Basée à l’aéroport de Mitiga, cette milice à orientation salafiste contrôle des infrastructures vitales. Bien que nominalement liée au Conseil présidentiel, ses alliances sont fluctuantes. Son positionnement face aux mobilisations reste incertain, mais elle pourrait soutenir tout camp servant ses intérêts.
  • La 444e Brigade(dirigé par Mahmoud Hamza) :
    Connue pour sa discipline et son rôle médiateur dans les conflits passés, elle relève théoriquement de l’état-major du GUN. Victime d’attaques de l’Appareil de soutien à la stabilité SSA , elle cherche probablement à éviter une escalade tout en préservant son influence.
  • Autres groupes:
    Des factions comme la Brigade Al-Nawasiou les Brigades des révolutionnaires de Tripoli (anciennement dirigées par Haitham al-Tajouri) ajoutent à la complexité du paysage, où les alliances évoluent selon les opportunités.

 

 

Les institutions officielles :

  • Le Gouvernement d’Union Nationale (présidé par Abdelhamid Dbeibah): Le gouvernement intérimaire reconnu internationalement et basé à Tripoli. Il dépend largement d’alliances fragiles avec les milices qui contrôlent la capitale pour assurer sa survie. Ses relations avec ces milices sont caractérisées par des transactions utilitaires qui entrent parfois en conflit. Ce qui est frappant, c’est l’absence de position officielle claire ou de réaction ferme du gouvernement face aux mobilisations de mai 2025.
  • Le Conseil Présidentiel (présidé par Mohamed al-Menfi): Il représente nominalement le commandant suprême de l’armée libyenne. Il tente d’affirmer son autorité, mais sa capacité à contrôler effectivement les groupes armés est extrêmement limitée. La plupart des principales forces (comme la Force de dissuasion et l’Appareil de soutien) ne lui sont affiliées que nominalement. Lui non plus n’a émis aucune déclaration forte ou entrepris d’action concrète concernant les récentes mobilisations.

Groupe

Affiliation

Influence

Principaux leaders

Allégeance

Rôle dans les mobilisations

Brigades de Misrata

Misrata

Très importante

Al-Mahjoub/Al-Halbous

Nominalement pro-Dbeibah
De facto autonome

Force principale mobilisée vers Tripoli

Brigades de Zawiya

Zawiya

Importante

Ben Rajab

Nominalement pro-Dbeibah
Alliances variables

Participation aux mobilisations

Appareil de soutien à la stabilité

Quartier Abou Salim, Tripoli

Très importante

Ghaniwa al-Kikli

Nominalement sous Conseil présidentiel
De facto autonome (proche de Dbeibah)

Cible principale des mobilisations

Force de dissuasion

Base aérienne de Mitiga, Tripoli

Très importante

Abdelraouf Kara

Nominalement sous Conseil présidentiel
De facto autonome

Position ambiguë face aux mobilisations

444e Brigade

Sud de Tripoli

Importante

Mahmoud Hamza

Nominalement sous état-major général

Rival de la Force de dissuasion et de l’Appareil de soutien

 

4. Motivations de l’escalade : causes profondes et déclencheurs immédiats

Pour comprendre les raisons de la récente escalade militaire, il convient de distinguer le déclencheur immédiat de la crise des causes structurelles sous-jacentes qui ont préparé le terrain à cette escalade.

Déclencheur immédiat :

  • L’incident de la Société holding des télécommunications (LPTIC): L’attaque menée le 8 mai 2025 par des éléments de l’Appareil de soutien à la stabilité contre le siège de la Libyan Post, Telecommunications and Information Technology Company (LPTIC) à Tripoli, accompagnée de l’enlèvement et des violences physiques contre son directeur général Salah al-Din al-Najih (soutenu par le gouvernement et proche du conseil d’administration de la holding), originaire de Misrata, a constitué l’étincelle ayant conduit à l’escalade militaire.

La LPTIC représente un secteur vital pour l’économie et les infrastructures libyennes en tant que maison mère des principales entreprises de télécommunications, internet, poste et services technologiques du pays. Le contrôle de cette société signifie non seulement la maîtrise d’un secteur stratégique, mais aussi l’accès à d’importantes ressources financières et à un considérable pouvoir politique.

L’attaque contre le siège et son directeur s’inscrit dans un conflit plus large pour l’influence et le contrôle des institutions économiques et souveraines entre milices rivales. Cet incident a provoqué une vague de colère à Misrata, ville natale du directeur général, perçu comme une attaque directe contre ses intérêts, poussant les chefs de brigades locaux à menacer de représailles et à mobiliser leurs troupes. Cet épisode illustre parfaitement le phénomène de « capture institutionnelle » pratiqué par les groupes armés, où le contrôle des institutions étatiques – particulièrement économiques – devient un objectif central du conflit en raison des gains immédiats en pouvoir politique et financier.

Causes profondes :

  • Concurrence entre milices pour le pouvoir et les ressources: L’incident de la LPTIC s’inscrit dans le contexte plus large du conflit permanent entre groupes armés de l’ouest libyen, particulièrement à Tripoli, pour l’influence et les ressources. Ces groupes se disputent principalement le contrôle de zones géographiques stratégiques, de ministères et institutions gouvernementales, ainsi que de sources de financement légales et illégales. Les récentes mobilisations sont perçues comme une tentative des forces de Misrata et leurs alliés de rétablir l’équilibre des pouvoirs dans la capitale, estimant que leur influence s’érode au profit de groupes tripolitains comme l’Appareil de soutien à la stabilité, accusé d’exploiter sa proximité avec le gouvernement Dbeibah pour consolider ses positions.
  • Stagnation politique et effondrement institutionnel: Le vide politique résultant de l’échec du processus politique à progresser vers l’unification du pays et l’organisation d’élections crée un terrain fertile pour le renforcement des milices et l’augmentation des violences. En l’absence d’une autorité centrale forte et d’institutions unifiées et légitimes, les factions armées recourent à la force militaire comme outil principal pour atteindre leurs objectifs politiques et économiques. Les mobilisations militaires interviennent dans un contexte de gel du dialogue entre les principales parties politiques et de persistance des divisions institutionnelles. Face à cette impasse, certains acteurs armés semblent voir dans les déploiements militaires un moyen de pression pour modifier les équations sur le terrain.
  • Héritages historiques et alliances mouvantes: Les séquelles des conflits passés (comme les guerres de 2014 et 2019-2020) et les anciennes alliances/rivalités (comme la coalition Fajr Libya ou les tensions entre Zintan et Misrata) continuent d’influencer le paysage actuel. Cependant, les alliances actuelles restent fluides et pragmatiques, avec l’émergence récente de nouveaux regroupements pro et anti-Dbeibah au sein même du camp occidental, complexifiant davantage la situation.
  • Facteur potentiel : Réaction aux mouvements de l’Armée nationale libyenne ?: Les mobilisations vers Tripoli ont coïncidé avec des déploiements de forces de l’Armée nationale libyenne sous le commandement du maréchal Khalifa Haftar dans les régions sud et ouest[3]. Bien que l’état-major ait nié toute intention hostile, ces mouvements ont probablement contribué à augmenter les tensions dans la région occidentale. Néanmoins, la motivation principale des mobilisations vers Tripoli semble découler des dynamiques de conflit interne entre factions armées de l’ouest, spécifiquement en réaction à l’incident de la LPTIC.

5. Réactions: Réactions officielles et non officielles

Les réponses aux mouvements militaires à Tripoli ont varié considérablement entre acteurs locaux et internationaux :

Nations Unies (unsmil) :
La Mission d’appui des Nations Unies en Libye s’est montrée la plus explicite dans son expression d’inquiétude. Par des déclarations répétées, elle a exprimé sa vive préoccupation face aux mouvements militaires et à l’escalade des tensions, appelant instamment toutes les parties à désamorcer immédiatement la situation, à éviter toute provocation et à régler les différends par le dialogue, tout en insistant sur la nécessité de protéger les civils. La MANUL a également affirmé son soutien aux efforts de médiation locale menés par des notables et leaders communautaires. Cette position reflète le rôle traditionnel de la mission comme médiateur et observateur cherchant à prévenir la violence, bien que sa capacité à imposer sa volonté reste limitée.

Gouvernement d’Union Nationale (ablehamid Dbeibah) :
Le silence relatif ou l’absence de réaction forte et claire du gouvernement face aux importants mouvements militaires vers la capitale est frappant. Ce mutisme pourrait s’expliquer par plusieurs hypothèses : incapacité à affronter les forces militaires influentes, tentative de gestion discrète de la crise, ou calculs politiques internes complexes – d’autant que certaines milices impliquées (comme l’Appareil de soutien à la stabilité) sont considérées comme proches du gouvernement. La seule action notable a été la décision de Dbeibah de démettre le PDG non-aligné de la société des télécommunications après l’attaque pour le remplacer par son adjoint plus favorable, ce qui pourrait être interprété comme une tentative d’apaisement ou de règlement de comptes.

Conseil Présidentiel (al-Menfi) :
À l’instar du gouvernement, le Conseil présidentiel n’a adopté aucune position ferme ni émis de déclaration claire sur les récents mouvements, bien qu’il soit nominalement le commandant suprême de l’armée. Il s’est contenté de déclarations générales appelant à la retenue et au rejet de la violence, sans critiquer directement aucune des parties mobilisées. Le Conseil, qui souffre d’un manque de contrôle réel sur les forces armées, semble préférer le silence pour ne pas s’aliéner les factions puissantes qui ne lui sont affiliées que nominalement, comme l’Appareil de soutien et la Force de dissuasion.

Réactions locales :

  • Société civile : Les habitants de Tripoli ont exprimé leurs craintes croissantes face à de possibles affrontements, avec des appels sur les réseaux sociaux à protéger les civils et éviter les zones résidentielles. Des activistes ont critiqué le silence des autorités.[4]
  • Leaders locaux : Des médiations tribales ont été tentées entre les brigades de Misrata et l’Appareil de soutien, mais leur impact reste limité.
  • Autres groupes armés : Certaines factions affichent une neutralité de façade tout en repositionnant leurs forces selon leurs intérêts.

Réactions internationales :

  • UE et États-Unis : Inquiétudes exprimées mais réactions limitées à des déclarations diplomatiques.
  • Pays régionaux (Égypte, Turquie, Émirats) : Réactions non publiques malgré leurs intérêts divergents.

Ce contraste entre inquiétude internationale affichée et silence des institutions libyennes révèle l’écart entre légitimité formelle et pouvoir réel en Libye, où les milices continuent de dicter la réalité sécuritaire.

6. Scénarios possibles et évolutions futures

Plusieurs scénarios sont envisageables dans le contexte actuel de tension :

Scénario 1 : Affrontement armé
Toute erreur de calcul ou provocation pourrait déclencher des combats à grande échelle entre forces mobilisées et groupes tripolitains, avec :

  • Pertes civiles et nouveaux déplacements
  • Destruction d’infrastructures déjà fragiles
  • Effondrement du cessez-le-feu actuel
  • Replongée de la capitale dans le chaos

Scénario 2 : Négociations sous pression
Les forces mobilisées pourraient utiliser leur présence militaire comme levier pour :

  • Renégocier la direction de la LPTIC
  • Redistribuer les positions sécuritaires
  • Obtenir des comptes pour l’attaque

Conséquences :

  • Tensions persistantes
  • Perturbations économiques
  • Risque permanent de basculement vers le scénario 1

Scénario 3 : Désescalade temporaire
Une médiation réussie pourrait conduire à :

  • Retrait des forces
  • Retour au calme à court terme
  • Mais sans résolution des causes profondes

Impacts structurels :
Quel que soit le scénario, les conséquences seront profondes :

  1. Politique: Complexification des efforts de réconciliation et d’élections
  2. Gouvernance: Affaiblissement accru des institutions officielles
  3. Économie: Détérioration continue et dépendance aux ressources de court terme
  4. Sécurité régionale: Risque d’implications accrues des acteurs régionaux

En conclusion, même si une confrontation immédiate est évitée, la répétition des crises restera probable sans traitement des racines du conflit. La redistribution temporaire des influences à Tripoli n’apportera pas la stabilité durable nécessaire.

[1] https://www.lptic.ly/

[2] Les événements s’accélèrent au moment où cet article est écrit. De violents combats font rage, avec des nouvelles faisant état de la mort d’Abdul Ghani Al-Kikli, commandant des forces de soutien, et des affrontements intenses dont nous reviendrons en détail ainsi que de leurs conséquences dans un prochain article.

[3] Des sources sur le terrain évoquent le déplacement d’un important convoi en provenance de Benghazi, qui aurait été repéré en route vers Syrte, sans aucun commentaire officiel des forces du maréchal Khalifa Haftar.

[4] Communiqué des forces civiles et populaires du quartier de Souk El Jumaa – 13 mai 2025